L'assistance technique aux pays en voie de développement constitue sans nul doute l'un des éléments les plus actifs de la politique de solidarité. La Suisse jouit dans ce domaine d'un capital moral précieux, grâce à son abstention du mouvement colonial et à sa neutralité. Pour des raisons politiques, à cause de l'écart croissant entre pays industrialisés et pays peu développés notamment, elle ne peut pas se soustraire à cette tâche; elle y trouve aussi le moyen de faire valoir activement son crédit à l'étranger, ce qui est nécessaire au renforcement de sa position internationale. Pilier de la politique étrangère active, l'assistance technique s'est exercée: par la participation aux programmes multilatéraux de développement, soit sous forme de contribution générale, soit au moyen d'affectations précises à des projets mis au point par les organisations (programme des Nations Unies pour le développement, UNESCO, UNRWA, etc.); par l'envoi d'experts et par l'octroi de bourses dans un cadre multilatéral; par le soutien d'entreprises mises sur pied par des institutions suisses d'intérêt public; par l'exécution de programmes propres à la Confédération enfin. L'aide publique consacrée au développement s'élevait à la fin de 1966 à quelque 140 millions depuis 1961. Le crédit cadre de 90 millions adopté le 10 décembre 1964 par les Chambres venant à échéance le ler juillet 1967, le Conseil fédéral a demandé par un message du 27 décembre 1966 un nouveau crédit cadre de 100 millions pour 30 mois. La part de l'Etat à l'aide au développement est demeurée très faible jusqu'ici, les plus grands efforts étant faits par des cercles privés et en premier lieu par les investissements industriels et commerciaux. De 1963 à 1965, la moyenne de cette aide a atteint 0,85 % du revenu national; il semble que pour arriver à l'objectif prévu par les résolutions des organisations internationales, soit 1 %, l'aide de l'Etat doive s'accroître encore considérablement. Et on sera loin encore des 3 % de la proposition Biéler, discutée au cours de l'année par la Fédération des Eglises protestantes et par la Conférence « Eglise et Société » du Conseil oecuménique des Eglises
[39]. Dans les discussions en Suisse, comme au sein d'institutions telles que le GATT, l'ECOSOC, l'UNCTAD ou l'OCDE, les autorités fédérales ont mis l'accent sur la nécessité de concentrer les efforts sur certains pays, sur la formation des cadres indigènes dans leur milieu. Si le commerce a été reconnu comme un facteur essentiel de développement, les accords de stabilisation sur les prix des matières premières exportées par les pays tropicaux n'ont pas pu se faire. A cet égard, la proposition du Conseiller fédéral Schaffner à l'OCDE a mérité l'attention par son réalisme: la priorité doit être donnée à la production de denrées alimentaires et à une industrie fondée sur le développement de l'agriculture et sur l'exploitation des matières premières disponibles; la coopération régionale, l'intégration des pays sous-développés est souhaitable
[40]. Si des accords particuliers ont pu être conclus avec l'Inde et le Dahomey notamment, des efforts généraux ont été entrepris afin d'assurer aux capitaux investis dans les pays en question la garantie de la Confédération; un projet est en préparation. Le service des volontaires du développement a connu un essor sensible; à la fin de l'année, soixante-dix volontaires étaient engagés au Népal, au Ruanda, au Cameroun, au Dahomey. Ces pays ont constitué, avec l'Inde, le Pakistan, la Tunisie et le Pérou, les centres de gravité de l'assistance technique suisse.
Sur le plan très voisin de l'aide humanitaire, de plus en plus dirigée vers les pays en voie de développement, un nouveau crédit de 43 millions a été décidé par les Chambres pour les années 1967, 1968 et 1969. Il est destiné à contribuer aux oeuvres des organisations d'entraide internationales
[41].
[39] Cf. FF, 1967, I, p. 9 ss. Sur la proposition Biéler, cf. PS, 173, 29.7.66; 175, 2.8.66; GdL, 162, 14.7.66; 171, 25.7.66; TdG, 172, 26.7.66.
[41] Cf. Message du CF in FF, 1966, II, p. 1 ss.; FF, 1966, II, p. 1009.