Le service civil et la
question des objecteurs de conscience ont fait beaucoup parler d'eux en 1966. Quatre-vingt-dix-neuf cas d'objection ont été déférés à la justice militaire, dont 24 récidivistes; 61 d'entre eux étaient témoins de Jéhovah, 25 chrétiens d'autres dénominations et 13 objecteurs pour des raisons morales ou humanitaires. Plus de cas encore ont été tranchés au recrutement par l'incorporation dans les troupes sanitaires ou, ce qui ne semble pas reposer sur une base légale très solide, par l'exemption pour raisons de santé. La Commission du Conseil national chargée de l'examen de l'initiative Borel (soc., GE) a demandé un 'avis de droit au professeur M. Bridel sur la possibilité de créer un service civil pour les objecteurs sans modifier la Constitution
[29]. Mais, quelles que puissent être les difficultés juridiques, des progrès ont été accomplis dans le traitement des objecteurs condamnés: dans le canton de Neuchâtel, puis à Genève, on a admis que les détenus puissent subir leur peine en travaillant dans un hôpital; cette manière de procéder a été approuvée par les autorités fédérales
[30]. Les incidents de Witzwil et d'Anet, en été, ont eu un retentissement assez considérable, la presse ayant monté en épingle des événements où l'intolérance a été supérieure aux objectifs en cause
[31]. Parmi les prises de !position en faveur du service civil, il faut signaler, après celles, plus anciennes, de la Fédération des Eglises réformées et des Jeunesses socialistes, celle des aumôniers militaires
[32].
[29] TdG, 111, 13.5.66; 112, 14.5.66; GdL, 112, 14.5.66.
[30] NZ, 342, 27.7.66; Tw, 174, 27.7.66; NZZ, 3224, 27.7.66; TdG, 173, 27.7.66.
[31] TdG, 155, 6.7.66. Les manifestations ont été le fait de groupes d'objecteurs appuyés par des groupements antimilitaristes. Elles se sont heurtées à de fortes résistances dans la population locale.
[32] TdG, 121, 26.5.66; NZZ, 2323, 26.5.66.