Année politique Suisse 1967 : Grundlagen der Staatsordnung / Wahlen / Elections fédérales
Le nombre des candidats n'a pas eu tendance à décroître. 10 des 200 sièges du Conseil national n'ont pas été disputés, soit parce que des élections tacites eurent lieu (Schwyz, Glaris et Appenzell Rhodes extérieures), soit parce qu'aucune opposition ne s'est manifestée (dans les cantons d'Uri, Obwald et Appenzell Rhodes intérieures, qui n'élisent qu'un député). 1251 candidats au total se présentèrent pour les 190 sièges restants (1194 pour 192 sièges en 1963). 112 listes furent déposées en tout (107 en 1963), dont certaines couvrant, dans le canton de Berne particulièrement, une partie seulement du territoire cantonal. Le nombre de candidats cumulés sur les listes est resté bas et s'élevait à 16, comme en 1963, alors qu'auparavant il était plus considérable (1943: 63; 1947: 31; 1951:25; 1955: 23)
[5].
La mise au point des listes de candidats constitue fréquemment une épreuve sérieuse pour l'unité des partis. Il faut satisfaire souvent, à l'intérieur du même parti, des tendances qui non seulement sont très différentes, mais qui peuvent aussi être contradictoires. Les droits acquis des conseillers sortants sont l'objet parfois d'attaques de la part de militants plus jeunes, successeurs en puissance. Ou bien, le parti doit accommoder «Geld und Geist », les influences économiques et les personnalités populaires. En effet, tous les partis ont besoin d'une part de candidats qui, grâce aux, organisations économiques riches en membres et en moyens qu'ils représentent, apportent des fonds et des électeurs sûrs, et d'autre part de candidats dont la popularité générale attire aux urnes les électeurs non organisés et indécis. Certains des conflits survenus au sein des partis en 1967 à ce sujet sont assez caractéristiques pour qu'on les signale ici.
Le problème de la limite d'âge a joué en Valais un rôle important. Le socialiste Dellberg et le radical Germanier se virent refuser une nouvelle investiture par leurs partis respectifs
[6]. L'octogénaire Dellberg présenta sa propre liste, fut exclu du parti, mais remporta la victoire aux urnes. De même, il faut noter la tentative que firent certains partis de porter en liste des «locomotives» reconnues, bien qu'on ne puisse déterminer la mesure dans laquelle les stratèges du parti ont escompté moins leur élection que l'accroissement général des suffrages portés sur la liste. Ainsi, les Indépendants argoviens portèrent l'artiste de cabaret Rasser, et les radicaux bernois O. Fischer, directeur de l'Union suisse des arts et métiers, et le sportif Karl Glatthard sur leur liste. Ces tentatives peuvent échouer, témoin le fiasco subi par le Parti socialiste zurichois avec la candidature hors-parti, au Conseil des Etats, de Rolf Bigler, alors rédacteur en chef de la « Weltwoche ». Après avoir accepté, sous réserves il est vrai, une candidature, Bigler la retira pour des raisons mal éclaircies, mais qui ont dû dépendre de son contrat avec les éditeurs de la «Weltwoche»
[7]. Parmi les expériences réussies, il faut signaler celle des radicaux zurichois, qui ont déterminé l'ordre de présentation de leurs candidats sur la liste, outre les critères d'une représentation professionnelle et régionale aussi variée que possible, par une enquête auprès des électeurs, donc par une espèce de test de popularité
[8].
Il peut arriver aussi, à l'opposé, qu'un candidat exerce des pressions sur son parti pour être porté en liste, pour des raisons purement personnelles, ou encore cherche à forcer son élection en finançant sa propre campagne avec des moyens privés. Ainsi, le radical genevois Eichenberger fit distribuer un tract, qu'il avait fait camoufler en page rédactionnelle d'un journal illustré, et dans lequel, alors qu'il se faisait louer, ses colistiers sortants étaient attaqués et ridiculisés. Son parti l'exclut aussitôt, mais trop tard pour supprimer son nom de la liste, qui avait déjà été déposée
[9]. Le fait que certains candidats se soient livrés à la corruption, formellement, donne à réfléchir. On avait déjà constaté et trouvé scandaleux, lors de précédentes élections, que des candidats à l'ambition voyante aient contribué largement de leur poche à leur propagande personnelle
[10]. En 1967, par exemple, un candidat bernois dont la réélection ne paraissait pas sûre, gratifia un grand club sportif d'une nouvelle tenue, peu avant les élections
[11].
[5] Voir plus haut, note 113.
[6] Dans les deux cas, si l'âge a joué un rôle, on ne doit pas négliger d'autres facteurs de rivalité, cf. NZ, 462, 6.10.67.
[7] Cf. NZ, 461, 468, 472, 6.10.-12.10.67; 596, 24.12.67; NZZ, 4229, 9.10.67; Weltwoche, 1770, 17.10.67; Tat, 235, 6.10.67; Bund, 334, 21.12.67.
[8] Cf. NZZ, 3707, 8.9.67; 3992, 25.9.67. — Signalons encore la manifestation réjouissante et courageuse faite par le conseiller national Andreas C. Brunner, de Zoug, au moyen de ses Gespräche mit den Wählern, tenues au cours de la campagne dans 11 endroits différents du canton et publiées aprés coup (Zug 1967).
[9] Cf. Weltwoche, 1770, 17.10.67; TdG, 251, 26.10.67; 252, 27.10.67; JdG, 251, 27.10.67; PS, 251, 31.10.67; NZ, 494, 25.10.67; BN, 439, 17.10.67. Eichenberger n'a pas été élu. "'
[10] Cf. ASSP, 4/1964, p. 139.
[11] Cf. Bund, 272, 10.10.67.
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