Année politique Suisse 1967 : Allgemeine Chronik / Landesverteidigung
 
Défense nationale et société
L'année 1967 a été, dans le domaine de la défense nationale, riche en débats et en aménagements fondamentaux. Les uns et les autres se sont produits cependant dans un climat plus détendu qu'au cours des années précédentes; la dissipation des effets émotionnels de la crise du « Mirage », la présence à la tête du DMF d'un nouveau chef, le conseiller fédéral Celio, qui a su faire valoir la primauté de la volonté politique, en sont sans doute parmi les causes. La critique a été moins hargneuse, sans être pour autant désarmée. Les principaux objets politiques en discussion ont été la défense totale, la réorganisation du DMF et le traitement des objecteurs de conscience.
Chargé en décembre 1964 de préparer un rapport sur les implications institutionnelles de la défense nationale totale, le commandant de corps Annasohn a remis ce travail à la fin de 1966. Ses conclusions n'ont pas tendu à bouleverser les structures existantes. II est parti du point de vue que la direction de la défense totale appartient au Conseil fédéral dans son ensemble, et qu'on ne pouvait pas, pour des raisons politiques, créer un département nouveau de la défense nationale, la plupart des services de l'administration ayant des tâches liées à la défense totale. Le rapport a préconisé la nomination d'un délégué à la défense totale, qui dirigerait, à l'aide d'un état-major de recherches et d'un secrétariat, un comité interdépartemental de coordination [1]. Le Conseil fédéral, saisi de ce rapport, a décidé de préparer une loi sur la direction de la défense totale, dont les grands traits, connus à la fin de l'année, ne diffèrent pas essentiellement du rapport Annasohn, sinon par le maintien du Conseil de défense nationale actuel. M. Celio s'est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet en apportant des précisions importantes sur les divers aspects, non militaires, de la défense: accent plus net sur la protection civile, sur la défense psychologique, sur le maintien des structures locales de gouvernement [2]. La préparation à la guerre ne devrait cependant pas écarter les préoccupations exprimées au sujet du mantien actuel de l'indépendance nationale, dans les conflits économiques et technologiques croissants où elle est mise en cause [3].
 
[1] Cf. NZZ, 1669, 16.4.67; TdL, 108, 18.4.67; JdG, 89, 18.4.67; NZ, 175, 18.4.67; Weltwoche, 1746, 28.4.67.
[2] Cf. GdL, 248, 24.10.67; NZZ, 4492, 24.10.67; Bund, 284, 24.10.67; NZZ, 5126, 29.11.67. — Sur le même problème, voir encore l'article du commandant de corps Ernst in Weltwoche, 1748, 12.5:67, le recueil offert sous le titre Nichtmilitärische Landesverteidigung au commandant de corps Uhlmann (Huber, Frauenfeld, 1967) et NZZ, 3317, 9.8.67.
[3] Voir à cet égard les déclarations du professeur Morf in NZZ, 243, 19.1.67; GdL, 12, 16.1.67 et 13, 17.I.67.