Année politique Suisse 1967 : Wirtschaft / Allgemeine Wirtschaftspolitik
Situation conjoncturelle
La conjoncture économique proprement dite, dans ce contexte électoral, n'a pas été non plus propice aux décisions d'envergure. Le plein emploi s'est maintenu, la productivité a encore un peu augmenté, alors que les pays environnants connaissaient une reprise du chômage et, dans le cas de l'Allemagne fédérale, une faible récession. Il ne s'est agi d'intervenir ni contre la surchauffe, disparue, ni contre des menaces de crise caractérisées. L'expansion s'est ralentie encore, au point que l'on a pu considérer 1967 comme l'achèvement du cycle économique ayant débuté en 1958
[2], mais sans constater de signes précurseurs de crise, du moins si l'on considère l'activité économique globale. Dans des secteurs isolés, en effet, la capa. ité de production n'a pas été utilisée à plein, entraînant des baisses sensibles; ces baisses n'ont pourtant pas provoqué de chômage, en raison de la tension du marché de l'emploi et de la masse de manoeuvre que représentent les ouvriers étrangers
[3]. D'autres secteurs ont subi aussi une baisse sensible du taux d'expansion, mais ont réussi quand même à augmenter leur production
[4]. La construction a continué de stagner à un niveau inférieur à sa capacité. La propension de l'industrie à investir est restée faible. Si la demande intérieure de biens de consommation a été encore forte, la demande extérieure a subi les effets des ralentissements constatés à l'étranger, et de l'incertitude causée par l'évolution du commerce international et des monnaies de réserves. Ces facteurs, joints à la tension du marché du travail, ont contribué à la baisse du taux de croissance du produit national brut (PNB) qui, en atteignant le montant de 68 milliards environ, n'a augmenté nominalement que de 5,8 %, contre 7,5 % en 1966 et 7,8 % en 1965. L'accroissement réel du PNB devrait se placer à 1,6 % pour 1967, soit au taux le plus bas depuis 1958 (2,8 % en 1966, 4,2 % en 1965)
[5]. L'accroissement réel du revenu national par personne occupée devrait avoir atteint un peu plus de 2 %, ce qui s'explique entre autres par la légère baisse du taux d'emploi; mais, là encore, la comparaison avec les années précédentes est défavorable: 3,7 % en 1966, 5,5 % en 1965
[6].
Ce ralentissement n'a pas empêché la poursuite de l'
inflation. L'indice des prix à la consommation a accusé une hausse, en moyenne mensuelle, de 4 % (4,7 % en 1966, 3,4 % en 1965)
[7]. Cet indice, qui ne représente pas le taux d'inflation proprement dit, est néanmoins suffisamment parlant. La baisse du pouvoir d'achat a été entraînée, en ce qui concerne les facteurs internes, par la croissance d'une demande mal contenue, dans le secteur privé, pour les produits de consommation; les pouvoirs publics, pour lesquels les besoins d'investissements sont de plus en plus considérables, y ont aussi contribué par leur politique déficitaire; de même, la pression que les salaires ont exercée a été supérieure à l'accroissement de la productivité, ce qui a eu des effets certains sur les coûts de production et les prix. La politique du « mieux-être » semble avoir dans ce domaine suivi son cours sans retenue, contredisant les efforts tentés pour stabiliser les coûts. Il est vrai que la plupart des contrats collectifs contiennent une clause d'indexation, et que le principe de la parité des revenus agricoles avec les revenus d'ouvriers est ancré dans la loi. Il est aussi vrai que les ajustements intervenus ont permis de rattraper des retards et n'ont pas anticipé sur le renchérissement. En 1967 cependant, les facteurs extérieurs au pays ont joué aussi un rôle déterminant, dans la mesure où le renchérissement étranger, les incertitudes créées par le déficit des balances des paiements des pays à monnaie de réserve ont influencé les échanges de la Suisse ou introduit des éléments malsains dans l'expansion.
[2] Cf. EDWIN STOPPER, « Wirtschaftspolitische Lehren aus dem letzten Konjunkturzyklus », in Im Spannungsfeld der Politik, Festgabe Dr. Martin Rosenberg, Luzern, 1968, S. 63. — Voir aussi Bulletin d'information du délégué aux questions conjoncturelles, 23/1967, p. 43.
[3] Le recul le plus fort frappe les branches liées à la construction: l'industrie du bois a reculé de 8 % (—4 % en 1966), celle de la pierre et de la terre de 5 % (+3 %). La métallurgie est en baisse de 3 % (—1 %), le cuir, le caoutchouc et les matières plastiques de 3 % (+ 3 %), les textiles de 2 % (—3 %). Cf. La Vie économique, 41/1968, p. 135 s. (Résultats provisoires).
[4] C'est le cas notamment des chimiques (+3 % contre +14 % en 1966) et de l'horlogerie (+4 % contre + 14 %). Cf. ibid.
[5] Cf. La Vie économique, 41/1968, p. 49 et 92. Voir aussi La situation économique en 1967..., 186e rapport de la Commission de recherches économiques, supplément à La Vie économique, 40/1967, décembre. Il s'agit d'estimations provisoires encore, les comptes nationaux n'étant publiés que plus tard dans l'année.
[7] La situation économique, 4e trimestre de 1967, 187e rapport de la Commission de recherches économiques, supplément à La Vie économique, 41/1968, février. — Voir aussi Bulletin d'information du délégué aux questions conjoncturelles, 23/1967, p. 60.
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