Année politique Suisse 1969 : Infrastruktur und Lebensraum / Energie
Politique énergétique
La Suisse a assuré son
approvisionnement en énergie pour la prochaine décennie. C'est du moins ce qui ressort d'une étude du Comité national suisse de la Conférence mondiale de l'énergie. Elle a montré que la part des produits pétroliers à l'offre totale d'énergie atteindra son maximum peu après 1970, que la part des combustibles fissibles s'accroîtra très rapidement, qu'elle constituera en 1980 11 % environ de cette offre et que le gaz naturel prendra une importance considérable, tandis que la consommation du charbon diminuera. Le directeur de l'Office fédéral de l'économie énergétique a fait observer que ce rapport, issu des milieux économiques, ne correspondait pas pleinement, dans ses considérations finales, aux vues des instances officielles de l'Etat et que des interventions en faveur du développement des facteurs d'énergie et de la diversification de l'approvisionnement ne susciteraient pas d'opposition de la part de l'Administration fédérale
[1].
Dans le domaine de l'électricité, l'année 1969, au cours de laquelle trois importantes sociétés électriques ont fêté leurs jubilés, a été surtout marquée par la mise en exploitation de la première centrale nucléaire, celle de Beznau
[2]. Ce fait, joint à une baisse des exportations de courant électrique, a compensé la diminution de production des usines hydrauliques (—4,3 %), de sorte que le volume de courant disponible a été suffisant, malgré une augmentation de la consommation (+5,2 %) durant l'année hydraulique (1.10.1968-30.9.1969)
[3]. Pour développer encore les échanges d'énergie sur le double plan national et international, de nouvelles lignes à haute tension sont entrées en service. Il est prévu que Laufenburg devienne un point névralgique du nouveau réseau européen à 380 kV
[4]. C'est en vain que les communes et les milieux de la protection de la nature se sont opposés au Grand Conseil argovien à propos de l'installation par la NOK (Nordostschweizerische Kraftwerke), d'une ligne à haute tension sur le Heitersberg. Les tentatives de conciliation ayant échoué, c'est le Conseil fédéral qui décidera par le truchement de la procédure de recours. Le Conseil d'Etat argovien a assuré les adversaires du projet que le Conseil fédéral serait informé objectivement de l'affaire
[5].
L'installation de ces nouvelles lignes paraissent expliquer pourquoi la stabilité du prix du courant commence à vaciller. A plusieurs reprises, les producteurs d'électricité en ont laissé prévoir une augmentation pour le consommateur malgré la baisse du prix de revient du courant d'origine atomique. Ils ont ajouté que, si l'énergie produite par les grandes centrales nucléaires revenait meilleur marché, elle devrait être en partie exportée à des prix inférieurs, que des emprunts opérés à des conditions favorables devraient être convertis, que des installations de commande à longue portée, d'un coin élevé, devraient remplacer un personnel de plus en plus difficile à recruter et que les frais de distribution d'énergie augmenteraient
[6]. Le premier, le groupe NOK a annoncé une élévation de prix de 11 % à partir du lei octobre 1970. Les autres sociétés importantes devraient suivre
[7]. En Suisse occidentale cependant, à la suite du mécontentement qui s'est manifesté dans les villes de Genève, Lausanne et Neuchâtel, seules les régions de Fribourg et du Valais devraient être touchées par des augmentations de tarif
[8].
[1] NZ, 532, 19.11.69; NZZ, 686, 20.11.69; autres critiques sur la conclusion de l'étude, cf. Lb, 271, 20.11.69.
[2] Les sociétés Aare-Tessin AG für Elektrizität (ATEL) et Centralschweizerische Kraftwerke (CKW) ont 75 ans, l'Energie de l'Ouest-Suisse (EOS) 50 ans. Cf. NZZ, 652, 31.10.69 (ATEL); Bund, 122, 29.5.69 (CKW); GdL, 60, 13.3.69; 62, 15./16.3.69 (EOS); NZZ, 436, 18.7.69 (Beznau).
[3] NZZ, 694, 25.11.69. Accroissement de consommation: 1965/66 = 2,4 %; 1966/67 = 3,9 %; 1967/68 = 3,8 %. Cf. APS, 1967, p. 77 et 1968, p. 80.
[4] Ligne à 380 kV de Laufenburg en France par le Jura bernois, cf. NZZ, 68, 31.1.69; 233, 17.4.69; Basse-Engadine-Sils, cf. NBüZ, 273, 3.10.69; Peccia-Innertkirchen, cf. NZZ, 652, 31.10.69.
[5] NZZ, 139, 4.3.69; 365, 18.6.69; TdG, 65, 18.3.69; Lb, 133, 12.6.69; Tat, 206, 2.9.69.
[6] NZZ, 193, 27.3.69 (Assemblée générale de l'Union suisse des consommateurs d'énergie); NZZ, 272, 6.5.69; 521, 26.8.69; GdL, 140, 19.6.69; PS, 190, 22.8.69; NZZ, 549, 8.9.69 (rapport de l'Assemblée générale de l'Union des centrales suisses d'électricité); Ostschw., 193, 21.8.69.
[7] NZZ, 509, 20.8.69; 513, 22.8.69; 660, 5.11.69.
[8] A Genève, contrairement à la décision du Conseil municipal, le Conseil d'Etat a adopté le budget dans lequel était prévue l'augmentation du tarif. Cf. VO, 23, 29.1.69; 26, 1.2.69; 29, 5.2.69; TLM, 14, 14.1.69; 181, 20.6.69 (concerne Lausanne); 281, 8.10.69 (concerne Neuchâtel); GdL, 195, 22.8.69; TLM, 276, 3.10.69 (concerne Fribourg).
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