Année politique Suisse 1969 : Infrastruktur und Lebensraum / Verkehr und Kommunikation
Politique des transports
C'est d'une
conception globale, encore à définir, des transports et communications que de larges milieux espèrent la solution de la plupart des problèmes qui se posent à la Suisse en ce domaine. L'élaboration d'une telle conception ayant été considérée comme prioritaire dans les « grandes lignes » du Conseil fédéral en 1968, les groupements économiques directement intéressés ont affirmé leur accord de principe à une telle orientation
[1]. A propos des principes sur lesquels elle devrait reposer, les opinions ont toutefois divergé. Les associations routières prennent comme point de départ de leur politique ceux qu'ont développés les autorités de la CEE et qu'a adoptés la Conférence européenne des ministres des transports: égalité de traitement des moyens de transport par l'Etat, viabilité financière des moyens de transport, liberté de choix pour les usagers des moyens de transport et coordination appropriée des investissements dans les transports. Les associations routières rejettent en particulier tout empiètement dans le jeu libre du marché et une imposition fiscale de l'auto qui serait destinée à la coordination du trafic. Selon elles, le compte routier, qui est à considérer comme la base de l'imposition fiscale de l'auto, doit être complété par un compte ferroviaire reposant sur des principes analogues
[2]. A ces conceptions, les représentants des moyens de transports publics objectent que le principe du libre jeu n'est pas applicable partout et inconditionnellement. A côté des facteurs économiques, disent-ils, on doit prendre encore en considération les facteurs politiques, sociaux et culturels. En outre, ils réclament une indemnisation pour les prestations qu'ils remplissent en faveur de l'économie générale; ils demandent aussi pour tous les modes de transports, des prescriptions plus rigoureuses en ce qui concerne le droit du travail ainsi que des compléments pour le compte routier, en particulier un compte par catégorie et un autre pour les agglomérations
[3]. A plusieurs reprises, le conseiller fédéral Bonvin et de hauts fonctionnaires de l'Office fédéral des transports et communications, ont promis de fonder une conception globale sur de telles bases complémentaires, à savoir un compte ferroviaire et un compte par catégorie, mais aussi de lancer des enquêtes sur les conditions d'exploitation et de travail dans les entreprises de transports publics et privés. Le but, ont-ils déclaré, est que chaque moyen de communications assume ses propres frais
[4]. Comme instrument de travail, le Prof. H. R. Meyer, délégué aux questions économiques, a proposé la création d'une commission interdépartementale qui, par la suite, pourrait être érigée en un Conseil des transports et communications
[5].
Dans leurs exposés, les représentants des autorités fédérales ont également présenté le deuxième grand problème des transports: l'embouteillage dans les agglomérations. Ils ont été de l'avis que le simple jeu des forces économiques pouvait difficilement fournir une solution viable et ils ont annoncé que l'administration fédérale préparait les bases juridiques en vue d'une aide fédérale aux grandes agglomérations
[6]. De leur côté, les spécialistes de la planification du trafic ont formulé diverses suggestions sur les mesures propres à dégorger le centre des villes: augmentation des taxes de parc selon les lois du marché
[7] ou interdiction du trafic privé au centre, ou encore d'autres solutions à caractère plutôt utopique, telle des chaussées roulantes pour les piétons
[8]. A Bâle, à la suite d'une augmentation considérée comme excessive des taxes de tram, les étudiants progressistes soutenus par le Parti du Travail ont demandé, par diverses démonstrations et sit-in sur les voies de tram, la création d'un moyen de transport public gratuit. Plus de 7000 citoyens les ont appuyés en signant une initiative pour le tram gratuit. Les promoteurs espèrent par là une diminution du trafic automobile privé au profit des transports publics, qui utilisent moins de place pour circuler. Quant aux adversaires, ils avancent des arguments d'ordre économique, entre autre le principe de la viabilité financière, et élèvent des doutes sur la possibilité technique d'augmenter encore le chargement des moyens de transports publics
[9].
[1] Vat., 118, 23.5.69; NZZ, 265, 2.5.69; 326, 2.6.69; 370, 20.6.69; 373, 22.6.69; 435, 18.7.69; 600, 1.10.69; 615, 10.10.69; 653, 1.11.69. Cf. APS, 1968, p. 85 et C. KASPAR, «Die Bedeutung einer schweizerischen Gesamtverkehrskonzeption », in Politische Rundschau, 48/1969, p. 1 ss.
[2] Ont pris position dans ce sens: l'assemblée des délégués du TCS (NZZ, 326, 2.6.69); la Fédération routière suisse (Rapport annuel, 1968, p. 37 ss.; cf. aussi NZZ, 370, 20.6.69; Tat, 144, 21.6.69; GdL, 165, 18.7.69); la Fédération suisse de l'industrie des transports automobiles (NZZ, 266, 2.5.69); Schweiz. Transportgewerbeverband (NZZ, 600, 11.11.69; Schweizerische Gewerbe-Zeitung, 29, 18.7.69; 20./21, 16.5.69).
[3] Cf. Ligue suisse pour l'organisation rationnelle du trafic (LITRA), rapport annuel 1968/69, p. 42 ss.; NZZ, 564, 14.9.69; Bund, 226, 28.9.69. Autres opinions contre une solution purement économique: Tw, 113, 17./18.5.69; 159, 11.7.69; Ostschw., 107, 8.5.69.
[4] NZZ, 594, 28.9.69; 596, 29.9.69; 283, 9.5.69; Tat, 231, 2.10.69; Tw, 229, 1.10.69; TA W, 42, 21.10.69.
[5] Bund, 242, 16.10.69; GdL, 240. 15.10.69.
[6] Sur les exposés des représentants de la Confédération, cf. note 39 et Vat., 276, 28.11.69. Le CN a adopté deux postulats en faveur d'une aide fédérale à la solution des problèmes du trafic urbain: Welter (soc., ZH) a mis l'accent sur les transports publics (NZZ, 331, 3.6.69), Chevallaz (rad., VD) sur le trafic routier (Bund, 126, 5.6.69).
[7] HANS HOLENSTEIN, Das Parkierungsproblem in ökonomischer Sicht, Zürich, 1969.
[8] JdG, 17, 22.1.69; 18, 23.1.69; 20, 25./26.1.69; Bund, 8, 12.1.69.
[9] NZ, 257, 10.6.69; 278, 22.6.69; 283, 25.6.69; 313, 12.7.69; 326, 20.7.69; 589, 22.12.69; BN, 239, 13.6.69; 274, 5./6.7.69; 359, 30./31.8.69; TdG, 176, 30.6.69; cf. supra, p. 17.
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