Année politique Suisse 1970 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik / Missions traditionnelles
Lancé en 1969 sur l'initiative des pays de l'Est, le projet de la Conférence européenne de sécurité n'a pas manqué de susciter d'emblée une certaine réserve en Suisse et à l'étranger. N'a-t-on pas craint par exemple, au sein du Marché commun, une tentative d'enrayer le processus d'intégration européenne? Les appréhensions semblent cependant s'être dissipées peu à peu, spécialement depuis que l'Organisation du traité de l'Atlantique-Nord (OTAN) s'est déclarée favorable à la conférence
[116]. La position de la Suisse, extrêmement prudente au début, est devenue plus positive. Le principe du droit des gens dont il est convenu de partir en l'occurrence est celui de renonciation à la force. Alors qu'au début de l'année, M. Graber disait ne pas voir sa signification pleine et entière, il la reconnaissait en décembre à condition de l'assortir d'une clause d'arbitrage
[117]. Les entretiens qui ont eu lieu à Berne tout au long de l'année avec des représentants de la Finlande, de la Bulgarie, du Luxembourg, de la France et de l'Italie ont sans doute contribué à cette évolution. Ils ont par-là même animé notre politique étrangère et placé notre pays à l'avant-scène de la conférence
[118].
Augmenter l'aide alimentaire suisse au monde de la faim, promouvoir sur le plan international la protection des détenus politiques et la constitution d'un état-major permanent pour intervenir en cas de catastrophe naturelle, ces trois suggestions lancées en 1970 montrent l'intérêt que notre pays témoigne à sa mission humanitaire
[119]. Une autre initiative, datant de 1967, préoccupe cependant à titre prioritaire les autorités: celle d'une centrale fédérale pour les secours d'urgence en Suisse et à l'étranger
[120]. La dénomination n'en est pas encore fixée, mais l'utilité d'un tel organisme est apparue à nouveau par les catastrophes de Roumanie (inondations), du Pakistan (raz de marée), de Turquie et du Pérou (tremblements de terre)
[121]. La lenteur de l'institution à voir le jour s'explique par la difficulté à délimiter les compétences entre la Confédération et la Croix-Rouge suisse, en d'autres mots par le souci d'éviter l'étatisation de l'activité humanitaire
[122]. Un problème semblable se retrouve au niveau des relations entre le Conseil fédéral et le CICR. La mission diplomatique que le gouvernement a confiée à l'organisation genevoise pour négocier la libération des otages de Zerka a soulevé des critiques
[123]. Les réserves formulées à l'endroit du Comité en 1969
[124] se sont ainsi poursuivies en 1970. Des causes sont cherchées à certains constats de carence et on croit les trouver dans son système de cooptation, dans sa composition exclusivement suisse et dans son juridisme étroit qui l'enfermerait dans un carcan et paralyserait son action déjà limitée par une pénurie de personnel
[125]. Si des réformes de structure s'imposent, elles n'enlèvent cependant rien à la raison d'être de l'institution qui non seulement garde des défenseurs convaincus
[126], mais n'a rien perdu en fait de son dynamisme. Preuves en soient d'une part son intense activité juridique dans le cadre d'une conférence internationale sur le droit humanitaire qui se tiendrait dans les prochaines années et à laquelle une quarantaine de gouvernements ont déjà été invités, d'autre part l'importante action de secours qu'il a déployée durant la guerre civile de Jordanie en faveur des populations de ce pays
[127].
[116] TdG, 123, 29.5.70. Critique de l'attentisme suisse: VO, 74, 3.4.70; NZ, 504, 2.11.70. Cf. APS, 1969, p. 43 s.
[117] TdG, 138, 16.6.70; GdL, 283, 4.12.70.
[118] Finlande: NZZ, 131, 19.3.70. Bulgarie: NZZ, 136, 23.3.70. Luxembourg: TLM, 169, 18.6.70; NZ, 272, 18.6.70. France: NZZ, 435, 18.9.70. Italie: GdL, 253, 30.10.70.
[119] Aide alimentaire: postulat Locher (PAB, BE) in Délib. Ass. féd., 1970, II, p. 30 s. Adopté par CN: NZZ, 273, 16.6.70. Détenus politiques: motion Schmid (ind., ZH) in Délib. Ass. féd., 1970, IV, p. 34. Etat-major international: motion Ziegler (soc., GE) in Délib. Ass. féd., 1970, IV, p. 39.
[120] Il s'agit du projet Furgler (ccs, SG): NZZ, 166, 12.4.70; 504, 29.10.70; TdG, 253, 29.10.70; JdG, 252, 29.10.70; AZ, 251, 29.10.70; Vat., 251, 29.10.70; Lb, 252, 29.10.70; 255, 2.11.70.
[121] GdL, 134, 12.6.70; NZZ, 229, 21.5.70; 234, 25.5.70; 241, 28.5.70.
[122] TLM, 302, 29.10.70; Sonntags-Journal, 45, 7./8.11.70.
[123] NZ, 428, 17.9.70; NZZ, 433, 17.9.70; Bund, 219, 20.9.70.
[124] Cf. APS, 1969, p. 46 et 50.
[125] Bund, 257, 3.11.70; La Suisse, Annuaire national de la NSH, 41/1970, p. 130; TdG, 119, 25.5.70.
[126] MAX PETITPIERRE, «Actualité du Comité international de la Croix-Rouge», ln Schweizer Monatshefte, 50/1970-71, p. 648 ss.
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