Année politique Suisse 1970 : Infrastruktur und Lebensraum / Energie / Produits pétroliers et gaz
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Pétrole
Le pétrole et ses dérivés constituent environ les trois quarts de la consommation actuelle d'énergie en Suisse. C'est dire le rôle primordial qu'ils jouent dans l'infrastructure économique du pays. C'est dire aussi la servitude étrangère à laquelle ce dernier est soumis. Ces conditions rendent souhaitables la poursuite des prospections pétrolières dans le sous-sol national [32]. Or la Swisspetrol Holding S.A., fondée en 1959 avec 60 millions de francs, voit ses capitaux s'épuiser et il n'est pas question de renouveler sa mise de fonds. Trois solutions se présentent: suspension des prospections, prise en main par les pouvoirs publics, appel aux capitaux étrangers. L'Office fédéral de l'économie énergétique a laissé entendre que la seconde solution pourrait prévaloir. Un crédit de 16 millions de francs pour trois ans serait demandé aux Chambres, dépense jugée petite à côté des grosses sommes investies — plus d'un milliard jusqu'à ce jour — pour constituer des réserves obligatoires [33]. Quoi qu'il en soit des résultats de la prospection, négatifs jusqu'à présent, positifs peut-être demain, ils ne devraient pas remettre en question l'existence des raffineries et des oléoducs, même si l'opposition des années antérieures a persisté contre eux et que le permis définitif d'exploitation n'a pas encore été accordé à la raffinerie de Cressier. Avantageux, le mode d'approvisionnement par conduites pourrait même être développé et il est question effectivement de construire un oléoduc Lyon-Genève pour produits finis. Le projet découle d'une concession de 1967 et a été soumis aux autorités en 1969; les travaux devraient commencer en 1971 pour se terminer déjà en 1972 [34].
C'est un lieu commun de dire que les produits pétroliers sont des agents actifs de pollution. Mais 1970, année de la nature, a été l'occasion d'une prise de conscience aigu8 du problème. Les autorités ont reconnu les inquiétudes de la population; les milieux pétroliers ont fait de même, tout en affirmant que si l'on avait sous-estimé au début le danger de pollution, on avait tendance aujourd'hui à le surestimer. Il a été dit aussi que les 80 % des « accidents de pétrole » étaient imputables à la négligence humaine et qu'il y avait donc une éducation de l'homme à faire; enfin que la teneur en soufre du mazout avait été fortement réduite ces dernières années et que la teneur en plomb de l'essence pouvait l'être également [35].
 
[32] NZZ, 134, 21.3.70.
[33] GdL, 76, 3.4.70; Bund, 77, 5.4.70; Ostschw., 80, 8.4.70.
[34] Opposition de l'Association des intérêts du lac de Bienne: NZZ, 186, 23.4.70; APS, 1969, p. 95. Oléoduc Lyon–Genève: EFTA-Bulletin, 11/1970, no 7, p. 14 s.; APS, 1967, p. 80 s.
[35] Déclarations de H. Maurer, directeur de l'Union pétrolière suisse (GdL. 187, 13.8.70); conférence de presse de H. R. Siegrist, directeur de l'Office fédéral de l'économie énergétique (Tw, 79, 7.4.70). Cf. infra, p. 125.