Année politique Suisse 1971 : Parteien, Verbände und Interessengruppen / Parteien
 
Système des partis
Mais des plaintes au sujet de la situation peu brillante des partis se firent aussi entendre durant l'année électorale [6]. Un problème au moins put être résolu: les Chambres acceptèrent de financer les secrétariats des groupes parlementaires [7]. Plusieurs cantons et communes réalisèrent des objectifs ou entreprirent des démarches dans ce sens [8]. L'inscription dans la Constitution d'un article sur les formations politiques contribuerait encore mieux à aplanir leurs difficultés. Le conseiller national Schürmann (pdc, SO) avait présenté une motion à ce sujet en mars 1969 [9]. En 1971, le DFJP consulta les partis sur la question de savoir s'il fallait introduire dans la charte fédérale une reconnaissance formelle de leur existence ainsi que la définition de leurs rapports avec l'Etat. Toutes les formations consultées approuvèrent l'introduction d'un tel article [10]. Le PDC souligna à cette occasion le désir des partis d'être entendus, lors des procédures de consultation [11]. De son côté, le PRDS souleva des objections sur le subventionnement des partis [12].
Avant les élections, les partis se manifestèrent aussi sur le plan idéologique. Aucun n'élabora de programme fortement marqué d'options idéologiques, mais presque tous présentèrent des plans d'action immédiate devant servir de plateforme électorale [13]. Une tendance vers le centre se dessina non seulement chez les partis « bourgeois », mais encore dans le Mouvement national d'action républicaine et sociale (MNA) et dans l'Action nationale (AN) [14]. Ces deux derniers tentèrent par exemple, dans le domaine de la politique sociale, de se donner un vernis de « gauche ». Le PSS souligna, de façon plus nette que précédemment, son appartenance à la gauche, comme l'exprima son «Manifeste 71» qui contenait, entre autres, un plaidoyer en faveur d'une caisse de retraite populaire, d'un droit de participation dans le cadre de l'entreprise et hors de celle-ci et d'une politique de paix plus active [15]. Max Frisch, l'écrivain bien connu, introduisait la version allemande de la publication par une préface qui fut fort critiquée dans le public [16]. Le PRDS, le premier parti national à publier son programme, «Objectifs 71 », plaçait son idéal dans la réalisation d'une Suisse plus humaine [17]. L'accent principal portait sur la sauvegarde de l'environnement pour laquelle il présentait des revendications concrètes qui contredisaient plus d'un principe radical traditionnel. Les objectifs de politique sociale entrouvraient aussi des perspectives inaccoutumées; ainsi stipulait-on la gratuité des soins hospitaliers, à l'exception toutefois des frais de pension. Peu après, le PDC publia son « programme d'action 1971 » [18]. Il s'agissait du programme électoral le plus complet et le plus systématique de l'année; il revêtait en outre certains traits assez nettement marqués d'une idéologie de parti: Les points qui attirèrent le plus l'attention furent la dénonciation de la «formule magique» et .le projet de former une coalition fondée sur un programme de gouvernement [19]. Le « programme d'action 1971-1975 » du PAB se signalait par son engagement en faveur d'un système démocratique, du respect du droit et de la loi, ainsi que d'une solide défense nationale [20]. Mais il soulevait d'autres problèmes brûlants que n'abordaient pas tous les partis et concernant la jeunesse et la politique, la politique agraire ou l'information.
Les petits partis ont aussi publié des programmes électoraux. L'Alliance des indépendants se présenta dans son « programme d'action 1971 » comme un parti d'opposition constructive qui, face aux tâches de l'avenir, proposait un « Fortschritt ohne Schaden » [21]. Les libéraux, dans leur « Manifeste libéral », prirent position sur diverses questions d'actualité au nom des deux principes de « la liberté et la sauvegarde de l'homme » [22]. « Au service du prochain » selon les principes de l'Evangile, tel fut le mot d'ordre du parti évangélique, qui s'en prit entre autres à la concentration du pouvoir, spécialement dans le domaine de la propriété foncière [23]. Les républicains en appelèrent aussi à la «vérité chrétienne» dans leurs lignes directrices (« Politische Richtlinien ») déjà publiées fin 1970 et reprises officiellement en mai 1971 [24]. Particulièrement originale apparut leur revendication d'un retour immédiat et inconditionnel à la neutralité permanente et armée. L'emprise étrangère sur la Suisse était aussi combattue, thème également propre à l'Action nationale; cette dernière ne proposa pas de programme électoral particulier, bien qu'elle ait considéré comme tel ses deux initiatives populaires lancées fin mars au sujet de la surpopulation étrangère et du droit de codécision en matière de traités internationaux [25]. Lors de sa conférence nationale, le PdT émit 59 thèses sur la situation sociale en Suisse [26]. S'appuyant sur les principes du « marxisme-léninisme scientifique » et après s'être déclaré solidaire du mouvement communiste mondial, il présentait des postulats concrets qui allaient d'une réforme fiscale jusqu'à l'entrée de la Suisse à l'ONU en passant par la protection des consommateurs.
 
[6] P.ex. Lb, 15, 19.1.71; 48, 26.2.71; BN, 333, 11.8.71; 335, 12.8.71.
[7] Cf. supra, p. 22.
[8] BE: Tw, 94, 24./25.4.71. BL: NZ, 410, 7.9.71; 498 et 499, 29.10.71; 501, 31.10.71; BN, 456, 29.10.71; 458, 30./31.10.71. SH: TA, 190, 17.8.71; NZN, 261, 8.11.71; 280, 30.1 1.71. GE: JdG, 57, 10.3.71; 128, 5.6.71; 203, 1.9.71; TdG, 57; 10.3.71; 192, 19.8.71; VO, 194, 24.8.71; 202, 2.9.71. Laupersdorf (SO): NZN, 24, 30.1.71; NZZ, 376, 15.8.71. Herzogenbuchsee (BE): Bund, 188, 15.8.71. Saint-Ursanne: NZZ (ats), 377, 16.8.71. Belp: Bund, 303, 28.12.71.
[9] Cf. APS, 1969, p. 166 s.
[10] Lb, 145, 26.6.71; Bund, 156, 8.7.71; 175, 30.7.71; NZ, 388, 25.8.71. PAB: NBZ, 194, 21./22.8.71. Indépendants: Der Ring, 12, 23.8.71. Evangéliques: NZZ (ats), 425, 13.9.71.
[11] Lettre multigraphiée du PDC au CF L. von Moos, Willisau/Bern, 30.6.71; Vat., 150, 2.7.71.
[12] Lb, 211, 11.9.71; NZZ, 424, 12.9.71.
[13] Cf. supra, p. 30 et 89 s.
[14] Cf. entre autres TA. 224, 25.9.71; NBZ, 247, 23./24.10.71; Volk+ Heimat, 6/1971, no 6; Der Republikaner, 15, 5.11.71.
[15] Parti socialiste suisse, Manifeste 71. AZ, 106, 8.5.71; Vat., 223, 25.9.71; NZZ, 225, 17:5.71; 469, 8.10.71.
[16] NBZ, 206, 4./5.9.71; Lb, 210, 10:9.71; 242, 18.10.71; NZZ, 495, 24.10.71 (« Belletristischer Klassenkämpfer »).
[17] Parti radical-démocratique suisse, Objectifs 71. Revue politique, 50/1971, p. 61 ff.; NZZ, 29, 19.1.71; 32, 21.1.71; 163, 7.4.71; 438, 21.9.71; NZ, 28, 19.1.71; 37, 25.1.71; AZ, 30, 6.2.71; 202, 31.6.71.
[18] PDC, le centre dynamique, Programme d'action 71. Vat., 26, 2.2.71; 112-114, 15-18.5.71; NZN, 26, 2.2.71; 30, 6.2.71; 113, 17.5.71; NZ, 51, 2.2.71; 221, 17.5.71; 234, 23.5.71; NZZ, 52, 2.2.71; 58, 5.2.71; 225, 17.5.71; Ww, 6, 12.2.71.
[19] Cf. supra, p. 19.
[20] 0 Parti suisse des paysans, artisans et bourgeois, Programme d'action 1971-1975 (multigr.). NBZ, 141, 21.6.71; Vat., 175, 31.7.71; NZZ, 476, 13.10.71.
[21] Zukunft mit Landesring, Aktionsprogramm 1971, Schriftenreihe des Landesrings, no 78. Tat, 90, 19.4.71; Bund, 89, 19.4.71; TdG, 89, 19.4.71; NZZ. 490, 21.10.71.
[22] GdL, 149, 30.6.71; Opinion libérale, n° 130, juillet-août 1971; La Suisse libérale, 31, 8.10.71; NZZ, 484, 18.10.71.
[23] Evangelische Woche, 20, 21.5.71; Vat., 163, 17.7.71.
[24] Cf. APS, 1970, p. 191; Der Republikaner, 6, 29.4.71; NZZ, 220, 13.5.71; 490, 21.10.71.
[25] Cf. le tract intitulé Die Überfremdung, Beromünster; NZZ (upi), 146, 29.6.71; NZZ, 490, 21.10.71; cf. aussi supra, p. 44 et 127.
[26] Que veut le Parti du Travail? Genève (1971). VO, 133, 14.6.71; 144, 26.6.71; GdL, 135, 14.6.71; TLM. 165, 14.6.71; La Brèche, 26./27.7.71; Vat., 193, 21.8.71; NZZ, 490, 21.10.71.