Année politique Suisse 1971 : Parteien, Verbände und Interessengruppen / Verbände und übrige Interessenorganisationen
 
Salariés
Cette même proposition patronale rencontra surtout l'opposition violente des organisations de salariés. L'Union suisse des syndicats autonomes (USSA), située pourtant plus près des entrepreneurs que les autres syndicats, l'a rejetée [17]. Il en a été de même des associations d'employés [18]. Ces derniers, qui craignent un effacement des facteurs qui les distinguent des ouvriers [19], ont refusé de s'associer à l'initiative sur la participation, de même que l'USS [20]. L'USSA avait été sollicitée à ce propos par la Confédération des syndicats chrétiens de la Suisse (CSC). Elle motiva son refus en déclarant que l'initiative ne correspondait pleinement ni à l'avis de ses membres ni aux principes de l'association [21].
Grâce au lancement de l'initiative, l'Union syndicale suisse (USS) et l'Association suisse des syndicats évangéliques (ASSE) se trouvèrent, pour la première fois dans l'histoire du syndicalisme suisse, engagées dans une lutte commune aux côtés de la CSC [22]. Mais les adversaires ne virent dans la démarche qu'un moyen tactique de réactiver les syndicats: une fuite en avant. Il est vrai que la plupart des syndicats ont pu enregistrer un certain nombre de nouvelles adhésions au cours de l'année 1970, mais en fait leur rôle dans la société industrielle moderne est encore controversé; ce qu'ils reconnaissent eux-mêmes [23]. Une enquête menée par la télévision suisse a confirmé ce point de vue: 72 % des personnes interrogées ont déclaré qu'il était plutôt avantageux de faire partie d'un syndicat, mais 3 % seulement ont qualifié d'excellente leur efficacité [24]. Toutefois, le rapide succès de la collecte de signatures pour l'initiative sur la participation a donné une nouvelle vigueur à l'idée d'une action syndicale unitaire. Au congrès de la Fédération suisse des ouvriers sur bois et du bâtiment (FOBB), son président, le conseiller national E. Canonica (pss, ZH) a adressé une invitation dans ce sens à 'la Confédération des syndicats chrétiens de la Suisse qui est, selon l'importance numérique, le deuxième syndicat du pays [25]. Mais le CSC l'a repoussée pour des raisons idéologiques, en préconisant le principe d'un pluralisme syndical et, sur le plan concret, la création d'un comité permanent de coordination à l'échelle nationale [26].
Si, d'un côté, on a pu constater une tendance à la concentration dans les syndicats, il faut noter de l'autre, certaines tensions à l'intérieur des associations affiliées à l'USS. Les congrès de la Fédération suisse des cheminots (FSC) et de l'Union-PTT approuvèrent la suppression de l'interdiction de grève pour les employés des services publics [27]. Si ces décisions furent l'objet de vives critiques à l'intérieur et hors du syndicat, la réaction fut encore plus violente lors de l'élection à la tête de la VPOD de l'ancien communiste rédacteur du « Vorwärts », V. Schiwoff [28]. Les sections de Berne et de St-Gall protestèrent ouvertement; St-Gall déposa même une plainte par voie juridique [29]. Le syndicat « Culture », fondé l'année précédente, se sépara de nouveau de la VPOD, à la suite de divergences survenues entre fonctionnaires [30]. En revanche, un nouveau syndicat, « Education et science », demanda son adhésion à la VPOD, mais rencontra de l'opposition parce qu'il était en mesure de concurrencer certaines sections [31]. D'autres organisations syndicales s'adressèrent aux ouvriers grecs travaillant en Suisse en leur demandant de se constituer en un syndicat autonome, membre de I'USS [32]. Il en fut de même pour les apprentis de Zurich qui s'organisèrent en un syndicat des apprentis [33].
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P.E.
 
[17] NZZ (ats), 462, 5.10.71; NZZ, 466, 7.10.71.
[18] Société suisse des employés de commerce (SKV): NZZ (ats), 442, 23.9.71; Fédération des sociétés suisses d'employés (FSE): NZZ (ats), 447, 26.9.71; Fédération centrale du personnel des cantons et des communes de la Suisse: NZZ (ats), 451, 28.9.71.
[19] P.ex. le SKV lors de son assemblée des délégués: NZZ, 236, 24.5.71; Lb, 117, 24.5.71; Vat., 118, 24.5.71; NBüZ, 157, 26.5.71; AZ, 121, 27.5.71. Programme d'action politique 1971-1973 de la Société suisse des employés de commerce: NZZ, 548, 24.11.71.
[20] FSE: NZZ, 130, 19.3.71; Tat, 83, 8.4.71. Prise de position du SKV: cf. note 101.
[21] NZZ (ats), 158, 5.4.71; cf. aussi gk, 15, 8.4.71.
[22] AZ, 63, 17.3.71; cf. aussi supra, p. 156 s.
[23] MARKUS SCHELKER, Probleme der Gewerkschaftspolitik im Zeitalter des technischen Fortschritts, Basel 1971; WALDEMAR JUCKER, « Die Gewerkschaften im Widerstreit der Meinungen », in Gewerkschaftliche Rundschau, 3/1971, p. 48 ss.; OSKAR MÜLLER, «Gewerkschaften, Revolution, Gewalt, Utopie, Kritik und Autorität »: ibid., p. 205 ss.; BENNO HARDMEIER, «Gewerkschaftspolitik und Gewerkschaftstheorie »: ibid., p. 348 ss. Effectifs des syndicats: Annuaire statistique de la Suisse, 79/1971, p. 383 s.; cf. aussi gk, 16, 27.4.72 (USS): NZZ (ats), 211, 7.5. 72 (CSC).
[24] TLM, 123, 3.5.71; gk, 18, 6.5.71; NZ, 202, 6.5.71; AZ, 111, 14.5.71.
[25] TdG. 234-236, 8-11.10.71; NZ, 463, 8.10.71; 467, 11.10.71; VO, 234, 11.10.71; gk, 36, 14.10.71; 37, 21.10.71.
[26] Ww, 41, 15.10.71.
[27] FSC (W. Meier a succédé comme président au CN H. Düby, pss, BE): gk, 23, 17.6.71; Tw, 138, 17.6.71; NZ, 267, 16.6.71; 270, 17.6.71; TdG, 179, 17.6.71. Union-PTT: AZ, 214-216, 14-16.9.71; Tw, 214-218, 14-19.9.71; NZZ, 428, 14.9.71; 431, 16.9.71.
[28] NZZ (ats), 269, 14.6.71; NZZ, 278, 18.6.71; St.Galler Tagblatt, 136, 15.6.71; Ww, 24, 18.6.71; TdG, 147, 28.6.71; Tw, 160, 13.7.71; 170, 24./25.7.71.
[29] VPOD de Saint-Gall: Ostschw., 147, 28.6.71; NZZ, 459, 3.10.71; retrait de la plainte: NZZ (ats), 94, 25.2.72. VPOD de Berne: NZZ (ats), 305, 5.7.71.
[30] Tw, 147, 28.6.71; NZ, 274, 20.6.71; Nationale Dokumentationsstelle, Bern (NDB), Berichte zur Lage, 1971, no 3, p. 16.
[31] NZ, 112, 10.3.71; 181, 22.4.71; 191, 28.4.71; Zeitdlenst; 18, 7.5.71; AZ, 139, 18.6.71.
[32] gk, 7, 11.2.71; 12, 18.3.71; VO, 67, 22.5.71.
[33] AZ, 93, 23.4.71; 99/100, 30.4.71; NZ, 189, 27.4.71; cf. aussi: gk, 39, 4.11.71; HANS ULRICH WINTSCH, « Gewerkschaftsjugend: heute und morgen », in Profil, 50/1971, p. 249.