Année politique Suisse 1971 : Grundlagen der Staatsordnung / Wahlen / Elections nationales
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Listes et candidats
S'agissant du choix des candidats, on appliqua la méthode habituelle de sélection [11]. Seuls firent exception les radicaux du canton de Zurich, qui organisèrent des élections primaires [12]. Les membres du parti reçurent une liste alphabétique des candidats, liste qu'ils pouvaient modifier soit en cumulant soit en biffant des noms; 48 % d'entre eux y participèrent. Cela provoqua quelques surprises [13]. Mais l'assemblée des délégués procéda à des accommodations. Elle plaça les députés sortants en tête de liste. Elle améliora aussi la position des femmes ainsi que celle des démocrates qui avaient fusionné avec les radicaux zurichois. Ces corrections furent contestées: on avait fait croire à un droit de désignation dont, en réalité, on ne tenait pas compte [14]. Mais, aux yeux du Parti radical du canton de Zurich, ces élections primaires n'avaient été conçues et organisées que comme un moyen de détermination à l'intention de l'assemblée des délégués.
Dans les circonscriptions électorales comptant de nombreux mandats, un usage s'était introduit lors d'élections fédérales antérieures, selon lequel les partis d'une certaine importance présentaient des listes régionales. Les socialistes zurichois [15] et les radicaux saint-gallois [16] adoptèrent cette pratique pour la première fois. Dans le canton de Berne, les radicaux et Jeunes radicaux présentèrent conjointement six listes comprenant au total 112 candidats [17]. Mieux, les six listes PAB du même canton totalisèrent 140 noms [18]. Si l'on ajoute à cela les listes des nouveaux partis, on peut dire qu'on a assisté à une véritable inflation du nombre de candidats, de listes et de partis. Celle-ci accroît les facteurs d'incertitude et menace de pousser le système proportionnel jusqu'à l'absurde [19]. Au total, un peu plus de deux douzaines de partis, d'importance numérique très inégale, présentaient 158 listes qui désignaient 1696 candidats [20]. Le nombre des cumuls s'était faiblement accru. Seuls 20 candidats furent réellement favorisés (1967: 17), et parmi les sortants, un seul, D. Wyler (pss, TI). En 1967, le cumul avait encore favorisé 15 sortants [21].
A part de rares exceptions, la désignation des candidats au Conseil national ne déclencha pas de luttes ouvertes. De temps à autre, l'opinion a eu écho de conflits au sein des partis. Chez les indépendants bernois, ce fut surtout l'aile gauche qui manifesta sa réprobation à l'égard de la désignation de W. von Kaenel, ancien rédacteur-radio au Palais fédéral, comme candidat favori; il renonça par la suite à une candidature [22]. Les indépendants de Zurich et de Bâle-Ville se tiraillèrent à propos de candidats dissidents, passés chez les républicains [23]. Les radicaux du canton de Zurich eurent les mêmes problèmes dans deux cas [24]. La candidature d'A. Villard, chez les socialistes bernois, provoqua quelques remous. A. Villard finit par figurer sur la liste, malgré certaines oppositions, mais, étant donné l'ordre alphabétique, à l'avant-dernière place. Certains milieux lui accordèrent toutefois un appui manifeste, qui se répercuta positivement sur le scrutin [25].
La désignation des candidatures au Conseil des Etats offrit plus de matière à discussion à l'intérieur des partis, car en général un parti n'y présente qu'un seul candidat. Après avoir longuement hésité, le PAB du canton de Schaffhouse désigna K. Graf, député sortant, alors que le comité directeur en avait déjà décidé autrement [26]. De laborieuses négociations eurent lieu chez les radicaux saint-gallois, où le conseiller d'Etat S. Frick rencontra une violente opposition [27]. Contrairement à la proposition de leur comité directeur, les délégués du PS zurichois décidèrent de participer aux élections en désignant Mme Doris Morf, écrivain [28].
Les apparentements de listes furent rendus publics au cours de l'été. Dans ce domaine, la plus grande sensation fut l'entente électorale entre socialistes et communistes intervenue dans les cantons de Genève et Vaud pour les élections tant au Conseil national qu'au Conseil des Etats, cela à l'encontre des propositions des comités directeurs [29]. Le comité central du PSS désapprouva la tactique appliquée par les camarades romands [30]. A l'intérieur du cartel syndical de Zurich, les typographes proposèrent une entente électorale non seulement avec le PS mais encore avec le PdT, projet vigoureusement repoussé [31]. A Bâle-Ville, après s'être adressés tous deux, sans succès, au PS, le PdT et les « Organisations progressistes » (POB) firent front commun [32]. Une alliance semblable fut scellée au Tessin entre communistes et Parti socialiste autonome (PSA) [33]. A l'opposé de l'éventail politique, dans de nombreux cantons, on réalisa un apparentement de listes entre l'Action nationale contre l'emprise étrangère (AN), et le Mouvement national d'action républicaine et sociale [34]. Dans le canton de Genève, c'est Vigilance qui s'associa avec l'Action nationale [35]. En revanche, les deux grands partis de droite du canton de Zurich ne parvinrent pas à s'entendre [36]. Dans certains grands cantons, tels Zurich, Argovie, Vaud et Genève, les partis non socialistes s'apparentèrent. Dans les cantons de Thurgovie et de Bâle-Campagne, les radicaux s'associèrent au PAB [37]. Dans le canton des Grisons, les démocrates rejetèrent une offre d'apparentement venant des radicaux [38].
 
[11] Cf. NZN, 36, 13.2.71; Bund, 188, 15.8.71; TA, 230, 2.10.71; Ww, 40, 8.10.71; 41, 15.10.71.
[12] Cf. APS, 1967, p. 21 s.; NZZ, 370, 11.8.71; 388, 22.8.71 (annonce); Lb, 187, 14.8.71.
[13] NZZ, 387, 21.8.71; 397, 27.8.71; 434, 17.9.71; TA, 199, 27.8.71.
[14] Tat, 190, 14.8.71; NZN, 206, 4.9.71; Vat., 216, 17.9.71; NZZ, 433, 17.9.71.
[15] AZ, 213, 13.9.71; TA, 213, 13.9.71; NZZ, 425, 13.9.71; 430, 15.9.71.
[16] St. Galler Tagblatt, 135, 14.6.71; Der Volksfreund, 135, 14.6.71; NZZ, 269, 14.6.71.
[17] Bund, 191, 18.8.71; 241, 15.10.71.
[18] Bund, 190, 17.8.71.
[19] Erich Gruner, in Bund, 264, 11.11.71, et NZZ, 555, 28.11.71; cf. aussi: Bund, 253, 29.10.71; 282, 2.12.71; NZ, 455, 4.10.71; AZ, 244, 19.10.71; Tw, 254, 30./31.10.71.
[20] Calculs effectués par le Centre de recherches sur l'histoire et la sociologie de la politique suisse sur la base de la FF, 1971, II, p. 1293 ss. En 1967, on a compté 112 listes contenant 1251 candidats; en 1963, 107 listes contenant 1194 candidats. Pour 1971, l’ATS n'a compté que 150 listes et 1690 candidats (p.ex. NZZ, ats, 455, 30.9.71).
[21] NZZ, 492, 22.10.71; les 19 autres candidats favorisés se trouvaient sur les listes zurichoises de la Schweizervolk-Partei (1), de l'AN (12) et du PdT (4), ainsi que sur la liste de l'AN du canton de BL (2).
[22] NZ, 205, 7.5.71; Bund, 174, 29.7.71; Tat, 201, 27.8.71; cf. en outre: NZ, 413, 9.9.71; 428, 17.9.71; Bund, 213, 13.9.71; 216, 16.9.71; NBZ, 214, 14.9.71.
[23] ZH (CN W. Bräm): NZZ (upi), 327, 7.7.71; TA, 164, 17.7.71; Tat, 253, 28.10.71 (déclaration personnelle). BS (E. Faust, député au Grand Conseil): NZZ, 295, 29.6.71; 304, 4.7.71; Tat, 153, 2.7.71; BN, 238, 11.7.71; NZ, 435, 22.9.71.
[24] AZ, 231, 4.10.71; TA, 243, 18.10.71; NZN, 246, 21.10.71.
[25] NZ, 284, 25.6.71; 388, 25.8.71; 409, 7.9.71; 459, 6.10.71; 491, 25.10.71; 511, 5.11.71; Tw, 207, 6.9.71; 248, 23./24.9.71; 251, 27.10.71; 256, 2.11.71; 259, 5.11.71; VO, 214, 17.9.71; 257, 6.11.71; TLM, 288, 8.10.71.
[26] NZN, 74, 30.3.71; 80, 6.4.71; 84, 13.4.71; 89, 19.4.71; 106, 8.5.71; 170, 24.7.71; 180, 5.8.71; NBZ, 79, 5.4.71; 87, 15.4.71; 90, 20.4.71; 98, 29.4.71; 106, 8./9.5.71; 170, 24./25.7.71; 180, 5.8.71. NZ, 155, 5.4.71; 180, 22.4.71; 210, 11.5.71; 336, 20.7.71; 353, 5.8.71.
[27] St. Galler Tagblatt, 120, 26.5.71; 127, 7.6.71; 136, 15.6.71; cf. aussi supra, note 192.
[28] Cf. supra, note 191; en outre: AZ, 144, 24.6.71; 218, 18.9.71; NZZ, 427, 14.9.71.
[29] TdG, 172, 27.7.71; 183, 9.8.71; 217, 18./19.9.71; 221, 23.9.71; NZ, 344, 30.7.71; 426, 16.9.71; 428, 17.9.71; TA, 175, 30.7.71; 217, 17.10.71; VO, 213, 16.9.71; 214, 17.9.71; 216, 20.9.71; 222, 27.9.71; 223, 28.9.71; 228, 4.10.71; JdG, 216, 17.9.71; 219, 21.9.71; 223, 25./26.9.71; 232, 6.10.71; NZZ, 483, 17.10.71.
[30] TA, 218, 18.9.71; Tw, 218, 18./19.9.71; 235, 8.10.71; Bund, 218, 19.9.71; NZZ, 442, 23.9.71; Ww, 38, 24.9.71; 40, 8.10.71; Lb, 222, 24.9.71; AZ, 235, 8.10.71.
[31] AZ, 207, 6.9.71; Ostschw., 209, 8.9.71.
[32] NZ, 443, 27.9.71; 451, 1.10.71; 463, 8.10.71; NZZ, 452, 29.9.71.
[33] Bund, 236, 10.10.71; NZZ, 485, 18.10.71; TLM, 296, 23.10.71; TdG, 251, 28.10.71.
[34] Dans les cantons de BE, BS, AG, TG et VD: Volk + Heimat, 6/1971, no 10.
[35] JdG, 223, 25./26.9.71; TdG, 227, 30.9.71.
[36] NZZ, 457, 1.10.71; 476, 13.10.71; TA, 247, 22.10.71; Bund, 249, 24.10.71. J. Schwarzenbach s'était déjà distancé de l'AN à la fin avril: cf. Der Republikaner, 6, 29.4.71; NZZ (ats), 200, 2.5.71; NZ, 206, 8.5.71.
[37] BL: NZ, 410, 7.9.71; 499, 29.10.71; Bund, 247, 22.10.71. TG : NZ, 375, 18.8.71; 476, 16.10.71; Bund. 238, 12.10.71; Lb, 241, 16.10.71.
[38]NZZ (ats), 435, 18.9.71; 437, 20.9.71.