Année politique Suisse 1972 : Wirtschaft / Landwirtschaft
 
Revenu
La courbe ascendante des prix et des salaires dans les secteurs de l'industrie et des services a permis aux paysans de réclamer à nouveau des ajustements de revenu. En début d'année, plusieurs de leurs groupements ont demandé, qui une amélioration de 4,5 à 5 % des prix agricoles, du lait et de la viande principalement, qui une taxation fiscale moins onéreuse, qui le rétablissement de la parité des prix entre le bétail d'élevage et de rente d'une part, celui de boucherie d'autre part. Comme de coutume, les associations de consommateurs et de salariés ont réagi à ces revendications, faisant valoir entre autres la très bonne année agricole 1971 et les augmentations déjà consenties par deux fois aux producteurs durant la même période. Les mesures prises fin avril par le Conseil fédéral entrèrent en vigueur le 1er mai. Elles ont essentiellement consisté en une majoration de trois centimes du prix de base du lait, en une hausse des prix du bétail de boucherie ainsi qu'en d'autres décisions, relatives à l'économie laitière, que nous mentionnerons plus bas. Le gouvernement l'avait prévu, producteurs et consommateurs critiquèrent une solution moyenne qui ne satisfaisait pas entièrement les voeux des premiers et qui provoquait pour les seconds un renchérissement des produits de première nécessité, le lait notamment. La déception des agriculteurs se fit particulièrement sentir, entre autres par des manifestations, en Suisse romande surtout : le 1er mai, on y fit sonner le tocsin et allumer des feux ; des déclarations au ton souvent amer en appelèrent à la formation d'un front commun de défense paysanne [5]. L'USP profita de la célébration de son 75e anniversaire pour entreprendre, en octobre, de nouvelles démarches à Berne. Le 20 décembre, l'autorité fédérale, dérogeant à sa politique antisurchauffe, accorda aux producteurs deux centimes de supplément qu'ils réclamaient sur le prix du lait, mais resta intraitable sur le contingent de base, maintenu à 26 millions de quintaux, alors que les intéressés demandaient qu'il fût fixé à 26,5 millions. D'autres augmentations de prix, sur la viande et les produits de nature végétale, furent concédées. Ce « cadeau de Noël » aux paysans, le premier du genre, fut mieux accueilli que les mesures du printemps, bien que pour les consommateurs le prix du litre de lait ait été derechef majoré, de 3 à 5 centimes selon les catégories. Nouveauté à relever, de semblables trains de mesures, dont l'entrée en vigueur est fixée au 1er janvier, seront désormais valables pour toute l'année, à moins que les nécessités de la conjoncture en décident autrement [6].
Malgré l'absence de volet agricole proprement dit dans l'accord de libre-échange conclu entre la Suisse et le Marché commun, il y est question néanmoins d'agriculture. L'article 15 notamment est une déclaration d'intention dans laquelle les deux parties se disent prêtes à favoriser, « dans le respect de leurs politiques agricoles », le développement de leurs échanges et à s'efforcer de résoudre en commun, au sein du comité mixte, d'éventuelles difficultés en ce domaine. Une telle possibilité de consultation constitue un progrès que Berne qualifie de considérable. En outre, un échange de lettres stipule une série d'arrangements aux termes desquels les deux partenaires s'engagent, entre autres, à abaisser voire à supprimer leurs droits de douane sur certains produits ainsi qu'à assouplir divers mécanismes d'entraves à leurs échanges réciproques, le système des trois phases entre autres. Enfin, « déclaration très importante », précise le gouvernement, la coopération mutuelle dans l'accord sur le fromage doit être poursuivie. S'il faut en revanche déplorer, ajoute-t-il, la disparition des avantages que notre pays retirait de quelques produits dans son commerce avec d'anciens membres de I'AELE, les jus de fruits par exemple, l'ensemble de ces arrangements reste à ses yeux « parfaitement supportable » pour notre agriculture. Opinion formellement contredite par ceux des milieux ruraux qui, en Romandie principalement, ont condamné les concessions faites à Bruxelles et dit « non » à l'accord lors de la votation populaire du 3 décembre [7].
 
[5] Prix agricoles (5 %) : GdL, 11, 14.1.72 ; NZ, 22, 14.1.72. Taxation fiscale : GdL, 12, 15/16.1.72. Parité : NZZ, 115, 8.3.72. Réaction des consommateurs : NZZ, 115, 8.3.72 ; 119, 10.3.72. Mesures du CF : Rapp. gest., 1972, p. 233. Critiques : ensemble de la presse depuis le 25.4.72 et notamment, pour la Romandie, TLM, 121, 30.4.72 ; 122, 1.5.72 ; 126, 5.5.72 ; 134, 13-5.72 ; 137, 16.5.72 ; 146, 25.5.72 ; VO, 109, 12.5.72 ; TG, 116, 19.5.72.
[6] USP : BN, 332, 25.10.72 ; NZZ, 498, 25.10.72 ; Ostschw., 251, 25.10.72 ; Documenta, 1972, N. 7, p. 5 ss. Décisions du 20.12 : Rapp. gest., 1972, p. 234 ; Bund, 301, 22.12.72 ; NZZ, 598, 22.12.72 ; TG, 300, 22.12.72.
[7] Sur l'accord, cf. FF, 1972, II, no 41, p. 684 ss. ; supra, p. 36 ss. Romandie : VO, 269, 18.11.72.