Année politique Suisse 1973 : Parteien, Verbände und Interessengruppen / Verbände und übrige Interessenorganisationen
Salariés
Les
organisations de salariés manifestèrent souvent une attitude plus offensive, motivée ça et là par la concentration continue et l'internationalisation des entreprises. La tendance a été soulignée lors du changement intervenu à la tête des deux organisations principales. A l'Union syndicale suisse (USS), outre le président, deux des trois vice-présidents ont quitté leurs fonctions ; succédant à E. Wüthrich, le chef de la Fédération suisse des travailleurs du bois et du bâtiment, E. Canonica, conseiller national zurichois, prit la présidence ; à ses côtés, H. Düby et G. Diacon furent remplacés par le conseiller national R. Müller (BE), secrétaire général de l'Union PTT, chef du groupe socialiste aux Chambres fédérales, et par A. Ghelfi, vice-président de la Fédération suisse des travailleurs de la métallurgie et de l'horlogerie (FTMH)
[18]. En diverses circonstances, E. Canonica a souligné — sans refuser des interviews à la presse communiste — qu'il n'était qu'un partisan conditionnel de la paix du travail. Il a préconisé une stratégie syndicale uniforme, surmontant à la fois les démarcations idéologiques, sociales et nationales. En outre, il s'est déclaré opposé à une concentration du pouvoir syndical au sein d'une élite bureaucratique
[19]. La Confédération des syndicats chrétiens vit son président H. Riedo relayé par G. Casetti, jusqu'alors secrétaire central. Dans une interview, ce dernier défendit une conception analogue à celle de son collègue de l'USS. Interrogé lors du congrès sur son attitude à l'égard d'un syndicat unique, il affirma néanmoins sa foi dans le pluralisme
[20]. C'est au niveau des sous-fédérations, précisément, que les syndicats chrétiens rivalisèrent avec ceux de l’USS pour la représentation des intérêts des travailleurs
[21]. Après la décision de I'USS de s'opposer au contrôle des prix et des salaires, les syndicats chrétiens se prononcèrent dans le même sens
[22].
Lors des congrès de certaines associations de branches, cette
radicalisation apparut encore plus nettement. A la Fédération suisse du personnel des services publics (VPOD), le comité fut saisi d'une proposition de soutenir l'initiative de la semaine de 40 heures ; le congrès s'acheva par le chant de l'Internationale. La Fédération suisse des typographes (FST), qui renouvela profondément son comité central, exigea l'introduction de la semaine de 40 heures dans les négociations sur le contrat de travail. Le secrétaire général de l'Union PTT annonça de son côté de nouvelles revendications de salaire. Même la FTMH souligna que le renouvelle-ment, en 1974, de la convention sur la paix du travail devait dépendre de corrections qui aillent au-delà de la simple retouche cosmétique. La Fédération chrétienne des ouvriers sur métaux (FCOM) abonda dans le même sens et approuva une déclaration de principe déniant au capital le pouvoir social et le revendiquant pour les salariés
[23]. Le président central de l'Association suisse des salariés évangéliques mit les employeurs en garde contre un « non » à la participation qui encouragerait encore la radicalisation. L'Union suisse des syndicats autonomes, qui, à l'instar des salariés évangéliques, avait élaboré un nouveau programme de politique sociale, se contenta en revanche d'une amélioration des contrats collectifs de travail
[24]. Une enquête socio-psychologique faite à la demande de l'USS indiqua que parmi les salariés le désir de stabilité était largement répandu, mais allait de pair avec un besoin de valorisation et de responsabilité
[25].
La
tendance vers l'unité prônée par l'USS ne rencontra pas la seule désapprobation des syndicats chrétiens. Lors de son centième anniversaire, la Société suisse des employés de commerce (SSEC) releva que son attitude politique et ses intérêts particuliers parlaient contre une fusion avec les syndicats ouvriers. La Société suisse des contremaîtres s'éleva contre des actions de recrutement menées par les syndicats dans son secteur
[26]. A Genève cependant, les sections de la FTMH et de la SSEC s'entendirent sur une collaboration dans l'industrie métallurgique. Vers la fin de l'année, l'USS-et la Fédération suisse des sociétés d'employés, à laquelle appartiennent les employés de commerce et les contremaîtres, entamèrent des conversations sur le développement futur de leurs rapports
[27].
L'USS a manifesté son adhésion à une
collaboration internationale plus étroite en prenant part à la création d'une Confédération européenne des syndicats réunissant les organisations des pays membres de la CEE et de l'AELE appartenant à la Confédération internationale des syndicats libres. Cette fondation suscita également l'intérêt des syndicats de tendance chrétienne ; l'USS par contre se prononça contre leur affiliation à la fédération continentale si l'union ne pouvait se faire sur le plan national
[28].
[19] Vorwärts, 6, 8.2.73 ; 8, 22.2.73 ; gk, 14, 5.4.73 ; 25, 5.7.73 ; POCH, 15, 24.4.73. Cf. aussi Ezio Canonica, « Autocritica sindacale », in La Suisse, Annuaire national de la NSH, 44/1973, p. 65 ss.
[20] Vat., 256, 5.11.73. Cf. interview in Konzept, 5, 25.10.73.
[23] VPOD : VO, 207-210, 8-12.9.73 ; 213, 15.9.73 ; gk, 31, 13.9.73. FST : AZ, 128, 4.6.73 ; 129, 5.6.73. Union PTT : NZZ, 494, 24.10.73 ; 495, 25.10.73. FTMH : gk, 33, 27.9.73 ; JdG, 228, 1.10.73. FCOM : CMV-Zeitung, 13, 27.6.73 ; 20, 3.10.73.
[24] ASSE : Evangelische Woche, 42, 18.10.73. USSA : NZZ, 236, 23.5.73.
[25] Uniprognosis, Travailleurs et syndicats, Berne 1972. Cf. TG, 227, 29/30.9.73.
[26] SSEC : BN, 123, 28.5.73. SSC : Contremaître, 1973, p. 226 s.
[27] Genève : VO, 145; 27.6.73. USS et FSE : gk, 43, 29.11.73.
[28] gk, 7, 15.2.73 ; 19, 17.5.73. Cf. G. Casetti in Konzept, 5, 25.10.73.
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