Année politique Suisse 1973 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik / Missions traditionnelles
L'année 1973 a largement contribué à l'affirmation sinon au renforcement de la tradition humanitaire de la Suisse. La multiplication et la complexité croissantes des tâches dévolues au
Comité international de la Croix-Rouge (CICR), loin de constituer des obstacles insurmontables, ont été l'occasion pour lui de repenser ses moyens d'action et de réformer son organisation. Le processus, engagé en 1972 par un mandat confié au professeur R. Probst, a débouché sur l'inauguration, le 1er juillet 1973, de nouvelles structures, calquées sur le modèle d'entreprises modernes (« management »), mais aussi sur celui, éprouvé, des institutions politiques fédérales (séparation des pouvoirs, collégialité de l'exécutif). Les tâches de l'institution sont désormais réparties entre deux organes distincts : l'Assemblée, législatif souverain, composée de quinze à vingt-cinq membres, qui fixe la doctrine et la politique générale de l'institution et exerce la haute surveillance sur l'ensemble de ses activités ; le Conseil exécutif, comprenant sept membres au plus à choisir au sein ou en dehors du CICR, qui est chargé de la conduite générale des affaires et de la surveillance directe de l'administration. Comme précédemment, les membres du Comité sont tous de nationalité suisse — une internationalisation n'offrirait pas les mêmes garanties de neutralité — mais, élément nouveau de grande portée, ne sont plus indéfiniment rééligibles, la durée des mandats étant désormais limitée à douze ans (au maximum trois périodes de quatre ans). Cette dernière mesure est destinée à favoriser un rajeunissement permanent et une dynamisation constante de l'organisme. Ces innovations ont été accompagnées de l'élection d'un nouveau président en la personne d'E. Martin, dirigeant de la Croix-Rouge suisse pendant de longues années. Quant à la présidence du Conseil exécutif, elle est assurée par R. Gallopin, ancien directeur général de l'organisation
[49].
Au plan des actions sur le terrain, il convient de signaler les missions particulièrement importantes de rapatriement accomplies par le CICR au Proche-Orient et dans le sous-continent indien. L'oeuvre caritative suisse a été également appréciée au Vietnam, très touché par la guerre. Les principales oeuvres d'entraide de notre pays y ont déployé conjointement leurs efforts au sein d'une Aide suisse au Vietnam. De son côté, le Conseil fédéral a affirmé son intention de participer à la reconstruction des régions dévastées et de planifier sa politique d'aide à l'Indochine en général. Notre exécutif a dfl toutefois expliquer, face à certaines critiques, la lenteur de l'engagement des opérations prévues
[50]. Parmi les principaux autres points géographiques d'intervention humanitaire, citons l'Islande (éruption volcanique), le Nicaragua (tremblement de terre et raz de marée) et l'Afrique (sécheresse et famine en Ethiopie et dans les pays du Sahel)
[51]. L'ampleur des besoins a été l'occasion pour le Conseil national d'adopter un postulat Rüttimann (pdc, AG) visant à augmenter le crédit de programme, actuellement de 50 millions de francs, en faveur de livraisons de produits laitiers aux pays déshérités. Enfin, en ce qui concerne le corps suisse d'intervention en cas de catastrophe, signalons le beau succès remporté par la campagne de recrutement de volontaires. Sur les 2700 personnes intéressées, 1500 ont été retenues, dont un premier groupe sera probablement opérationnel en 1974
[52].
[49] Cf. ensemble de la presse à partir du 7.7.73 et du 12.9.73. Cf. aussi interpellation Chevallaz (prd, VD) : BO CN, 1973, p. 1064 s., ainsi que les petites questions Grosjean (prd, NE) et Hofer (udc, BE) : BO CN, 1973, p. 999: BO CE, 1973, p. 453. Cf. en outre Domaine public, 221, 29.3.73. Parmi les publications, cf. notamment Jacques Freymond et Thierry Hentsch, Limites a la violence. Mouvements politiques armés et principes humanitaires, Genève 1973 ; Monika Weber, Die Unterstützung des Roten Kreuzes durch die Schweizer Bevölkerung (1952-1971), Zürich 1973 (Kleine Studien zur Politischen Wissenschaft, 9, multigr.).
[50] CICR : NZZ, 532, 15.11.73 ; TG, 261, 8.11.73 ; GdL, 275, 24/25.11.73 (Proche-Orient) ; petite question Aider (ind., BL) : BO CN, 1973, p. 416 s. ; TLM, 254, 12.9.73 (sous-continent indien). Vietnam : NZZ, 42, 26.1.73 ; GdL, 27, 2.2.73. Cf. aussi interpellation Oehler (pdc, SG) et réponse du CF : BO CN, 1973, p. 645 ss., ainsi que petite question Ziegler (ps, GE) et réponse du CF : BO CN, 1973, p. 415.
[51] Islande : JdG, 300, 24/26.12.73. Nicaragua : GdL, 12, 16.1.73 ; NZZ, 25, 17.1.73 ; 36, 23.1.73 ; petite question Thévoz (lib., VD) et réponse du CF : BO CN, 1973, p. 415 s. Afrique : petites questions Butty (pdc, FR), Cantieni (pdc, GR) et Rüttimann (pdc, AG) avec réponses du CF : BO CN, 1973, p. 1006 s., 1860 s. et 1871 s.
[52] Postulat Rüttimann : BO CN, 1973, p. 1069 s. Cf. aussi intervention Ziegler au CN et réponse du CF Celio : BO CN, 1973, p. 978 s. Catastrophe : cf. ensemble de la presse à partir du 15.5.73, ainsi que TG, 214, 14.9.73.
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