Année politique Suisse 1975 : Sozialpolitik / Bevölkerung und Arbeit
 
Salaires
Tendance déjà soulignée précédemment, la différenciation de l'augmentation des salaires entre les diverses branches s'est accrue. Si certains secteurs connaissent encore des augmentations du salaire réel, d'autres telles l'industrie du papier, la construction et les industries connexes procèdent inversement [24]. De manière générale, l'augmentation fut de 7,5 % pour les salaires horaires et de 6,6 % pour les salaires mensuels. L'indice des prix à la consommation s'étant élevé de 6,7 %, les augmentations nominales de 5,9 %, respectivement 3,9 %, accordées dans la construction ne permettent pas le maintien du pouvoir d'achat. Il ressort de la comparaison internationale de l'OCDE que la Suisse est au dernier rang des pays les plus importants de cette organisation en ce qui concerne la progression des salaires durant les trois premiers trimestres de 1975 [25].
La politique salariale de la Confédération a eu pour principal objet la compensation du renchérissement. L'évolution économique et ses effets sur la situation financière de l'Etat poussèrent le Conseil fédéral à proposer aux Chambres une modification de l'arrêté fédéral de 1969 réglant jusqu'alors le versement d'allocations de renchérissement au personnel. Cette modification autorisait l'exécutif à limiter l'allocation unique pour 1975 et 1976 à un montant fixe ou à la calculer de manière dégressive ; compétence lui était également donnée pour renoncer à appliquer la garantie minimale. Le parlement souscrivit aux désirs du gouvernement, une minorité proposant même la suppression de l'allocation ou de la garantie minimale [26]. Il appartenait dès lors au Conseil fédéral de mener les négociations avec les représentants du personnel de la Confédération. Elles furent suffisamment ardues pour provoquer la démission du directeur de l'Office fédéral du personnel, L. Straessle, en désaccord avec G. A. Chevallaz, chef du DFFD, sur les mesures d'austérité à prendre à l'égard des salaires fédéraux. Un premier échec des négociations fut enregistré à mi-juillet ; l'Union fédérative exigea alors que la suite des pourparlers se déroule avec une délégation du Conseil fédéral, reprochant au grand argentier son « maintien autoritaire ». Début septembre, la revendication de l'Union fédérative se trouva satisfaite ; à ce moment-là, l'accord était réalisé sur le principe d'une allocation, entière pour les basses classes salariales, forfaitaire pour les autres ; les divergences portaient sur la limite entre ces deux catégories.
Le problème fut réglé par le Conseil fédéral qui décida à mi-octobre que les huit classes inférieures (43 % du personnel fédéral) toucheraient une compensation intégrale, les autres classes recevant une somme unique de huit cents francs. Ce choix, qui permettait de réaliser une économie de 21,1 millions, fut condamné par les milieux syndicaux et socialistes, qui, entre autres, reprochaient à l'exécutif d'avoir voulu donner un exemple aux administrations cantonales et à l'économie privée [27]. Enfin, le 15 décembre, le gouvernement accordait pour 1976 une allocation de 4,1% calculée sur les salaires de janvier 1975. Il proposait en outre une modification de la loi sur le statut des fonctionnaires afin, d'une part, d'incorporer aux traitements de base les allocations accumulées jusqu'alors et, d'autre part, de mettre en place un nouveau système de calcul de l'indexation pour les années 1977 à 1980. Ce système permet l'adaptation semestrielle des traitements, le versement d'un montant complémentaire relevant du Conseil fédéral. Avec ce projet, assurance est donnée que, pour la période concernée, la rétribution du personnel ne sera pas améliorée en termes réels [28].
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DA.S.
 
[24] La Vie économique, Supplément de février, 49/1976, p. 7 ; cf. également supra, Conventions collectives de travail et APS, 1974, p. 125.
[25] SDES, Revue des faits de la semaine, 4, 27.1.76 ; gk, 9, 4.3.76.
[26] Projet : FF, 1975, I, no 4, p. 370 ss. ; débats : BO CE, 1975, p. 68 ss. ; BO CN, 1975, p. 61 ss. Cf. également supra, part. I, 5 (Massnahmen zur Verbesserung des Bundeshaushaltes) et APS, 1969, p. 120.
[27] Bund (sda), 182, 7.8.75 ; Journal des fonctionnaires fédéraux, 15/16, 7.8.75 ; 17, 21.8.75 ; 18, 4.9.75 ; 19, 18.9.75 ; 22, 30.10.75 ; 24, 27.11.75 ; JdG (ats), 208, 6.9.75 241, 16.10.75 ; Critiques : gk, 33, 16.10.75 ; Tw, 242, 16.10.75.
[28] FF, 1975, II, no 52, p. 2248 s. ; JdG, 293, 16.12.75 ; Journal des fonctionnaires fédéraux, 1, 22.1.76.