Année politique Suisse 1976 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik
Nations Unies
C'est dans les relations entre la Suisse et les Nations Unies que s'est manifesté le plus nettement le dilemme d'une politique étrangère qui désire tenir compte des réalités internationales sans, toutefois, remettre profondément en question les fondements de l'identité nationale. L'universalité des Nations Unies et sa politisation par des pays en voie de développement qui prennent conscience de leur valeur ont à nouveau fait craindre aux quelques pays non membres d'être isolés sur la scène internationale
[40]. La commission consultative, instituée en 1973, a terminé ses travaux en concluant que l'adhésion de la Suisse à l'ONU lui apporterait plus d'avantages que d'inconvénients et qu'elle serait compatible avec notre neutralité. Elle a remis au Conseil fédéral, sans le modifier, le rapport que celui-ci lui avait renvoyé en 1975, mais elle l'a complété par deux documents de minorité. L'un formule plus nettement certaines réserves concernant la neutralité politique, tandis que l'autre accentue encore, dans une perspective de politique globale, la nécessité d'une adhésion de la Suisse à l'ONU
[41]. Ce pas à faire, indiqué en politique étrangère, serait-il également opportun en politique intérieure ? On peut vraiment en douter lorsqu'on considère la force des courants isolationnistes dans l'opinion publique
[42].
A nouveau, nos autorités ont encouru les reproches du Comité des sanctions des Nations Unies, la Suisse servant de plaque tournante au commerce rhodésien, ce qui permet à l'administration Smith de contourner l'embargo mis en place par l'ONU
[43]. Selon certaines opinions critiques, il est contestable que les relations économiques intenses que la Suisse entretient avec les Etats de l'apartheid — elle vient, par habitant, en tête des investisseurs en Afrique du Sud — soient également rentables à long terme. La sauvegarde des intérêts actuels de l'économie suisse, sans obérer les intérêts futurs de notre pays, apparaît comme une entreprise délicate
[44].
L'Assemblée générale de l'ONU a décidé que, dans les cinq prochaines années, 250 fonctionnaires des organisations internationales de Genève seront transférés à Vienne, dans la cité des Nations Unies récemment construite. Pour l'instant, aucun organisme important n'est touché par cette décision et, en particulier, l'importante commission économique des Nations Unies pour l'Europe reste à Genève. Le Conseil fédéral s'est efforcé de sauvegarder le rôle international de cette ville, sans pouvoir toutefois s'engager financièrement, n'ayant pu garantir le maintien de sa subvention annuelle de 5 millions de francs pour couvrir une partie des frais généraux, supprimée dans le budget 1976 déjà
[45].
L'UNESCO a revu sa position à l'égard d'Israël et s'est efforcée de modérer sa politisation, qui avait suscité de vives réactions en Suisse et ailleurs
[46]. C'est pourquoi le parlement a approuvé, avec le budget pour 1977, le paiement rétroactif de 10 % de la contribution suisse à l'UNESCO, part qui avait été retenue en 1975 en guise de protestation
[47]. La requête du Département politique fédéral de verser cette part plus tôt avait rencontré l'opposition des commissions des finances
[48].
[40] Cf. entre autres NZZ, 62, 15.3.76 ; 154, 5.7.76 ; VO, 153, 7.7.76 ; Bund, 177, 1.8.76 ; TA, 224, 25.9.76 ; FA, 182, 1.12.76. Voir aussi Rapp. gest., 1976, p. 9 s. et 20, ainsi que F. Muheim, « Les Nations Unies et la Suisse », in Bulletin d'information (DPF), 12.11.76.
[41] Cf. TG, 39, 17.2.76 ; NZ, 54, 18.2.76 ; TA, 41, 19.2.76 ; 153, 5.7.76 ; Tat, 202, 27.8.76 ; la presse du 30.6.76 ; LNN, 156, 8.7.76 ; BN, 158, 10.7.76 ; TA-Magazin, 28, 10.7.76. Cf. aussi APS, 1973, p. 38 ; 1974, p. 41 ; 1975, p. 48.
[42] Cf. entre autres Ldb, 41, 19.2.76 ; 92, 22.4.76 ; Tat, 43, 20.2.76 ; Volk + Heimat, no 3, mars 1976 ; no 9, sept. 1976 ; BüZ, 184, 7.8.76.
[43] Cf. TA, 133, 11.6.76 ; NZ (sda), 270, 30.8.76 ; TLM, 276-277, 2-3.10.76 ; Rapp. gest., 1976, p. 17.
[44] Cf. VO, 43, 23.2.76 ; 266, 17.11.76 ; Bresche, 66, 29.3.76 ; 71/72, 14.6.76 ; 77a, 9.10.76 ; gk, 19, 20.5.76 ; 34, 14.10.76 ; NZ, 179, 11.6.76 ; 265, 30.8.76 ; TA (ddp), 203, 1.9.76 ; FA, 108, 6.9.76 ; 161, 6.11.76 ; 24 heures, 237, 11.10.76. Cf. aussi Südafrika, Zürich 1976 (Anti-Apartheid-Bewegung deutsche Schweiz), et infra, Internationale Verflechtung.
[45] Cf. Rapp. gest., 1976, p. 10 et 20 ; TG, 2, 5.1.76 ; 21, 27.1.76 ; 41, 19.2.76 ; 88, 14.4.76 ; 162, 15.7.76 ; 211, 9.9.76 ; 214, 14.9.76 ; 269, 17.11.76 ; JdG, 133, 28.5.76 ; 269, 17.11.76 ainsi que la presse du 22.12.76. Cf. aussi APS, 1975, p. 49.
[46] Réactions suisses : cf. entre autres Ldb, 13, 17.1.76 ; BüZ, 15, 20.1.76 ; JdG, 54, 5.3.76 ; TG, 58, 10.3.76 ; voir aussi Vat., 1, 3.1.76 ; NZZ, 277, 25.11.76 ; 288, 8.12.76 et APS, 1975, p. 48. Relations UNESCO-Israël : NZ, 225, 21.7.76 ; NZZ, 259, 4.11.76 ; 275, 23.11.76 ; 24 heures, 274, 23.11.76. Conférence générale de l'UNESCO à Nairobi : cf. la presse à partir du 20.10.76.
[47] Cf. BO CN, 1976, p. 1384 ss. ; BO CE, 1976, p. 631 ainsi que la presse du 3.12.76. Cf. aussi APS, 1974, p. 41.
[48] Cf. BO CN, 1976, p. 497 ss. ; Tat, 136, 11.6.76 ; JdG, 245, 20.10.76.
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