Année politique Suisse 1976 : Sozialpolitik / Soziale Gruppen
Jeunesse
Le
chômage chez les jeunes a constitué, plus que l'année passée encore, le thème central de la politique de la jeunesse
[30]. Beaucoup de problèmes qui avaient poussé en son temps la jeunesse à contester sont demeurés, il est vrai, en partie latents. Mais les protestations publiques ont très souvent fait place à la peur face à l'avenir professionnel, au sentiment d'insécurité, à un certain désenchantement ou même à une certaine résignation, ce qui s'est traduit extérieurement chez les jeunes par une nécessaire recherche d'adaptation
[31]. Ce souci d'adaptation a été constaté aussi bien dans les universités et les écoles de recrues que dans les entreprises, en particulier
[32]. Vu l'insécurité ressentie par beaucoup de jeunes face au marché du travail et des places d'apprentissage, plusieurs organisations ont mené un travail d'explication
[33]. En même temps, les offices d'orientation professionnelle ont été fortement sollicités, ce qui les amena souvent à fonctionner comme de simples organismes de placement et de sélection. Grâce à l'activité des autorités, une aide a pu être apportée aux apprentis et écoliers sans travail, à travers la mise en place de cours de recyclage et de perfectionnement. La volonté des entreprises et des associations professionnelles de continuer à promouvoir la formation des jeunes gens a permis à tous ceux qui s'y intéressaient et qui en remplissaient les conditions de trouver une placé d'apprentissage. Cela malgré le fait que les jeunes, vu l'accroissement des difficultés pour entrer à l'université, se soient davantage tournés vers une formation professionnelle. Ce développement a rendu plus difficile la recherche d'une place de travail ou d'apprentissage pour les élèves des classes spéciales, les invalides et les cas sociaux ; en conséquence certains cantons et plusieurs communes ont cherché à leur faciliter l'entrée dans la vie professionnelle en instituant une année préparatoire préprofessionnelle. Dans ce cadre, une prolongation généralisée de la scolarité obligatoire à 10 ans a cependant été repoussée par la Conférence des directeurs de l'instruction publique (CDIP)
[34].
Le Conseil fédéral a publié les résultats de la consultation sur le rapport «
Réflexions et propositions concernant une politique suisse de la jeunesse » présenté par une commission du DFI en 1973
[35]. Au lieu d'engager un délégué pour les questions de la jeunesse, comme l'avait proposé la commission d'étude, le Conseil fédéral a chargé le DFI de former une commission extra-parlementaire pour ces questions. Cette commission devrait s'occuper des questions générales qui intéressent la jeunesse, dans la mesure où elles revêtent de l'importance au plan de la politique fédérale. En même temps la commission devrait soulager les divers offices fédéraux en jouant le rôle d'organe central. Alors que le rapport pour une politique de la jeunesse avait trouvé un écho favorable, la création d'une commission extra-parlementaire a été accueillie — en Suisse alémanique surtout
[36] — avec scepticisme : l'Etat ne devrait pas avoir ni recevoir la possibilité d'atteindre, au moyen de son appareil administratif, la génération montante et de la canaliser encore plus que par le passé
[37].
[30] Cf. APS, 1975, p. 138. 45 % des chômeurs ont moins de 30 ans ; la part de ceux âgés de 20 à 24 ans a passé de 6 % en 1974 à 22 % en 1976. Cf. Betrifft : Erziehung, 3/1977, p. 70 ; voir également supra, part. I, 7a (Marché du travail).
[31] Cf. « Von der Revolte zur Revolution ? », in Ww, 21-24, 26.5.-16.6.76 ; P. Heintz, « Ende der Jugendrevolte ? », in Schweizer Monatshefte, 56/1975-76, p. 471 ss. ; P. Dominicé, « Les jeunes face à la crise scolaire, au monde adulte et à l'emploi », in Informations universitaires et professionnelles internationales, déc. 1975-janv. 1976, p. 19 ss.
[33] Pro Juventute : FA, 10, 14.1.76 ; Longo Mai : Presse des 29 et 30.3.76 ; TG, 135, 13.6.76 ; LNN, 138, 16.6.76 ; Vat., 138, 16.6.76 ; 24 heures, 154, 5.7.76 ; Pro Dialog : Bund, 126, 1.6.76.
[34] TA, 43, 21.2.76 ; Bund, 55, 7.3.76 ; NZ, 96, 26.3.76 ; NZZ (sda), 103, 4.5.76. — Cf. la prise de position de la CDIP sur le rapport du groupe de travail de I'OFIAMT : « Les jeunes et le marché du travail », in Politique de la science, 5/1976, p. 127 ; « Jugend ohne Arbeit », in Pro Juventute, 57/1976, p. 1 ss. (no spécial) ; Vat., 71, 25.3.76 et infra, part I, 8a (Enseignement primaire et secondaire). Selon une enquête de février 1976, 20 % des apprentis et apprenties de commerce étaient, à la fin de leur apprentissage, sans place de travail. Cette proportion s'élevait à 27,5 % dans l'administration et 31,3 % dans le secteur de la vente. Cf. NZ, 96, 26.3.76.
[35] Cf. APS, 1973, p. 129 ; 1974, p. 135 ss. ; 1975, p. 138.
[37] SZ, 84, 9.4.76 ; BüZ, 86, 10.4.76 ; Vat., 88, 14.4.76. Cf. également Pro Juventute, Droit des jeunes — politique de la jeunesse, Situation actuelle et tendances, Zürich 1976.
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