Année politique Suisse 1978 : Grundlagen der Staatsordnung / Wahlen
 
Elections cantonales
Voir tableau: elections_ccc_1978.pdf
L'élection des autorités cantonales n'a pas apporté de grands bouleversements dans le paysage politique suisse. Au sein des partis traditionnels, la tendance à la polarisation enregistrée en 1977 déjà [7], s'est un peu accentuée en 1978, profitant avant tout aux socialistes. Tandis que les démocrates-chrétiens et surtout les radicaux (qui ont même tendance à perdre des suffrages) couchent sur leur position, les partis xénophobes tendent à disparaître de la scène politique.
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Vaud
Le phénomène de bipolarisation caractérisé par une avance socialiste et libérale et d'un recul radical et communiste a été particulièrement sensible lors des élections au Grand Conseil vaudois en mars. Le Parti socialiste a fortement progressé atteignant même l'objectif des 60 sièges qu'il s'était fixé. Cette progression, après le court arrêt enregistré en 1974, s'est produite avant tout au détriment du POP, principale victime de ces élections. Il a perdu cinq sièges sur seize et a été supplanté dans quatre cas au moins par un socialiste. A droite, la montée libérale a compensé pratiquement l'effritement radical victime d'essoufflement et des retombées des événements de la municipalité lausannoise en 1977. Le PDC qui avait quitté l'Entente afin de mieux se profiler, tend à devenir presque exclusivement lausannois. Enfin l'AN et les républicains ont complètement disparu du législatif [8].
Aucun changement notoire n'est apparu au Conseil d'Etat. Les cinq candidats de l'Entente vaudoise ont brillamment passé le premier tour du scrutin malgré la défection des démocrates-chrétiens, la candidature de deux personnalités nouvelles et la volonté clairement affichée des socialistes d'obtenir sinon un ballotage général, du moins un ballotage partiel en présentant un troisième candidat [9].
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Jura
Accédant partiellement le 24 septembre à la souveraineté cantonale, le canton du Jura avait à élire encore en novembre ses nouvelles autorités. Par rapport à 1976, année de l'élection à l'Assemblée constituante (AC), un certain nombre de données nouvelles sont apparues: le droit de vote accordé aux jeunes âgés de 18 ans, l'élargissement à 60 sièges pour le parlement (AC: 50 sièges), le fait que plus de la moitié des députés siégeant à l'AC ne se représentaient plus et la disparition de certaines formations marginales comme Jura demain ou Action féminine [10]. Malgré ces éléments, la répartition politique du corps électoral ri'a que très peu varié en regard du scrutin qui s'est déroulé deux ans plus tôt [11]. Le PDC avec 21 sièges demeure le groupe le plus important, suivi par le PRD (14 sièges) qui a profité de nombreuses voix UDC et le PS (11 sièges). Quant au POP, il fait son entrée dans la législature apparenté, il est vrai, à une formation nouvellement constituée: Combat socialiste [12]. En outre, l'impact du Rassemblement jurassien (RJ), quoique toujours présent, n'a pas été aussi déterminant; les principaux leaders n'ont plus fait les scores extraordinaires qu'ils avaient réalisés lors de l'élection de l'AC [13].
Trois paramètres ont conditionné l'élection au système majoritaire du gouvernement: 1) l'intérêt particulier des partis, 2) les exigences régionalistes, 3) l'objectif avoué du RJ de constituer un exécutif «dur» composé uniquement de purs militants de la cause jurassienne dans la perspective des négociations avec Berne et de la réunification avec le Sud [14]. Concrètement toute la campagne électorale s'est articulée autour de ce principe: éviter que le Parti radical orthodoxe occupe un siège au sein de l'organe gouvernemental. Il s'agissait donc de former une liste d'entente entre les partis de la coalition du 23 juin pour la répartition des cinq mandats et l'opposer à une éventuelle candidature du PRD, qui paierait ainsi sa position dans la lutte pour l'indépendance [15]. Cependant, la base du PDC, hostile à l'idée d'une élection bloquée, présentait un troisième candidat favorisant ainsi un premier tour de scrutin ouvert [16]. Au soir du premier vote, seul F. Lachat président de l'AC fut largement plébiscité et ce n'est qu'au terme du second tour que la solidarité séparatiste a finalement triomphé permettant notamment au radical réformiste R. Jardin de combler son retard sur le candidat libéral-radical. Ce gouvernement jeune (moyenne d'âge 39 ans) et plus ou moins homogène (tous les élus étaient membres du comité directeur du RJ) est représentatif de l'orientation centre gauche de la constitution jurassienne [17].
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Berne
Dans le canton de Berne les élections d'avril étaient doublement marquées par la question jurassienne: elles se sont déroulées dans une phase transitoire précédant l'accession officielle du Jura à la souveraineté cantonale. De plus elles jouaient pour la partie du Jura restée bernoise le rôle d'un nouveau plébiscite où l'antagonisme autonomistes-antiséparatistes a traversé une nouvelle fois les partis traditionnels [18]. C'est le terme «stabilité» qui a caractérisé à merveille l'élection au Grand Conseil. Les Bernois en général ont fait confiance aux partis en place. L'UDC, l'AN et les républicains ont perdu des sièges au profit des radicaux et de divers petits partis. Avec 74 mandats, I'UDC reste la force politique majeure du canton; alors que trois nouvelles formations (Alternative démocratique à Berne-Ville, Union démocratique fédérale à Thoune et Unité jurassienne) font pour la première fois leur apparition au parlement [19]. Dans les cercles électoraux du Jura-Sud, les autonomistes ont réussi à conserver deux sièges à Moutier et à renforcer leur position à Courtelary. Quant à Force démocratique, même s'il n'a pas pu enrayer la relative poussée d'Unité jurassienne, certains de ses candidats ont obtenu des scores personnels assez exceptionnels [20]. Renouvelé également en avril sous l'ancienne constitution, le Conseil d'Etat n'a enregistré aucune modification. Les deux nouveaux représentants du Jura-Sud, H.-L. Favre (prd) et H. Sommer (ps), ont facilement été élus [21].
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Zoug
A Zoug, le Parti socialiste a fait une importante progression au législatif cantonal, confirmant ainsi les excellents résultats obtenus en 1977 lors des élections communales. Le PRD et surtout l'Alliance des indépendants ont été les principales victimes. Quant au PDC, il a conservé la majorité des sièges [22]. Au sein de l'exécutif, aucun changement n'est intervenu; les démocrates-chrétiens détiennent toujours la majorité absolue [23].
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Glaris
Dans le canton de Glaris peu de bouleversements sont intervenus. Les socialistes, même s'ils n'ont gagné aucun mandat nouveau, font en pourcentage une poussée intéressante (+ 4,4%) au parlement, compensant ainsi en partie leur échec pour l'obtention du siège au Conseil national. De son côté, le PRD est en perte de vitesse. Les sept anciens conseillers d'Etat ont pour leur part tous été réélus [24].
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Nidwald
A Nidwald, les votations ont été caractérisées par une lutte au «couteau» entre le PDC et le PRD. Tous deux sont restés sur les positions acquises en 1974 et les socialistes n'ont pas réussi à récupérer le mandat qu'ils avaient perdu quatre années auparavant [25].
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Obwald
Enfin à Obwald, les élections des autorités n'ont rien apporté de nouveau. Une seule surprise a été enregistrée au Grand Conseil où l'ex-président C. Diethelm (prd) a été battu par un candidat PDC [26].
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Grisons
Aux Grisons les cinq sièges du Conseil d'Etat ont été renouvelés en avril. Il a fallu deux tours de scrutin pour élire les cinq candidats bourgeois opposés à un candidat socialiste (le PS cherchait à récupérer son mandat perdu en 1971). C'est sans surprise que les partis bourgeois l'ont finalement emporté [27].
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Elections complémentaires au gouvernement
Dans certains autres cantons, des élections complémentaires au gouvernement se sont déroulées. En Valais, le député démissionnaire A. Bender (prd) a été remplacé par le radical B. Comby et dans le pays d'Uri, c'est à la suite du décès de W. Huber (pdc) que l'outsider H. Danioth (pdc) a été élu en lieu et place du candidat officiel des démocrates-chrétiens H. Zurfluh [28]. A Lucerne, la retraite de A. Muheim (ps) a donné lieu à un véritable affrontement entre l'indépendant E. Müller et le socialiste H.-E. Balsiger. C'est avec une différence de voix minime que le socialiste s'est imposé [29]. Dans le canton de Saint-Gall, P. Gemperli (pdc) a succédé au conseiller A. Schmuki (pdc) et enfin à Zoug, la mort prématurée de C. Staub (pdc) a contraint les citoyens à se déplacer aux urnes en septembre (deux mois avant les élections générales) pour désigner son successeur. C'est R. Meier (pdc) qui a été pressenti [30].
 
[7] Cf. APS. 1977, p. 38.
[8] TLM, 21, 21.1.78; GdL. 34. 10.2.78; JdG, 51, 2.3.78 et presse du 7.3.78. Lausanne: cf. APS, 1977, p. 34.
[9] 24 Heures, 5.7.1.78 ; TLM, 15. 15.1.78: 22.22.1.78 : JdG, 23.28.1.78 ; NZZ, 43.21.2.78 ; Presse du 6.3 au 8.3.78.
[10] Une seule formation nouvelle s'est constituée, Combat socialiste, apparentée du reste pour cette élection au POP: 24Heures, 250, 27.10.78; JdG, 256, 2.11.78. Cf. supra, part. I, 1d (Question jurassienne) ainsi que APS, 1976, p. 25 s.
[11] Pourcentages obtenus par les formations politiques respectivement en 1976 et 1978: PDC 32,2 % — 32,5 %; PRD: 21,4% 23,7%; PS 17,2%— 18,1%; Parti chrétien-social indépendant (PCSI): 13,8%— 13,8%; Parti radical réformiste (PRR): 5,2% — 7,5%; POP 1,1% — POP/Combat socialiste 3,3 %: résultats pour 1976 in La Suisse, 83, 24.3.76.
[12] Presse des 21 et 22.11.78.
[13] R. Béguelin par exemple perd environ 5000 suffrages par rapport à son élection à la Constituante.
[14] 24 Heures, 276, 16.11.78. A propos des exigences régionalistes: l'Ajoie exigeait au moins 2 candidats et les Franches-Montagnes.
[15] Dans l'esprit du RJ cette liste bloquée devait être composée de : 2 PDC -1 PS -1 PCSI -1 PRR : JdG, 142, 21.6.78; 24 Heures, 241, 17.10.78; 268, 17.11.78; TLM, 302, 29.10.78; Lib., 28, 2.11.78.
[16] Les délégués du PDC réunis en Assemblée avaient cependant précisé que le candidat le plus mal placé se désisterait au second tour au profit de l'Entente: 24 Heures (ats-air), 252, 30.10.78; TA, 254, 1.11.78.
[17] Presse du 25 au 27.11.78.
[18] JdG, 91, 20.4.78.
[19] Presse du 24 au 27.4.78. A cause de nombreuses listes apparentées, I'UDC, qui gagne pourtant des suffrages, a perdu des sièges.
[20] Lib., 171, 25.4.78.
[21] Presse des 25 et 26.4.78.
[22] L'AN, forte de 2 sièges, ne se présentait pas pour cette élection : TA, 260, 6.11.78 ; 264, 13.11.78 ; Vat., 263, 13.11.78; LNN, 263, 13.11.78.
[23] NZZ, 201, 31.8.78; 243, 19.10.78 et presse du 13.11.78.
[24] Presse alémanique du 13.3.78.
[25] LNN, 71, 28.3.78; 101, 2.5.78 et presse alémanique du 29.5.78. Cf. APS, 1974, p. 32.
[26] BaZ, 123, 9.5.78; LNN, 118, 24.5.78 et presse alémanique du 29.5.78.
[27] NZZ, 73, 30.3.78; 92, 21.4.78; BaZ, 76, 3.4.78; 77, 4.4.78; 94, 24.4.78. Cf. APS, 1971, p. 41 s. Se sont retirés de l'exécutif: J. Schutz (prd), G.G. Casaulta (pdc) et G. Vidi (pdc). Les nouveaux élus sont: R. Mengiardi (prd), R. Sciuchetti (pdc) et D. Cadruvi (pdc).
[28] Valais: TLM, 98, 28.4.78; 332, 28.11.78; 338, 4.12.78. Uri: LNN, 103, 5.5.78; 139, 19.6.78; Vat., 128, 6.6.78; 131, 9.6.78; 139, 19.6.78.
[29] LNN, 17, 21.1.78; 82, 10.4.78; 104, 6.5.78; Vat., 110, 13.5.78; 121, 29.5.78.
[30] Saint-Gall : NZZ, 78, 5.4.78 ; Ostschweiz., 224, 25.9.78. Zoug: Vat., 167, 21.7.78 ; 200, 30.8.78 ; LNN, 180, 5.8.78; 198, 29.5.78.