Année politique Suisse 1979 : Grundlagen der Staatsordnung / Wahlen / Elections fédérales
Le résultat des élections au Conseil national du 21 octobre ne créa
pas de surprise pour l'essentiel. La
tendance au retour aux grands partis s'est poursuivie, mais, contrairement à 1975, seuls les trois partis bourgeois en ont profité, tandis que les socialistes perdaient quelques voix
[24]. L'Alliance des indépendants et l'extrême-droite ont continué de reculer, alors que l'extrême-gauche a, en revanche, progressé de nouveau, ce qui fait que, dans l'ensemble, les partis de gauche ont légèrement accru le taux de leurs suffrages. Parmi les grands partis, seuls le PRD et l'UDC ont réussi à augmenter le nombre de leurs électeurs; il en a été de même, dans les petits partis, des libéraux, des évangélistes, du POCH et du PSA. Dans une perspective globale, on constate que l'aile droite de la coalition gouvernementale est parvenue à renforcer sa position en raison même des pertes subies par les groupes d'opposition de la droite et du centre. On a notamment remarqué que l'UDC avait retrouvé sa vigueur après plus de 20 ans de revers
[25]. Quant au PRD, son pourcentage s'approche désormais de celui du PS.
Les modifications des rapports de force ont toutefois été différentes d'un canton à l'autre. Dans certains d'entre eux, tant le groupe des partis bourgeois que celui des partis de gauche ont considérablement augmenté leurs proportions respectives d'électeurs
[26]. Ce furent surtout les cantons dans lesquels le PRD et le PS se sont disputés un siège au Conseil des Etats. Dans d'autres cantons, le déplacement eut lieu unilatéralement de gauche à droite. Ainsi, à Berne, le PS a perdu, au profit de l'UDC, le premier rang parmi les partis, alors qu'il l'avait occupé quatre décennies durant. Dans le canton de Vaud, les socialistes ont aussi cédé leur uremière place aux radicaux aui retrouvent ainsi — après l'éclipse d'une législature — leur suprématie
[27]. Toutefois, des déplacements d'importance relative ont été enregistrés entre partis cantonaux proches : aux Grisons, le PRD l'a emporté sur l'UDC (ancien Parti démocratique) et à Bâle-Ville, ce même parti a repris la tête des partis bourgeois. En revanche, à Genève et à Neuchâtel, il a cédé la place aux libéraux.
Les modifications survenues dans la répartition des sièges sont aussi restées dans certaines limites et ont ainsi confirmé l'impression de stabilité qui caractérise le système des partis politiques en Suisse. En chiffres absolus, le gain le plus grand a profité au PRD avec 4 sièges, tandis que les socialistes ont subi la perte la plus élevée avec 4 sièges également. Ces deux partis ont donc maintenant le même nombre de mandats (51). A l'extrême-droite, l'Action nationale a conservé ses deux sièges, alors que les républicains, orphelins de leur fondateur James Schwarzenbach, ont disparu à l'exception d'un représentant du mouvement genevois Vigilance. L'extrême-gauche, en revanche, a progressé, passant de 5 à 7 représentants. Sur ce nombre, le traditionnel PdT n'occupe plus désormais que 3 sièges. Enfin, petite nouveauté, un écologiste a été élu
[28].
Malgré l'importance relative de ces modifications, divers observateurs ont cru pouvoir discerner un changement qualitatif au sein de la chambre du peuple. En effet, la polarisation est désormais plus marquée, non seulement à cause des succès obtenus par les bourgeois de droite d'une part et de l'extrême-gauche d'autre part, mais encore'à cause de l'entrée en jeu de nouveaux partisans'd'une politique mieux profilée. 14 parlementaires qui se représentaient à leurs électeurs n'ont pas été réélus (18 en 1975). Cependant, étant donné que le nombre des départs fut plus élevé, le renouvellement du Conseil national a été plus ample qu'il y a quatre ans (1979: 29,5%; 1975: 25,5%)
[29]. Parmi les socialistes élus pour la première fois, on note plusieurs tenants de l'aile gauche, enclins à la confrontation, tandis qu'en revanche plusieurs radicaux nouvellement élus appartiennent de façon assez nette aux milieux proches du patronat. Le nombre des conseillers nationaux provenant d'associations professionnelles ou économiques s'est aussi accru
[30]. Par ailleurs, les jeunes sont plus nombreux au sein de ce Conseil
[31], alors que les femmes y voient leur représentation s'améliorer (10,5% contre 7,5% en 1975)
[32].
Le conflit du Jura qui persiste a engendré un phénomène particulier de polarisation. Etant donné que, dans le
Jura-Sud, seuls les séparatistes avaient établi une liste régionale «interpartis», l'élection de candidats antiséparatistes étaient incertaine. C'est pourquoi les trois grands partis bernois ont fait une grande publicité en faveur des Jurassiens du Sud figurant sur leurs listes, candidats qui, tous, avaient une orientation antiséparatiste. Ils ont ainsi déclenché une vague de sympathie chez les électeurs de l'ancien canton: trois candidats du Jura-Sud ont en effet obtenu, de façon totalement imprévue, des résultats record: mentionnons Geneviève Aubry (PRD), qui est à la téte de l'organisation des femmes antiséparatistes, ainsi que Jean-Paul Gehler (UDC), l'ancien chef du mouvement Sanglier
[33]. Ainsi, le Conseil national compte cinq membres qui représentent le Jura-Sud, à savoir quatre antiséparatistes et un séparatiste
[34]. Quant au canton du Jura, il dispose de deux sièges.
[24] Cf. APS, 1975. p. 33.
[25] Pourcentage des électeurs du Parti des paysans, artisans et bourgeois (PAB) en 1951: 12.6; pourcentage des électeurs de I'UDC en 1975: 9.9.
[26] Dans les cantons de ZH, FR, BS et AG. le pourcentage des électeurs favorables aux partis bourgeois (PRD. UDC ou PL), ainsi que celui des électeurs de gauche (PS, PdT, POCH) augmentèrent simultanément de plus de 10%.
[27] Dans les cantons catholiques de SZ, ZG et VS, le taux du PRD s'accrût de plus de 10%, tandis que celui du PS diminua dans une proportion analogue.
[28] Stabilité: Bund, 248. 23.10.79: Ldb, 245. 23.10.79: SGT, 248. 23.10.79; Ww, 43. 24.10.79. – Extrême-gauche: Le POCH conquit 2 sièges (ZH et BS). Le socialiste autonome J.-Cl. Crevoisier (séparatiste du Jura-Sud), qui avait quitté le groupe du PSS en mai déjà, se joignit au représentant du PSA tessinois (TLM, 147. 27.5.79). – Ecologiste: Daniel Brélaz du Groupement pour la protection de l'environnement du canton de VD.
[29] Tenant compte des changements en cours de législature. le taux de renouvellement d'une élection à l'autre s'élevait à 42% (1971–1975: 31.5%). Parmi les non réélus, 8 perdirent leur siège à cause de perte de mandat du parti et 5 en étant dépassé par des compagnons de liste. En plus, M. Cossy (prd. VD). qui n'avait plus été nommé par son parti à cause de divergences politiques. échoua, s'étant présenté en tète d'une liste dissidente (TLM, 271, 28.9.79).
[30] SAZ, 43.25.10.79: SP-Information. 63.25.10.79; LNN. 249.26.10.79; SGT, 251, 26.10.79; Bund, 273, 21.11.79 ; Profil. 1979. p. 353 s. Parmi les porte-parole des associations économiques, mentionnons les noms de H. Allenspach (prd, ZH). directeur de l'Union centrale des associations patronales suisses, et de W. Messmer (prd. TG), président de la Société suisse des entrepreneurs. Pour les engagements économiques des élus. cf. Unser Parlament, p. 6 ss.
[31] La proportion des députés de moins de 40 ans s'éleva à 14% (1975:7.5 %). ce qui n'était jamais arrivé depuis 1925. L'âge moyen s'abaissa de 52 (1975) à 51 ans (Office fédéral de la statistique. Elections au Conseil national 1979, Aperçu. Berne 1979. p. 26).
[32] Cf. ibidem. p. 25 s. Répartition des 21 élues par parti : PS 8 (1975:5 ). PRD 8 (4). PDC 4 (5). POCH 1 (-), PL–(1). Les cantons comptant plus d'une députée furent: ZH 5 (5). BS 2 (1), SG 2 (2), VD 2 (1).
[33] Nombre de voix: G. Aubry 123 493 (devant O. Fischer. directeur de I'USAM. 84 755 voix). J: P. Gehler 102 524 (devant W. Martignoni. conseillerd'Etat. 61 166 voix). F. Loetscher. maire socialiste de St-Imier. 118 649 (devant F. Rubi. en même temps candidat aux Etats. 112 681 voix). Cf. BZ, 225.26.9.79 ; JdG, 232.5.10.79 ; NZZ, 235. 10.10.79; Bund, 244. 18.10.79 ainsi que supra. part. I, 1d (Jurafrage).
[34] Antiséparalistes: 2 radicaux, 1 UDC, 1 socialiste. Séparatiste: J.-CI. Crevoisier (psa), cf supra. note 28. En 1975. toute la partie jurassienne du canton de BE fut représentée par 3 antiséparatistes (1 PRD, 1 UDC, 1 PS) et par 2 séparatistes (1 PDC, 1 PS): cf. APS, 1975. p. 28. note 38.
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