Année politique Suisse 1979 : Infrastruktur und Lebensraum / Erhaltung der Umwelt
 
Air
Le premier contrat de protection de l'environnement couvrant toute l'Europe fut paraphé à Genève en novembre. Il s'agit d'une convention sur la pollution de l'air, ayant pour but de contrôler les pollutions atmosphériques dépassant les frontières et de développer de nouvelles technologies plus favorables à l'environnement,. Trente-deux Etats furent représentés, dont la Suisse, les pays de l'Est, les USA et le Canada [10]. La pollution atmosphérique par le chauffage, le trafic et l'industrie augmenta régulièrement, de telle sorte que maintenant l'air pollué est devenu un des problèmes principaux de toutes les grandes villes. La valeur en gaz toxiques mesurée à Zurich atteignit encore des chiffres alarmants. Malgré le contrôle des chaudières introduit en 1962, la ville se tint à peine au-dessous des normes limites fixées pour la teneur en dioxyde de soufre. A Bâle, en revanche, l'état de l'air fut meilleur. On attribua ceci au remplacement de l'huile lourde par le gaz naturel et au chauffage à distance avec le système des hautes cheminées [11].
Le trafic étant responsable d'environ 30 à 35% de la pollution atmosphérique, on s'efforça de réduire la toxicité des gaz d'échappement. Plusieurs interventions parlementaires prouvèrent que l'on se préoccupa sérieusement de la question. La motion Früh (prd, AR), en particulier, qui demandait la réduction de la teneur en plomb de l'essence super fut acceptée par le Conseil des Etats, après avoir eu le même succès auprès du Conseil national en automne 1978. Les organisations de protection de l'environnement et plusieurs députés le réclamaient déjà depuis longtemps. Les compagnies pétrolières virent une telle mesure d'un mauvais oeil. Certaines arguèrent de difficultés d'approvisionnement et d'un renforcement de la concurrence en faveur des grandes sociétés. Le Conseil fédéral céda pourtant à la pression populaire et décida, en juillet, de réduire la teneur en plomb de 0,4 g à 0,15 g/1 jusqu'en 1982 [12].
On rappela aussi au gouvernement les promesses faites lors du rejet de l’intiative Albatros, concernant les autres matières toxiques des gaz d'échappement. Pour prendre des mesures plus sévères, l'exécutif devrair résilier la convention de la Commission économique pour l'Europe sur les équipements et pièces de véhicules à moteur, signée en 1973 et qui énumère les normes internationales concernant les gaz. Afin d'éviter l'opposition des autres Etats, le gouvernement chercha un compromis. Il décida, en juillet également, de résilier la convention et d'édicter des règlements plus stricts, mais qui n'entreront pleinement en vigueur qu'en 1986. A partir de 1982 la Suisse connaîtra les normes existant actuellement en Suède et aux Etats-Unis. La nouvelle fut mal accueillie. Les organisations de protection de l'environnement approuvèrent la résiliation de l'accord, mais estimèrent que reculer le délai d'application jusqu'en 1986 était une manière de tromper les citoyens, à qui l'on avait promis des délais plus courts. Elles se plaignirent de la perméabilité du Conseil fédéral aux considérations de l'industrie. Le Touring Club Suisse critiqua en revanche la résiliation, pensant qu'elle conduirait à un gonflement des stations fédérales d'examen et d'essai, et rendrait difficile l'importation directe de véhicules. Il soutint qu'on ne pourrait atteindre ces normes jusqu'en 1986, pour des raisons techniques. L'organisation faîtière des importateurs et constructeurs suisses de la branche des véhicules s'exprima de la même manière. La CEE s'étonna et déclara n'être pas en mesure de livrer des voitures correspondant aux nouvelles normes. La presse releva en conclusion que le gouvernement avait essayé de choisir une voie moyenne entre des oppositions irréductibles, et n'avait pas ainsi fait preuve de beaucoup de courage [13].
La lutte contre le fluor en Valais entra dans une phase de recherche. L'Institut fédéral de recherches forestières procéda à des essais pour déterminer le degré de responsabilité du fluor dans l'état de santé déplorable de certaines forêts valaisannes. Tenant compte des nombreuses plaintes de la population, les usines d'aluminium installèrent dans les endroits critiques de véritables laboratoires destinés à mesurer les émissions fluorées. Les dégâts occasionnés aux forêts et aux cultures par les émanations de l'entreprise martigneraine avait été estimés à environ 800 000 francs en 1977. L'évaluation sera sans doute encore plus élevée pour 1978. Le recours interjeté par cette industrie en 1978, auprès du gouvernement valaisan, contre l'obligation de réduire la charge polluante à 2,2 kg/t de production jusqu'à fin 1979, ayant été repoussé, la firme lança un recours de dernière instance auprès du Conseil fédéral [14].
 
[10] TA, 266, 14.11.79; JdG, 269, 17.1 1.79.
[11] Coop-Zeitung, 24, 14.6.79 ; JdG, 138, 16.6.79.
[12] Motion Früh: BO CE, 1979, p. 154 s. ; cf. APS, 1978, p. 113. Décision : presse du 12.7.79. Cf. aussi Ww, 32, 8.8.79.
[13] Promesses : APS, 1977, p. 116. Accord : cf. APS, 1973, p. 94. Décision du CF: BO CN, 1979, p. 1152 ss. et 1369 s.; cf. presse du 13.7.79. Cf. en outre: LNN, 151, 3.7.79; 159, 12.7.79; 160, 13.7.79; SGT, 275, 24.11.79 (CEE).
[14] Lib., 140, 19.3.79; 184,. 11.5.79; TLM, 103, 13.4.79; cf. aussi APS, 1978, p. 114.