Année politique Suisse 1979 : Sozialpolitik / Soziale Gruppen
Jeunesse
Comme on l'avait déjà observé ces dernières années, désillusion et résignation sont devenues les caractéristiques de la jeunesse. Une étude du Cartel des associations de jeunesse (CSAJ) révèle que les adolescents souffrent de n'être pas considérés comme des hommes à part entière. Le CSAJ s'efforce de changer cette situation. D'accord avec la Commission fédérale pour la jeunesse, il estime que la place réservée aux jeunes dans le projet de Constitution fédérale est insuffisante. Il voudrait une mention expresse du fait que les mineurs sont au bénéfice des droits fondamentaux et l'adjonction du droit à la liberté de choisir sa formation
[37].
En matière de politique de la jeunesse, divers efforts
d'intégration des groupes marginaux ont été entrepris. Zurich a lancé une action au printemps 1979: des étudiants mandatés par la municipalité, devaient essayer d'entrer en contact avec les jeunes, qui traînent dans les rues pour évaluer leur besoin d'aide et leur volonté de collaboration. Un psychologue devait alors faire les premiers essàis d'animation de rue. Diverses critiques ont obligé la ville à repousser l'expérience pour permettre quelques corrections
[38]. Autre groupe dont l'adaptation demande des efforts, les enfants d'étrangers de la deuxième génération, nés en Suisse. Partagés entre leur lieu d'origine et leur terre d'accueil, ils rencontrent des difficultés aussi bien dans leurs relations avec leurs parents, que pendant leur formation et sur le marché du travail. Peu soutenus à la maison, ils tombent plus facilement dans la délinquance juvénile. C'est pourquoi on a discuté des possibilités d'intégration par l'école, les loisirs ou le travail social de rue
[39].
Une loi vaudoise instituant des arrêts jusqu'à dix jours, sans possibilité de recours, contre les adolescents suivis par le Département de la prévoyance sociale et coupables d'indiscipline grave ou répétée, fut contestée. Une dizaine d'associations, portant intérêt à la jeunesse ou aux droits de l'homme, recoururent au Tribunal fédéral pour anticonstitutionnalité de ce texte qui impose une sanction d'enfermement pour un délit non pénal. Elles estimèrent que ceci viole les principes de proportionnalité et le droit à la protection juridique, tout en étant pédagogiquement inefficace
[40].
En 1978, la ville de Zurich avait publié un rapport sur la conception des loisirs de la jeunesse. La procédure de consultation fut ouverte en 1979. Le PS zurichois estima que la structure consistant en une maison de jeunesse centrale et des points de rencontre de quartier était insatisfaisante. Le bâtiment central ne permettrait pas assez la participation et serait trop éloigné pour la plupart des adolescents. Les points de rencontre de quartier ne disposeraient pas d'installations suffisantes. Le PRD ainsi que Pro Juventute regrettèrent surtout que le modèle proposé conduise à une atomisation de la société par classes d'âge. Les jeunes non organisés ne voulurent pas démordre d'un centre autonome dans le sens de l'ancien Schindlergut. De manière générale les critiques furent vives et le projet dut être abandonné. La politique zurichoise de la jeunesse se trouve ainsi encore une fois dans une impasse
[41].
Les questions les plus inquiétantes en matière de jeunesse demeurent cependant celles de
l'alcool et de la drogue. L'Institut suisse de prophylaxie de l'alcoolisme publia une étude édifiante. L'enquête menée auprès de 3541 écoliers de 12 à 16 ans révéla que les quatre cinquièmes d'entre eux buvaient plus ou moins régulièrement de l'alcool, tandis que près du tiers des adolescents de 16 ans avouaient s'être trouvés en état d'ivresse au moins une fois dans les deux mois précédant l'interrogation. Le résultat mit en évidence un rapport étroit entre alcool et problèmes scolaires, entre cet abus et un manque d'information. L'accroissement de la consommation de drogues est aussi sensible. Les drogues fortes et la criminalité qui les accompagne se répandent. Les jeunes dépendants de l'héroïne sont estimés à environ 5000, ce qui représente une augmentation de 10 à 20% par rapport aux années passées, mais on ne dispose pas de statistiques exactes
[42].
[37] BaZ, 5, 6.1.79; Vr, 64, 13.3.79; TA, 112, 16.5.79. CSAJ et Commission fédérale: TLM, 77, 18.3.79; Lib., 43, 20.11.79; 24 Heures, 270, 20.11.79; cf. aussi APS, 1977, p. 138; 1978, p. 133. Pour la révision totale de la Constitution, cf. supra, part. I, 1a (Totalrevision der Bundesverfassung).
[38] TA, 44, 22.2.79; 97. 27.5.79; 24 Heures, 90, 19.4.79.
[39] Ldb, 211. 13.9.79; LNN, 243, 19.10.79; NZZ, 282, 4.12.79. La commission italo-suisse chargée des problèmes scolaires liés à l'immigration a procédé à un examen général des réalisations récentes en matière de scolarisation des enfants étrangers (Lib.. 96. 26.1.79; TA, 138, 18.6.79).
[40] 24 Heures, 64, 17.3.79.
[41] PS: Vr, 78, 15.5.79. Pro Juventute: NZZ, 79, 4.4.79. PRD: NZZ, 80, 5.4.79. Non organisés: NZZ, 92, 21.4.79. Cf aussi APS 1978, p. 134.
[42] Alcool; TA, 19, 24.1.79; BaZ, 26. 31.1.79. Drogue: LNN, 145, 26.6.79; cf. supra, part. I, 7b (Santé publique).
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