Année politique Suisse 1979 : Bildung, Kultur und Medien / Bildung und Forschung
Ecoles primaires et secondaires
Quelques essais de réformes intercantonales coordonnées furent tentés dans les écoles primaires et secondaires. La polémique au sujet de la date des rentrées scolaires continua. La volonté populaire en faveur de l'unification est évidente. L'enquête d'Isopublic, menée fin 1978, avait révélé que 98% des Suisses y étaient favorables. Les divisions s'étaient manifestées cependant lorsqu'il s'était agi de savoir à quelle saison l'année devrait commencer. Tandis que 55% s'étaient prononcés pour le printemps, 35% avaient préféré l'automne. Pour mettre fin à ces discussions, beaucoup souhaitent une solution imposée par la Confédération. Une commission du Conseil national eut à s'occuper de deux initiatives d'Etat, de Zoug et de Schwytz, et d'une initiative parlementaire du député Merz (ps, AR) qui toutes exigeaient que la fixation du début de l'année se fasse au niveau fédéral. Douze partis radicaux cantonaux alémaniques décidèrent de promouvoir une initiative populaire pour une solution nationale. Celle-ci fut tout de suite soutenue par le PRD suisse et par l'UDC, tandis que la Romandie s'en méfia craignant qu'elle ne remette en cause sa propre coordination
[4].
L'
école romande en revanche fait de rapides progrès. Après l'unification des quatre premières années, la Commission intercantonale proposa en 1979 le plan d'ensemble des degrés cinq et six. Il ne s'agit pas seulement d'une harmonisation mais d'une actualisation des objectifs et des contenus. Un nouveau livre de français, qui tient compte des dernières découvertes de la pédagogie et de la linguistique fut imprimé. Son vocabulaire spécialisé fut taxé d'hermétique par des maîtres inquiets de cette brusque rupture avec la tradition. Des tensions naquirent parmi les enseignants vaudois qui durent utiliser cette méthode en 1979 déjà, tout en ayant l'impression de ne pas encore la posséder entièrement. Une pétition demanda un report d'une année et plusieurs interventions au Grand Conseil montrèrent la perplexité des autorités devant une telle rapidité
[5].
En matière de
réformes cantonales, un point fit naître des discussions nourries dans plusieurs cantons: l'âge et les modalités d'entrée à l'école secondaire. On put observer une opposition entre deux conceptions différentes de l'école: l'une poussant en direction d'un tri précoce et strict, l'autre souhaitant une sélection tardive et perméable. Le POCH bernois lança une initiative cantonale demandant entre autre la suppression des examens et l'aménagement d'un degré d'observation commun en cinquième et sixième. Dans le canton de Vaud, un rapport du Conseil d'Etat visait des buts semblables: il proposait au Grand Conseil d'introduire un cycle d'orientation portant sur la cinquième et la sixième, selon l'expérience actuellement en cours à Vevey. Alors que la gauche et le Mouvement école, parents, enseignants, élèves se montrèrent favorables à cette idée, la droite et la Société vaudoise des maîtres secondaires préféraient une option portant sur les classes quatre et cinq
[6].
Les divergences entre les visions de l'école se révélèrent aussi à propos du problème de la notation. L'attribution de notes fut souvent remise en cause. A Berne, à Bâle-Ville et en Argovie, on proposa d'y renoncer dans les premières classes. Genève alla un peu plus loin en ordonnant leur abandon au degré primaire dans trois écoles du canton. Le Grand Conseil lucernois se montra le plus novateur en acceptant, sans opposition, le postulat Meier (poch) qui préconisait la renonciation à la notation pendant les trois premières années d'école
[7].
Parmi les autres mouvements de réforme, on put encore observer des tentatives d'introduction de la
semaine de cinq jours. Selon une enquête de Publitest, 64% des parents en seraient partisans. Une initiative en faveur de cette innovation aboutit à Genève. L'Association vaudoise des parents d'élèves commença une récolte de signatures pour une initiative vaudoise sur cet objet
[8]. La tendance à diminuer les effectifs des classes dépassa également le cadre d'un canton. Alors que Bâle-Ville dut ouvrir une vingtaine de classes au printemps 1979 pour respecter la volonté populaire exprimée l'année précédente, le parlement lucernois accepta un projet de loi réduisant d'une manière moins sévère le nombre d'élèves par classe. L'effectif normal fut ainsi fixé à 25 écoliers, les maxima étant plus élevés. A Saint-Gall, un projet de loi prévoit 20 à 30 enfants par classe. Dans le canton d'Uri, la VPOD lança une initiative demandant l'abaissement à 26. Celle-ci fut soutenue par la Société uranaise des maîtres et aboutit. De manière générale, la volonté de réduction des classes est favorisée par la diminution actuelle du nombre des élèves
[9].
Dans le cadre de la réforme partielle de la loi bernoise, on peut signaler deux modifications intéressantes: la création de bases légales, d'une part pour le soutien de l'école française de Berne et, d'autre part, pour la conduite d'expériences didactiques, telles que l'essai global «Manuel». Concrètement, l'institution francophone serait étatisée au plus tard en 1981 et aurait les mêmes structures que les autres établissements scolaires cantonaux. Elle recevrait une aide de la Confédération et de la commune. Ce serait la première entorse au principe de la territorialité des langues en Suisse. Les Romands accueillirent la nouvelle avec joie tandis que la Société de l'école de langue française de Berne restait sur la réserve, regrettant que l'on ne prenne pas en compte tous les enfants francophones
[10]. Autre innovation scolaire: le parlement de la ville de Zurich donna le feu vert à une expérience d'école journalière. Les enfants sont pris en charge tôt le matin, suivent les cours comme dans n'importe quel autre établissement public, dînent et sont occupés jusqu'au soir. Les essais ont commencé avec trois classes, au printemps 1980. Ce sont les premiers de ce genre en Suisse
[11].
Une tentative de regroupement de différentes institutions souleva de nombreuses vagues. Il s'agit de la volonté de la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique de réunir à Berne le Centre suisse de documentation en matière d'enseignement et d'éducation de Genève et le Centre de coordination pour la recherche en matière d'éducation d'Aarau. Les deux cantons concernés répondirent à cette décision avec indignation. Argovie recourut au Tribunal fédéral, invoquant une irrégularité lors de la votation, et la plainte fut prise en considération
[12].
Concernant le statut des
enseignants, la lutte pour la reconnaissance de certains droits prit une allure assez active. Après que le congrès de la Société pédagogique romande de Fribourg ait revendiqué diverses libertés politiques, le droit d'être objecteur de conscience, une égalité des traitements fondée sur des critères objectifs et la sécurité de l'emploi, il ne resta plus qu'à défendre ces préceptes dans la pratique. L'application de la liberté politique fit naître quelques conflits. On observa que les pressions devenaient plus nettes depuis que la conjoncture était défavorable aux enseignants. L'affaire de Köniz souleva un très grand nombre de commentaires. Malgré la proposition presque unanime de la commission scolaire, K. Bohren, membre du POCH, ne fut pas acceptée comme maîtresse primaire, le bloc bourgeois du parlement communal ayant empêché son élection. Un comité de soutien se créa. On envoya une lettre ouverte munie de plus de 3400 signatures aux autorités politiques, pour les prier de tout mettre en ceuvre, afin de préserver à l'école liberté de pensée et neutralité. Un recours fut déposé à la préfecture, mais fut refusé, l'instance compétente ayant considéré que la liberté d'opinion des autorités communales devait aussi être protégée
[13].
Le problème le plus difficile reste pourtant celui du chômage des enseignants. On signala encore une augmentation en automne 1979. Les deux tiers des enseignants chômeurs étaient des maîtres primaires et les femmes étaient beaucoup plus fortement représentées. Les enseignants sans place étaient irrégulièrement répartis dans les cantons. Le Tessin fut particulièrement frappé, ainsi que Zurich et Berne. Les solutions les plus souvent proposées restent la création de postes à mi-temps, qui est déjà pratiquée dans quelques cantons et la remise d'une classe à deux maîtres
[14].
[4] Enquète: Ww, 29, 18.7.79. Initiatives d'Etat: NZZ (sda), 49, 28.2.79; SGT, 126. 1.6.79. Initiative parlementaire: Délib. Ass. féd., 1979,1, p. 16. Partis radicaux (BE, BL, GL. GR. LU, NW, 0W, SG, SO, SZ, UR, ZG) et soutien du PRDS : JdG, 203, 31.8.79 ; 24 Heures, 202, 31.8.79. U DC : NZZ (sda), 190. 18.8.79. Romandie: NZZ, 208, 8.9.79. Cf. aussi NZZ, 184, 1 1.8.79 ainsi que APS, 1978, p. 135.
[5] TLM, 54, 23.2.79; 195, 14.7.79 ; JdG, 118, 22.5.79 ; 24 Heures, 195. 23.8.79 ; 272, 22.1 1.79. Cf. aussi APS, 1977, p. 141.
[6] Berne: TW, 280, 29.11.79. Vaud: V0, 35, 21.2.79 (VPOD) ; TLM, 54, 23.2.79 (Jeunesse PRD); 24 Heures, 46, 25.2.79 (PS); 48, 27.2.79 (Grand Conseil); TLM, 111, 21.4.79 (Mouvement). Cf. aussi APS, 1977, p. 141 ; 1978, p. 135 s.
[7] Berne: TW, 280. 29.11.79. Bâle-Ville: BaZ, 14, 17.1.79; 124, 30.5.79. Argovie: LNN, 301, 31.12.79. Genève: JdG, 293. 15.12.79. Lucerne: LNN, 247, 24.10.79.
[8] Publitest: 24 Heures, 158, 10.7.79. Genève: JdG, 20, 25.1.79; VO, 19, 30.1.79; 74, 19.4.79; cf infra, part. II, 6b. Vaud: 24 Heures, 281. 3.12.79.
[9] Bâle-Ville: BaZ, 20. 24.1.79 (maximum de 25 élèves par classe). Lucerne: LNN, 13, 17.1.79; 216, 18.9.79: 275, 27.1 1.79. St-Gall: LNN, 13, 17.1.79. Uri : LNN, 97, 27.4.79 ; 278, 30.1 1.79. Cf. infra, part. Il, 6b ainsi que APS 1977, p. 141; 1978, p. 137.
[10] Ecole française: Bund, 114, 17.5.79; 24 Heures, 258, 6.11.79; 262, 10.11.79; TLM, 317, 13.11.79. «Manuel»: BaZ, 120, 25.5.79. Cf. infra, part. II. 6b.
[11] NZZ, 27, 2.2.79; TA, 71, 26.3.79; 212. 13.9.79; Brückenbauer, 19. 11.5.79. Cf. aussi Vat., 109. 10.5.79.
[12] JdG, 254. 31.10.79. Recours: JdG, 286, 7.12.79; LNN, 297, 24.12.79.
[13] Congrès: JdG, 65, 19.3.79 ; Köniz : TW, 24.30.1.79 ; 29.3.2.79 ; 63. 16.3.79 ; Bund, 26, 1.2.79 ; 27, 2.2.79 ; 108, 10.5.79. Refus du recours: Bund, 204, 1.9.79.
[14] BaZ, 292, 13.12.79. Cf. APS, 1977, p. 139.
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