Année politique Suisse 1980 : Sozialpolitik / Bevölkerung und Arbeit
Salaires
Selon les résultats de la statistique trimestrielle, les salaires mensuels ont progressé de 5,6% en moyenne entre le dernier trimestre 1979 et celui de 1980. Durant la même période, les salaires horaires ont connu une hausse de 6,4%. En termes réels, les gains ont été supérieurs respectivement de 1,4% et de 2,2% au niveau qu'ils avaient atteint une année auparavant
[14]. Pour la première fois, l'OFIAMT a régionalisé son enquête sur les salaires et les traitements pour 1979. Des différences sensibles apparaissent d'un canton à l'autre pour l'ensemble des branches économiques et en particulier pour les gains des employées. Ainsi, le salaire horaire moyen d'une femme était de 6,70 francs au Tessin, alors qu'il atteignait 11,85 francs à Bâle-Ville. En ce qui concerne les hommes, Appenzell Rhodes-Intérieures venait en dernière position avec un salaire horaire de 12,46 francs, tandis que Bâle-Ville prenait à nouveau la tête avec 15,15 francs
[15]. Quant aux salaires mensuels moyens, le canton de Zurich (3719) dépassait le plus la moyenne suisse pour les hommes (1979: 3523) et Genève (2578) se trouvait en tête pour les femmes. En revanche, le Tessin avec respectivement 3043 pour les employés et 1974 pour les employées se situait en fin de liste
[16].
La
question de l'indexation des salaires au coût de la vie a abondamment alimenté les discussions avec en particulier la publication du dernier rapport des «trois sages». (2e document accorde une large place à la répartition des revenus. Partant de l'hypothèse d'une croissance économique faible en Suisse pour 1980–1981 et de l'origine essentiellement importée de l'inflation, les experts craignent que le recours systématique à la compensation intégrale du renchérissement donne naissance à des adaptations trop différenciées d'un secteur à l'autre et par conséquent à des déséquilibres propres à entretenir la spirale inflationniste. Parmi les solutions envisageables, ils proposent d'adopter un système d'indexation partielle visant soit à limiter la compensation des salaires à l'évolution des prix (avec une aide spéciale aux petits revenus) soit à compenser entièrement le renchérissement jusqu'à un certain montant du revenu
[17]. Les milieux syndicaux ont réservé un accueil mitigé à ces suggestions. Ils ont notamment estimé que l'assouplissement des mécanismes de compensation n'apporterait que des corrections minimes à la structure actuelle des salaires et que le vrai problème résidait dans les écarts souvent disproportionnés entre les revenus
[18].
Ce contentieux a resurgi lors de l'examen aux Chambres du message fédéral concernant la prolongation du régime des allocations de renchérissement accordées au personnel de la Confédération pour les années 1981-1984
[19]. Des voix diverses se sont en effet élevées contre ce système de l'indexation automatique au coût de la vie. Les unes ont plaidé en faveur de l'introduction d'une échelle dégressive, les autres ont suggéré de ne plus compenser entièrement des hausses exceptionnelles imputables en particulier au pétrole ou d'autoriser le gouvernement à tenir compte de l'évolution de la conjoncture. L'Assemblée fédérale a néanmoins ratifié la proposition du Conseil fédéral de proroger pour quatre années la réglementation en vigueur, proposition qui a été soutenue notamment par le PS et le PDC
[20].
[14] La Vie économique, 54/1981, p. 95 ss.
[15] II s'agit de gains bruts, y compris les allocations sociales et de renchérissement, la rémunération du travail supplémentaire, etc.
[16] La Vie économique, 53/1980, p. 550 ss.; Bund, 203, 30.8.80; Suisse (ats), 246, 2.9.80; LNN, 206, 5.9.80; USS, 29, 17.9.80. Voir également l'évaluation des salaires et des traitements en 1979 in La Vie économique, 53/1980, p. 385 ss. et RFS, 40, 30.9.80.
[17] L. Weber / G. Bombach / H. Würgler, Rapport sur la situation et les problèmes de l'économie suisse en 1979/80, Berne 1980; Suisse, 135, 14.5.80; 150, 29.5.80; NZZ, 111, 14.5.80; 199, 24.5.80; TA, 111, 14.5.80. Cf. également l'avis du directeur de la BNS, F. Leutwiler (JdG, 21, 26.1.80; TW, 27. 2.2.80) et Journal des fonctionnaires fédéraux, 2, 7.2.80.
[18] Lib., 188, 16.5.80; TW, 113, 16.5.80; USS(communiqué), 18. 21.5.80; SP VPOD, 21, 22.5.80; VO, 20, 23.5.80.
[19] Cf. APS, 1979, p. 137. Ce régime, entré en vigueur en 1976, prévoit une adaptation des traitements au début de chaque semestre. Le CF peut verser des allocations complémentaires lorsque l'allocation semestrielle ne compense pas l'augmentation annuelle du coùt de la vie. Cf. APS, 1975, p. 130 s. ; 1976, p. 128.
[20] BO CN, 1980, p. 261 ss. ; BO CE, 1980, p. 185 ss. Voir également presse du 18.3.80 et du 4.6.80; SP VPOD, 13, 27.3.80; 24, 12.6.80; Journal des. fonctionnaires fédéraux, 6. 17.4.80; 11, 12.6.80. En ce qui concerne les revendications de l'Union fédérative pour une augmentation réelle du salaire. cf. infra, part. Ill b (Arbeitnehmer).
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