Année politique Suisse 1981 : Sozialpolitik / Bevölkerung und Arbeit
Marché du travail
Après s'être assainie durant la majeure partie de l'année, la situation sur le marché du travail s'est considérablement détériorée au cours du quatrième trimestre. Le
nombre de chômeurs complets a atteint un maximum plus que saisonnier en décembre (9149); l'effectif le plus bas ayant été dénombré en juillet (4 326). Toutefois, la moyenne annuelle a été quelque peu inférieure à celle de l'année dernière, s'inscrivant à 5 889 (1980: 6 255; 1979: 10 333). Si peu de variations ont à nouveau été enregistrées dans la répartition par groupes de professions, les branches de l'horlogerie et de la bijouterie ont, par contre, accusé un taux de chômage légèrement supérieur à celui établi en 1980. Comparée à la population active, la proportion la plus importante des sans-emploi a été recensée, comme l'année précédente, au Tessin, avec 0,6%, ainsi que dans les cantons de Genève, Valais, Bâle-Ville et du Jura, avec chacun 0,5% (Suisse: 0,2%). Pour sa part, le nombre de chômeurs partiels s'est élevé en moyenne à 5 704 (1980: 2128; 1979; 11935) et celui des heures chômées à 258 411 (1980: 83 305; 1979: 431053). Tout en demeurant encore largement en deçà du niveau atteint en 1979, le chômage partiel a malgré tout fortement progressé en 1981, surtout durant les trois derniers mois
[5]. Le secteur le plus touché a été l'industrie horlogère, quand bien même les usines spécialisées dans les «hauts de gamme» ont été épargnées. Dès octobre, plusieurs entreprises ont introduit un horaire réduit
[6]. Les perspectives d'avenir du marché du travail s'avèrent des plus incertaines. Certes, personne n'envisage un retour des taux de chômage observés vers le milieu des années 70, mais on s'attend ici ou là à des licenciements et à une hausse prononcée du chômage partiel dans certaines branches industrielles
[7].
Le débat engagé depuis quelques années dans notre pays sur les conséquences pour l'emploi de l'introduction toujours plus massive du
microprocesseur en électronique s'est poursuivi cette année encore. Bien que sur le fond, les analyses théoriques divergent quant aux effets prévisibles à long terme, force est de constater que la vague de rationalisation déclenchée par celui-ci contribue à entretenir un chômage structurel difficile à résorber en période de faible expansion économique. Des études récentes entreprises en Europe sur ce sujet concluent, dans la majorité des cas, à une stabilisation du niveau des places de travail pour les années à venir et donc à la persistance, voire à la hausse du chômage en raison de l'augmentation de la population active
[8]. Pour ce qui touche la Suisse, les projections tentées à ce jour sont plus optimistes. Le volume global de l'emploi ne devrait pas être affecté par la micro-électronique et pourrait même progresser. Cette tendance générale n'exclut évidemment pas le maintien d'un certain chômage structurel et de déséquilibres régionaux. Certaines catégories de travailleurs — particulièrement les semi- et non-qualifiés — pourraient pâtir de ces réadaptations dans la mesure où les nouvelles technologies requièrent des degrés de qualification sensiblement plus élevés
[9].Or sur ce point-là, les directions d'entreprises ont tendance à imposer ces innovations selon des critères de stricte rentabilité. C'est pourquoi les syndicats demandent que l'introduction du progrès technique soit effectuée de manière à limiter les conséquences sociales et économiques pour les salariés concernés. A cet égard, les conventions collectives et contrats de travail constituent la base nécessaire, mais non suffisante, pour contrôler l'évolution technologique et ses répercussions sur la main-d'oeuvre. Il s'agira en outre de promouvoir un certain nombre d'instruments légaux d'intervention dans les entreprises et d'intégrer progressivement les organisations syndicales à tous les niveaux du processus de décision
[10].
[5] La part des femmes au chômage total a légèrement augmenté, passant de 40,9% en 1980 à 41,1% en 1981. Elle est, cependant, restée inférieure aux 43,8 % atteints en 1979. Tout en dépassant encore le nombre de chômeurs complets, l'offre d'emplois en 1981 a régressé en moyenne de 3,5% par rapport à 1980. Cf. La Vie économique, 55/1982, p.122 ss.; APS, 1979, p. 132 s.; 1980, p. 119.
[6] TLM, 279, 6.10.81; 325, 26.11.81; SMUV-Zeitung, 40, 7.10.81; BaZ, 239, 13.10.81; NZZ, 271, 21.11.81; Suisse, 357, 23.12.81.
[7] En 1981, l'emploi a évolué de manière différente d'un secteur à l'autre. Contrairement à 1980, c'est le secteur des services (1,4%) qui a contribué plus fortement que le secondaire (+ 0,4%) à l'accroissement du nombre de personnes occupées. Il s'est accru en moyenne de 0,9 %. Cf. les données trimestrielles publiées par l'OFIAMT in La Vie économique, 54/1981, p. 366 ss., 595 s. et 783 ss. ; 55/1982, p. 75 ss. et 119 ss. Voir également Office fédéral de la statistique, Indicateurs sociaux pour la Suisse, vol. 3: emploi, Berne 1981; RFS, 42, 20.10.81; 50, 15.12.81; SP VPOD, 9, 4.3.82 ainsi que N. Blattner et al., «Arbeitsmarktliche Anpassungsprozesse: Problemstellung. Lösungsansätze, Datenbasis und erste Ergebnisse », in Revue suisse d'économie politique et de statistique, 117/1981, p. 407 ss.
[8] Cf. OCDE, Changement technique et politique économique, Paris 1980, OCDE, La micro-électronique, la productivité et l'emploi, Paris 1981. Voir aussi les contributions présentées lors du symposium 1981 des HEC sur le thème, «L'évolution probable du progrès technique et ses conséquences économiques et sociales», in Revue économique et sociale, 39/1981, p. 161 ss. ainsi que APS, 1980, p.119 s.
[9] D. de Meuron, Micro-électronique et emploi en Suisse, Lausanne 1981. Cf. également SAZ, 9, 5.3.81; 39, 1.10.81; RFS, 27, 14.7.81 (W. Gähwyler, président directeur de la Société industrielle suisse).
[10] J.-P. Ghelfi, Le défi de la micro-électronique, Neuchätel 1980; P. Bonnot, La micro-électronique -- un progrès ou une menace? Berne 1980; F. Reimann, «L'évolution technologique: ses problèmes dans l'optique syndicale», in La Vie économique, 54/1981, p. 505 s.; Vr, 209, 28.10.81 (B. Kappeler). Voir aussi la journée organisée à Zurich par le Syndicat suisse des arts graphiques sur la micro-électronique (TA, 62, 16.3.81; NZZ, 63, 17.3.81) et les réflexions faites lors du séminaire 81 des unions syndicales de plusieurs pays européens sur les effets négatifs de la rationalisation (USS, 35, 11.11.81).
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