Année politique Suisse 1982 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik
 
Commerce extérieur
Loin d'apporter la reprise escomptée, 1982 a été marquée par un recul de la production industrielle et par un accroissement du chômage dans les pays de l'OCDE. Sous l'effet de la crise mondiale qui a réduit la consommation de pétrole et imprimé une tendance à la baisse au prix de l'or noir, la demande en provenance des pays de l'OPEP s'est contractée. Les pays en développement et les pays à économie planifiée ont été confrontés à des problèmes de balance des paiements et de surendettement. Dès le mois d'août, la communauté financière internationale s'est activée à mettre sur pied des plans de sauvetage pour les plus grands pays emprunteurs, incapables de faire face à leurs obligations. Le cas du Mexique a été le plus frappant: sa dette extérieure atteignait 80 milliards de dollars. Dans la plupart des pays industrialisés, l'inflation a ralenti plus fortement que prévu. Pour relancer les économies, les gouvernements et les banques centrales ont alors entamé la détente des taux d'intérêt. Elle a débuté en Europe, alors que les partenaires des Etats-Unis attendaient une initiative de la part de ces derniers, en particulier à l'occasion du sommet des pays industrialisés tenu en juin à Versailles. Dès juillet, cependant, l'entrée en jeu des USA a accéléré le mouvement de baisse des taux. Quant au commerce international, il a connu une année sombre. Le volume des échanges mondiaux a régressé et le protectionnisme s'est étendu, notamment sous la forme insidieuse des méthodes indirectes de dissuasion et sous celle des arrangements entre pays en dehors des lois internationales du libre-échange [48].
L'affaiblissement de la demande étrangère de biens et de services suisses perçu vers la fin de 1981 s'est confirmé. La baisse du cours réel du franc suisse dès le milieu du printemps 1982 n'a pas renversé cette tendance; tant l'indice du cours réel que celui du cours nominal de notre monnaie sont, il est vrai, demeurés au-dessus de leur ,niveau moyen de 1981. Comme, de plus, la reprise de l'activité de l'économie internationale attendue pour le second semestre ne s'est pas produite, l'imbrication toujours plus importante de la Suisse dans les échanges internationaux n'a pas compensé les hésitations de la demande intérieure, au contraire des années précédentes [49].
Chiffres à l'appui, certains experts ont estimé que l'industrie d'exportation avait perdu de sa compétitivité, en particulier face aux producteurs allemands. Cette évolution, enregistrée depuis 1980, serait imputable non seulement au cours du franc suisse par rapport au deutschemark, mais aussi à la hausse plus élevée dés salaires et à l'augmentation inférieure de la productivité suisse [50].
Fait qui ne s'était pas renouvelé depuis 1978, le commerce extérieur a diminué dans les deux sens à la fois. Le déficit de la balance commerciale s'est réduit d'un quart, tombant à 5,4 milliards. Après l'essor de 1981, les ventes de marchandises à l'étranger ont stagné à 52,7 milliards de francs (52,8 milliards en 1981), avec un recul de 3,8% en valeur réelle. Sans les métaux précieux, le recul a été de 4,4% (+ 3,2% en 1981), et la valeur moyenne des exportations s'est élevée de 5,2% (5,8%). L'horlogerie a enregistré la plus forte baisse en termes.nominaux comme en termes réels; l'augmentation de la valeur moyenne (15,4%) laisse cependant transparaître une concentration vers les hauts de gamme. L'industrie des machines et la chimie ont affiché chacune environ deux points d'accroissement nominal de leurs exportations, mais avec une hausse d'environ 7% en valeur moyenne.
Dans les pays de l'OCDE (72% des exportations globales), les ventes helvétiques ont stagné ou reculé, sauf en Espagne. La demande de la zone de la CEE a mieux tenu que celle de l'AELE. La croissance des ventes hors de l'OCDE a nettement ralenti (2,2% contre 10,8% en 1980-81); l'Arabie saoudite a renforcé sa position en tête de ce groupe. La poussée du marché saoudien a contrasté avec la baisse rapide des affaires chez les autres pays producteurs de pétrole. En définitive, l'excédent obtenu avec les pays en développement s'est chiffré à 6,6 milliards (+ 9,4%), grâce aussi à la diminution de la valeur de nos importations en provenance de l'OPEP. Les comptes avec la CEE ont été moins négatifs (–5%) qu'en 1981, puisque le déficit a été ramené à 13 milliards. Les achats à notre premier partenaire commercial, la République fédérale allemande (RFA), ont augmenté en valeur nominale pendant que nos exportations diminuaient, si bien que le découvert a crû de 500 millions pour atteindre 7,7 milliards; les livraisons de notre second partenaire, la France, ont en revanche chuté de 10%.
Les importations globales ont totalisé 58,1 milliards de francs (60,1 en 1981); leur diminution réelle s'est chiffrée à 2% et leur valeur moyenne s'est allégée de 1,4%. Le montant nominal des achats d'agents énergétiques (6,5 milliards) a baissé de 7%, leur valeur réelle de 4,6%. Le creux de la conjoncture s'est reflété dans les importations de biens d'investissement (10,3 milliards), en retrait, quant à la valeur réelle, de 6% [51].
Lorsque la marche des affaires faiblit, l'excédent de la balance suisse des paiements courants a tendance à augmenter; pour 1982, il devrait atteindre 6,9 milliards de francs, contre 5,1 en 1981. D'après les estimations, les surplus retirés des échanges invisibles et des transferts unilatéraux sont demeurés constants, si bien que ce résultat serait dû principalement à l'évolution des flux commerciaux [52].
 
[48] Bulletin/Commission pour les questions conjoncturelles, no 275, 277, 278, suppléments de La Vie Economique, 55/1982, fasc. 6, 9, 12 ; no 279, 280, suppl. de 56/1983, fasc. 1 et 3 ; FF, 1982, II, p. 1005 ss. (19e rapport sur la politique économique extérieure); 1983, I, p. 513 ss. (20e rapport...). Voir J. Tumlir, «Critical period in international economie policy », in Aussenwirtschaft, 37/1982, I, p. 69 ss. ; BaZ, 248, 250, 257, 268, 23.10-16.11.82 («Die Krankheiten des Welthandels»); K. Jacobi, «Krise der freien Welthandelsordnung?», in Documenta, 1982, no 4, p. 17 ss.; P. Veyrassat, «Renaissance du protectionnisme», in La Vie Economique, 55/1982, fasc. 10, p. 709.
[49] Voir infra, part. I, 4a (Konjunkturlage) et 4b (Währung) ainsi que APS, 1980, p. 66 s. et 1981, p. 67 s.
[50] Travaux du Basler Arbeitsgruppe für Konjunkturforschung: NZZ, 235, 9.10.82; AT, 238, 12.10.82.
[51] Sans métaux précieux, le déficit commercial a atteint 6 milliards: NZZ, 26, 1.2.83; FF, 1983, I, p. 529 s. (20e rapport); RFS, 10, 8.3.83. Quant à l'interprétation des differents indices, voir wf, Dokumentation zur Wirtschaftskunde, 63, 64, oct. et nov. 82.
[52] BNS, 75. Geschäftsbericht 1982, p. 20. Tourisme: voir infra, 4a (Konjunkturlage).