Année politique Suisse 1983 : Grundlagen der Staatsordnung / Föderativer Aufbau / Questions territoriales
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Laufon
Des progrès ont été enregistrés dans la question controversée du transfert des territoires en cours autour du canton du Jura. Les citoyens du Laufonnais ont en effet été conviés en septembre à se prononcer sur un projet de contrat de réunion au demi-canton de Bâle-Campagne. Une votation sans précédent, puisque pour la première fois la population d'une région pouvait se déterminer sur la réunion éventuelle de son territoire à un autre canton. Ce vote mettait enfin un terme à un processus engagé dès 1978. A cette époque, les électeurs du Laufonnais avaient massivement accepté une initiative demandant l'élaboration d'une procédure de rattachement à un canton limitrophe et ce, conformément à une disposition contenue dans l'additif à la Constitution bernoise de 1970 qui conférait à ce district un droit à l'autodétermination. Au cours de consultations successives, ceux-ci optèrent finalement en 1980 pour leur intégration à Bâle-Campagne [17]. La Commission de district fut alors mandatée pour entamer les pourparlers avec les autorités de Liestal et mettre au point les modalités d'un transfert éventuel. Au terme de trois années de négociations intenses, le projet d'accord a été paraphé en février 1983, après avoir été approuvé parla Commission de district et le Conseil d'Etat bâlois. La décision a alors été prise d'organiser un vote simultané dans le Laufonnais et à Bâle-Campagne [18].
A la veille de la votation, partisans et adversaires du transfert s'étaient regroupés en comités d'action. Aux arguments invoquant la nécessité de s'insérer dans la région géographique et économique naturelle avancés par les premiers, les seconds ont opposé le statut d'autonomie dont jouit le Laufonnais au sein du canton de Berne. Même si un clivage s'est opéré à l'intérieur de tous les partis politiques, les pro-Bernois se recrutaient principalement parmi les radicaux et les pro-Bâlois dans les rangs des démocrates-chrétiens; la minorité socialiste était pour sa part divisée [19]. Alors que la campagne a été animée dans le district de Laufon, les choses se sont déroulées plus calmement à Bâle-Campagne. Seul un petit comité, regroupant avant tout ceux qui avaient activement milité contre la réunification avec Bâle-Ville en 1969, s'opposait à ce projet [20].
Malgré l'appel lancé pour le rattachement par la plupart des maires des communes du district, 56,7% des Laufonnais ont finalement décliné le projet de traité. Les électeurs de Bâle-Campagne se sont en revanche massivement prononcé en faveur du contrat d'adhésion [21]. Les partisans du statu quo ont donc été en mesure de renverser la vapeur dans ce district que bien des observateurs voyaient déjà rattaché à Bâle-Campagne. Cette décision est d'autant plus surprenante qu'une majorité s'était nettement dégagée en 1980 en faveur d'une procédure de rattachement avec ce demi-canton. Plusieurs indices laissaient pourtant prévoir l'issue de ce vote. La campagne menée par les pro-Bernois et financée en partie par les autorités bernoises prenait toujours plus d'ampleur à mesure que le jour de la votation approchait. De plus, les résultats d'un sondage réalisé pour le compte d'un quotidien bâlois avaient révélé qu'une majorité, notamment chez les jeunes et les femmes, se dessinait en faveur du maintien dans le canton de Berne [22].
 
[17] Cf. APS, 1969, p. 30 ss. ; 1970, p. 26; 1978, p. 31 s.; 1980, p. 30; 1982, p. 21 s.
[18] BaZ, 22.1.83 (commission de district); 26.1.83 (exécutif BL). Le parlement de BL a ratifié le projet de traité en mai (BaZ, 3.5.83). Cf. également AT, 6.8.83; TA, 6.8.83; 19.8.83; JdG, 24.8.83; 25.8.83; BaZ, 31.8.83; 3.9.83, ainsi que APS, 1976, p. 29; 1982, p. 22.
[19] BaZ, 16.8.83; 25.8.83; 1.9.83. Cf. aussi SZ, 5.4.83; BaZ, 20.7.83; 8.9.83; 9.9.83; JdG, 26.8.83; Lib., 6.9.83; 24 Heures, 7.9.83, ainsi que APS, 1981, p. 29 s. Sur le statut d'autonomie, cf. APS, 1977, p. 30.
[20] BaZ, 4.2.83; 7.9.83; TA, 11.2.83, ainsi que APS, 1969, p. 28 s.
[21] Le taux de participation s'est élevé respectivement à 92,9% et 34,3%. Sur les 13 communes que compte le district, seules 4 d'entre elles ont dégagé une majorité acceptante. Cf. presse du 12.9.83 (résultats du scrutin). Voir aussi BaZ, 9.5.83; 13.9.83; LNN, 13.9.83.
[22] Le gouvernement bernois a reconnu officiellement avoir alloué une somme de 60 000 francs pour le financement de la propagande. Cf. Bund, 21.4.83; 3.9.83; BaZ, 2.7.83; 3.9.83. Sondage: BaZ, 26. et 27.8.83.