Année politique Suisse 1983 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik
 
Politique de développement
Une partie de l'opinion publique se manifesta avec encore plus de vigueur sur la question de la politique de développement en déposant une pétition réunissant 200 000 signatures et désapprouvant les mesures d'économies proposées par le Conseil fédéral en matière d'aide publique au développement (APD) [33]. Pressé par le parlement en 1981 d'envisager les moyens d'assainir les finances de la Confédération, le gouvernement avait prévu, dans ses perspectives financières publiées en octobre 1982, que l'aide au tiers monde serait amputée de 380 millions de francs pour les trois années suivantes. Au cours du débat public et parlementaire, les aspects politiques, moraux et économiques du dossier apparurent simultanément [34]. Les églises suisses ont adressé au DFAE un mémorandum préconisant non seulement l'abandon des mesures d'économies, mais également un renforcement sensible de l'aide accordée, dont l'insuffisance a aussi été soulignée par P. Aubert à différentes reprises. Pour sa part, le parti radical exprima son désir d'une politique de développement basée sur l'efficacité et la notion de partenaires, tout en affirmant la nécessité de rétablir les équilibres financiers fédéraux. Ce pragmatisme est également perceptible chez l'UDC et le PDC, bien que cette dernière formation se soit particulièrement référée à la notion de solidarité pour approuver une augmentation de l'apport budgétaire. Les Organisations progressistes, le PdT et le PSS ont milité en faveur de l'accroissement de l'aide en invoquant des nécessités humanitaires et en l'intégrant dans le cadre du dialogue Nord-Sud. Les socialistes soulevèrent également le problème de la nature de l'aide, afin d'éviter que celle-ci ne se transforme en fournitures de biens inutiles aux pays bénéficiaires [35]. Après le refus du parlement de traiter l'objet de la pétition dans les discussions budgétaires en cours, le débat a été reporté à l'année suivante [36]. La participation financière de la Suisse au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) s'est élevée à 36,2 millions pour 1983 et sera portée à 40 millions dès 1984 [37].
Dans le domaine de l'aide humanitaire, il faut relever l'augmentation de la contribution helvétique à différents fonds internationaux, tels que l'UNICEF (9 mios de francs contre 8,2 mios précédemment). En outre, le Conseil fédéral a adopté un programme de subventions s'élevant à 17 millions de francs pour l'aide céréalière, tout en octroyant 10 millions supplémentaires au budget du Comité International de la Croix-Rouge (CICR). Le président de cette institution, A. Hay, s'est rendu à Moscou où il a conféré avec les autorités soviétiques. Certains observateurs ont relevé le caractère rarissime de ce type de démarche dans la pratique du CICR [38].
L'aide humanitaire se heurta parfois à des difficultés sur le terrain. Le Front de libération populaire du Tigré (FLPT, Ethiopie) séquestra un groupe de collaborateurs de l'organisation Terre des Hommes durant le mois d'août. En Israël, en dépit des démarches entreprises par le DFAE, divers travaux furent ralentis par les autorités locales dans la ville de Bethléem [39].
 
[33] Pétition « Aider aujourd'hui pour survivre demain» organisée par Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Entraide Ouvrière et Entraide protestante suisse: cf. presse des 12.2.83; 14.2.83; 30.9.83. Cf. aussi infra (Mesures économiques et commerciales en faveur des pays en développement).
[34] Selon le rapport 1982 de l'OCDE, I'APD tend à stagner dans le monde depuis 1977. La Suisse maintient son effort à 0,26% du PNB. La réduction envisagée représente près de 20% de l'ensemble des mesures d'économies budgétaires de la Confédération; cf. NZZ, 24.3.83; 12.4.83. Cf. aussi infra, part. I, 5 (Finanzplanung), ainsi que APS, 1982, p. 40 et 75.
[35] Eglises: TA, 2.2.83; 7.2.83. Position des partis: TA, 26.2.83 (PRD); Vr, 10.3.83; LNN, 7.6.83; Suisse, 17.6.83 (synthèse); cf. aussi BO CE, 1983, p. 184 (intervention Bauer-Lagier, GE); BO CN, 1983, p. 773 ss.
[36] BaZ, 5.2.83; 29.12.83; Bund, 15.10.83. Demandes d'informations supplémentaires sur l'APD: Rapport de la Délégation des finances (FF, 1983, II, p. 443 ss.), ainsi que la motion Affolter (prd, SO), transmise comme postulat (BO CE, 1983, p. 162 s.).
[37] Nouvelle Revue de Lausanne, 10.11.83.
[38] Fonds internationaux: Nouvelle Revue de Lausanne, 10.11.83. Céréales: BaZ, 13.1.83; cf. aussi Institut für Sozialethik des SEK, Schweizer Nahrungsmittelhilfe, Gesamtbericht und Feldstudien, Adliswil 1983. Budget CICR : NZZ, 21.6.83. A. Hay en URSS : NZZ, 14.3.83 ; JdG, 17.3.83; TLM, 19.3.83. Par ailleurs, le CICR a engagé différentes poursuites judiciaires contre un ancien délégué, auteur d'un ouvrage sur sa mission en Amérique centrale (D. Balmer, Kupferstunde, 1984); cf. NZZ, 18.3.83; BaZ, 25.3.83; Bund, 16.9.83.
[39] Terre des Hommes: TLM, 3.8.83; Wochen-Zeitung, 34, 26.8.83; TLM, 29.8.83. Israël: TLM, 8.3.83. La Croix-Rouge suisse a mis sur pied un programme 1983-1987 pour l'assistance et la réadaptation des grands blessés de guerre au Liban ; cf. TLM, 15.4.83.