Année politique Suisse 1983 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik / Politique économique extérieure
Le problème de l'endettement de nombreux pays fut largement évoqué dans les institutions multilatérales et l'ensemble des nations se sont accordées pour reconnaître les risques que fait peser une telle situation sur les échanges mondiaux. En revanche, l’éventail des solutions proposées est demeuré très divers. Lors de la réunion ministérielle de l'AELE à Porto, la Suisse estima que les politiques commerciales et financières ne pouvaient être dissociées et elle plaida en conséquence en faveur d'une collaboration étroite entre le GATT et le Fonds monétaire international (FMI) dans la recherche de solutions globales. Dans le cadre d'une seconde réunion à Bergen, la délégation helvétique s'associa à l'ensemble des participants pour exprimer de vives inquiétudes contre les tendances protectionnistes perceptibles dans la CEE à l'encontre des pays tiers
[56].
Un souci similaire fut exprimé devant l'OCDE par le chef du DFEP qui déplora la dégradation des règles du commerce international au profit d'arrangements multilatéraux restreints passés entre les principales puissances commerciales. Cette conférence a revêtu une importance particulière pour les petits Etats car elle se situait à la veille du sommet de Williamsburg réunissant les sept principaux pays industrialisés
[57].
A l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de la présence helvétique au sein du
GATT, P. Jolles rappela l'intérêt pour une nation telle que la Suisse de pouvoir se référer à un cadre institutionnel lors des grands débats internationaux. Dans cet esprit, les représentants de la Confédération participèrent activement à la 39e session du GATT où furent abordés successivement les problèmes du commerce des produits de haute technologie et de la question des mesures de sauvegarde (subventions à des secteurs économiques nationaux) qui faussent en partie les échanges entre partenaires
[58].
Près d'un an après avoir pris la décision de principe d'une
adhésion au FMI, le Conseil fédéral a demandé au parlement d'accepter une participation renforcée de la Suisse aux Accords généraux d'emprunts (AGE). Le but de ces derniers est d'assurer au FMI une marge financière suffisante afin qu'il puisse assurer sa mission face aux difficultés multiples engendrées par l'endettement international. En adhérant pleinement aux AGE, la Confédération quitte le statut d'observateur acquis dès 1964 et elle devra porter sa contribution à 2,3 milliards de francs contre 865 millions jusqu'alors
[59].
Cette insertion helvétique dans le «
Club des 10», que certains considèrent comme un premier pas vers une adhésion au FMI, a suscité des discussions animées dans les milieux économiques et politiques. Les banques ont dissipé leurs premières réticences dues à une crainte d'internationaliser le franc suisse et elles ont mis en exergue la sécurité apportée par le FMI et la Banque mondiale lors d'investissement dans des pays traversant une grave crise économique. En revanche, de nombreuses organisations tiers-mondistes se sont fermement opposées au projet d'adhésion en dénonçant la sévérité du FMI en matière d'octroi de prêts pour les nations en voie de développement
[60]. Cette argumentation fut vigoureusement reprise au Conseil national par le groupe POCH/PdT/PSA tandis que l'Action nationale associa l'activité des AGE à la notion de gaspillage. Au sein des partis gouvernementaux seul le PS exprima de vives réserves sur les modalités des prêts accordés par le FMI, les partis bourgeois ayant rappelé la nécessité de mesures financières internationales pour assurer la sauvegarde des flux commerciaux. De plus, le chef du DFEP a tenu à souligner le caractère technique des AGE. Le parlement a donné son accord à l'adhésion helvétique au «Club des 10» en prévoyant un rappel des principes suisses en matière de coopération internationale au développement dans les documents ad hoc
[61].
[56] Porto : NZZ; 23.11.83 ; BaZ, 26.11.83 ; 24 Heures, 26.11.83 ; NZZ, 30.11.83. Bergen : NZZ, 31.5.83 Bund, 7.6.83; Vat., 23.6.83. Cf. également H. Hauser, « Protektionismus als binnenwirtschaftliches Problem», in Aussenwirtschaft, 38/1983, p. 241 ss.
[57] La Suisse assurait la vice-présidence de la réunion de l'OCDE conjointement avec le Japon : NZZ, 5.3.83; Bund, 7.3.83; sur la conférence, cf. presse du 11.3.83. Relations Suisse-OCDE: Bund, 30.3.83 (ambassadeur Grübel). Pratiques commerciales restrictives: BO CE, 1983, p. 587 (question ordinaire Miville, ps, BS). La Suisse et. le sommet de Williamsburg: BaZ, 26.5.83; JdG, 27.5.83.
[58] Le Suisse A. Dunkel a été reconduit dans la fonction de directeur général du GATT (24 Heures, 6.10.83). Bilan de 25 ans de présence: SZ, 18.11.83 (P. Jolles); Bund, 21.11.83. 39e session du GATT: JdG, 21.11.83 (A. Dunkel); NZZ, 21.11.83; 22.11.83; 24.11.83.
[59] Adhésion: FF, 1983, II, p. 1396 ss.; cf. RFS, 4, 25.1.83; BaZ, 28.7.83, ainsi que APS, 1982, p. 36. Réorganisation financière du FMI : NZZ, 9.2.83 ; 12.2.83 ; 7.5.83 ; JdG, 12.2.83. Sur les relations entre les institutions de Bretton Woods et la Suisse, cf. presse du 14.1.83 (visite du président de la Banque mondiale); Vat., 16.11.83; 19.11.83; 23.11.83.
[60] Milieux favorables: Suisse, 8.8.83. Opposition: Solidaire, no 68, septembre 1983, p. 18 s. (Déclaration de Berne). Cf. aussi TA, 17.8.83; BaZ, 10.9.83; Suisse, 10.9.83; Bund, 26.11.83.
[61] BO CN, 1983, p. 1625 ss. ; BO CE, 1983, p. 693 ss. ; presse des 1 et 15.12.83. La proposition de soumettre l'adhésion au référendum facultatif, soutenue par l'extrême gauche, le PS et l'AN, fut repoussée par 88: 53 voix au CN.
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