Année politique Suisse 1984 : Sozialpolitik / Bevölkerung und Arbeit / Conventions collectives de travail
Malgré un certain durcissement du discours syndical à l'égard du droit de grève, le nombre de conflits du travail
ayant conduit à des arrêts d'activité a encore régressé. Pour 1984, les statistiques officielles n'ont recensé que 2 grèves d'une journée au moins (5 en 1983). Ces deux cas d'espèce ont mobilisé 50 ouvriers ( 985 en 1983), occupés respectivement dans 2 entreprises ( 5 en 1983) et 662 jours de travail ont par là même été perdus (4438 en 1983). A l'appel des sections régionales de la Fédération ouvrière du bois et du bâtiment (FOBB) et de la Fédération chrétienne de la construction (FCTC) 35 ouvriers de l'entreprise «Bois Homogène» ont cessé le travail pendant trois jours. En mettant fin à 30 ans de paix sociale en Valais, ils entendaient riposter au refus patronal d'optempérer à leurs prétentions salariales. Des négociations ont débouché sur l'adoption d'une solution de compromis. Par ailleurs à Berne, 15 employés du service des transports de la «Kranken- und Invalidenorganisation » (KIO) ont observé une grève de deux mois pour s'opposer au licenciement jugé abusif de six conducteurs. Les grévistes ont obtenu des réparations matérielles, mais les suppressions d'emploi ont été maintenues
[24].
Une étude du Bureau international du travail (BIT), consacrée aux effets de la récession sur les négociations collectives, souligne, comme l'expérience suisse de 1984 semble l'accréditer, une tendance générale à la diminution des grèves. Confrontés à la menace du chômage, les travailleurs hésiteraient davantage à y recourir. D'autre part, les contraintes économiques les placeraient dans une position de faiblesse lors des concertations sociales
[25]. Afin de contrevenir à cette évolution, les délégués de la Fédération du personnel du textile, de la chimie et du papier (FTCP) ont adopté une nouvelle réglementation de l'exercice du droit de grève. Celle-ci introduit notamment une distinction entre la grève d'avertissement, pouvant être décidée dans un bref délai, et les grèves limitées ou illimitées. De son côté, la Société suisse des fonctionnaires postaux a revendiqué le droit de grève. Elle a en effet estimé qu'il constituait «le dernier recours» pour contrer l'attitude jugée obstinée du parlement à l'égard du blocage du personnel
[26].
[24] La Vie économique, 58/1985, p. 222. Conflit de «Bois Homogène»: Suisse, 11.1.84; 13.1.84; TLM, 11.1.84; 12.1.84; FOBB, 44, 17.1.84. Conflit de la KIO: Bund, 20.9.84; 21.9.84; 18.10.84; TW, 18.10.84; 22.10.84. Une 3e grève, non répertoriée dans les statistiques officielles, a éclaté à l'Hôpital cantonal de Genève. 117 nettoyeurs, pour la plupart étrangers et syndiqués à la VPOD, ont débrayé cinq jours durant pour s'opposer au bouleversement de leur horaire de travail, prévu par la direction (JdG, 11.5.84; 14.5.84; Suisse, 12.5.84; 15.5.84; 26.6.84; VO (édition genevoise), 20, 17.5.84; 26, 28.6.84. Concernant le climat social cf. aussi infra, part III b (Sozialpartner).
[25] La négociation collective face à la récession dans les pays industrialisés à économie de marché, BIT, Genève 1984 (SAZ, 49, 6.12.84).
[26] FICP: NZZ, 25.10.84; Vr, 29.10.84. Fonctionnaires postaux: Suisse, 28.6.84.
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