Année politique Suisse 1986 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik
 
Commerce extérieur
Deux éléments essentiels ont marqué le commerce mondial au cours de l'année 1986: l'effondrement des prix du pétrole et la chute du dollar. Ces deux facteurs n'ont cependant permis qu'une croissance modérée de la production mondiale, puisque après être descendue l'année précédente à 3%, celle-ci n'a atteint en 1986 pour les principaux pays industrialisés que 2,5%. En raison de la dégringolade des prix du pétrole, l'absence de demande en provenance des pays de l'OPEP a en effet contrebalancé les impulsions venant des Etats industriels et en voie de développement. La baisse du cours du dollar a en outre causé des difficultés aux industries d'exportation des partenaires commerciaux des Etats-Unis. Conséquence directe de la chute des prix de l'or noir, le taux d'inflation au sein des pays de l'OCDE ne s'est élevé qu'à 2,8%, niveau le plus bas depuis 1964, ce qui devrait ainsi permettre une légère reprise de la croissance du commerce mondial en 1987 eu égard à la dynamique des échanges commerciaux entre pays industrialisés [42].
Le commerce extérieur suisse a vu une diminution de ses importations en valeur nominale de 1,7% par rapport à l'année précédente et un léger accroissement de ses exportations de 0,6%. Le taux de croissance dégagé de ces deux éléments ne s'est ainsi monté en termes réels qu'à 2,5%, alors qu'il était encore de 3,5% en 1985. En valeurs absolues, nos ventes à l'étranger ont atteint sur l'ensemble de l'année 67 milliards de francs (1985: 66,6 milliards) et nos achats 73,5 milliards (74,8 milliards). Après s'être monté à 8,13 milliards de francs en 1985, le déficit de la balance commerciale est ainsi nettement redescendu pour n'atteindre que 6,5 milliards. Selon une première estimation, la balance des revenus (total des transactions courantes) avait dégagé elle un excédent de 13,5 milliards de francs.
Les exportations de biens d'équipement, avec une expansion de 6,5% en volume par rapport à l'année précédente, ont enregistré le plus fort taux de croissance, devant les machines et appareils (6,3%), les métaux (3,8%) et les textiles (3,6%), cependant que les matières premières et l'horlogerie voyaient leurs ventes à l'étranger stagner (0,8 %). Par contre, tant l'industrie chimique (- 2,4%) que les biens de consommation (-1,7%) ont reculé. Si les importations suisses, en valeur nominale, ont enregistré un recul par rapport à 1985, elles n'en ont pas moins augmenté de 8,2% en volume. L'explication de ce phénomène réside dans la chute des prix du pétrole qui a eu comme conséquence une diminution de 42,1 % par rapport à 1985 de la valeur nominale des produits énergétiques importés, alors que le volume de ceux-ci augmentait dans le même temps de 9,6%. Les achats de biens d'équipement (+ 14,5%), de biens de consommation (+ 9 %) et de matières premières (+ 3,7%) se sont également accrus dans le courant de l'année.
Les exportations en direction des pays de l'OCDE non européens ont vu leur progression stoppée en 1986, en enregistrant une baisse de 5,2% par rapport à 1985. Tant nos ventes aux Etats-Unis (— 7,7%) qu'à l'Australie (— 6,6%) et au Canada (— 5,3%) ont en effet diminué. Par contre, celles conclues avec les pays de la CEE et de l'AELE ont progressé de respectivement 4,9% et 1,3%. L'augmentation la plus spectaculaire est celle de nos exportations vers le Portugal (+ 9,4%) et la France (+ 9,2 %), alors que l'Espagne achetait beaucoup moins que l'année précédente (— 7,4%). De même, les pays de l'OPEP, en raison de la chute des prix du pétrole, ont offert un marché moins alléchant avec une baisse de 22,6%. La Chine, une nouvelle fois, a augmenté ses importations helvétiques de 25,3%. En 1986, la CEE absorbait les 54,8% de nos exportations. L'Allemagne fédérale restait toujours notre principal client avec une part de 21,1% (1985: 19,7%), devant les Etats-Unis avec 9,5 % (10,3%) et la France avec 9,1 % (8,3 %). Si nos achats aux Etats de la CEE (+1,6%) et à ceux de l'AELE (+ 4,1 %) ont progressé et que ceux aux pays de l'OCDE non européens sont restés relativement stables (— 0,02 %), nos importations en provenance des pays de l'OPEP ont enregistré une chute record avec une baisse de 53,8%, alors que ce taux passait à — 29,2% pour les pays à économie planifiée, à -10% pour l'Afrique du Sud et à — 7,4% pour les pays en développement non producteurs de pétrole. Avec une part représentant près du tiers des importations totales (33%), l'Allemagne fédérale restait notre principal fournisseur [43].
 
[42] FF, 1987, I, p. 489 ss. (Rapport sur la politique économique extérieure 86/2); RFS, 11, 17.3.87 ; APS, 1985, p. 72 s. Cf. également Le Mois économique et financier, 1987, no 1-2, 3 et 4.
[43] FF, 1987, I, p. 489 ss. ; BNS, Bulletin mensuel avril 1987, p. 105 ss. ; RFS, 16-17, 28.4.87 ; TA, 28.1.87 ; NZZ, 2.2.87. Cf. APS, 1985, p. 73 s.; RFS, 6, 10.2.87; F.A. Blankart, Etat et perspectives de la politique économique extérieure de la Suisse, Genève 1985. Le CF a nommé en automne le Lucernois F. Blankart nouveau secrétaire d'Etat au commerce extérieur pour remplacer C. Sommaruga appelé à la présidence du CICR (NZZ, 11.9.86).