Année politique Suisse 1986 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik / Politique économique extérieure
A l'heure de la construction européenne, les relations économiques bilatérales entretenues par la Suisse avec ses voisins d'Europe occidentale ont avant tout été axées sur des pourparlers portant essentiellement sur les problèmes liés à l'intégration économique européenne et les relations entre pays de l'AELE et de la CEE qui en résultent. L'objectif d'un espace économique homogène est cependant encore bien loin de pouvoir se réaliser entre notre pays et les autres Etats européens, comme l'illustre l'introduction faite en 1985 des redevances routières. La majeure partie des Etats européens ont poursuivi de percevoir, certains à titre de rétorsion, des redevances sur les poids lourds suisses. Grâce aux démarches diplomatiques, celles-ci ont toutefois pu être ramenées à un niveau au pire compensatoire. Des mesures décrétées par le Conseil fédéral tendant à rendre plus souple la perception de ces taxes et entrées en vigueur au début 1987 ont permis en outre d'améliorer quelque peu la situation
[53].
Nos importations en provenance des
pays de l'Europe de l'Est ont fortement diminué en valeur en raison de l'évolution des prix du pétrole. Près de la moitié des achats suisses dans ces pays est en effet constituée de produits énergétiques. La faiblesse économique de la Pologne a conduit le Conseil fédéral à signer deux nouveaux accords de consolidation de dettes d'une valeur de 320 millions de francs avec celle-ci. L'endettement de l'Etat polonais auprès de ses créanciers occidentaux se montait à la fin de l'année à 33,4 milliards de dollars. Un autre accord de consolidation portant sur un montant de quelque 90 millions de francs a également fait l'objet de discussions avec la Yougoslavie. Hors Europe, sept autres accords de ce type ont été conclus avec l'Argentine (portant sur une somme de 135 millions de francs), l'Equateur (16 millions), les Philippines (25 millions), la Guinée (12 millions), le Congo (11,5 millions), le Togo (23 millions) et la République centrafricaine (4,8 millions)
[54].
En raison du déficit record de leur balance commerciale, les
Etats-Unis ont continué de mettre en place toute une série de mesures protectionnistes allant à l'encontre des principes du libre-échangisme. Washington a ainsi annoncé au mois de mai son intention de conclure avec le Japon, Taiwan, l'Allemagne fédérale et la Suisse, soit avec ses quatre plus importants fournisseurs dans la branche, des accords de limitation volontaire de leurs exportations de machines-outils vers les Etats-Unis. Faisant suite à une demande de quotas déposée en 1983 par l'Association professionnelle des fabricants de machines-outils américaine et qui exprimait l'inquiétude de celle-ci face au niveau élevé des importations, cette requête a été rejetée par la Suisse. L'Office fédéral des affaires économiques extérieures, par la voix de son directeur C. Sommaruga, a estimé que de telles limitations étaient contraires aux principes défendus dans le cadre du GATT. D'autre part, grâce à une campagne intensive menée par les exportateurs des produits textiles parmi lesquels les représentants helvétiques à Washington, le «Textile Import Quota Bill», qui prévoyait un plafonnement des taux de croissance pour les importations de textiles, a été repoussé par le Congrès américain
[55].
Le Japon, lui, déclare vouloir suivre le chemin inverse de celui emprunté par les Etats-Unis. Calfeutré de longues années durant dans un protectionnisme poussé à outrance, le commerce nippon s'ouvre peu à peu aux produits étrangers grâce à plusieurs programmes de libéralisation lancés au cours de ces dernières années. Dans la zone asiatique encore, le chef du DFAE, P. Aubert a signé avec les autorités chinoises un accord bilatéral sur la promotion et la protection réciproques des investissements. Celui-ci devrait fournir certaines garanties aux entreprises suisses désireuses de s'implanter sur territoire chinois. Il constitue en outre le premier accord de ce genre signé par la Suisse avec un Etat socialiste
[56].
En Amérique latine, Nestlé s'est vue contrainte de vendre à un groupe d'actionnaires péruviens les 45% des parts qu'elle détenait dans la société Gloria. La multinationale helvétique a été obligée de donner suite à un décret du président péruvien A. Garcia qui entendait par là mettre fin au monopole exercé par le groupe alimentaire de Vevey dans la production de lait condensé au Pérou
[57].
[53] Rapp. gest., 1986, p. 283. Cf. APS, 1985, p. 77 s. Le CE a accepté partiellement une motion du CN chargeant le CF d'entreprendre des démarches pour éviter les mesures de représailles envisagées ou prises par les Etats européens (BO CE, 1986, p. 54 ss.). Deux initiatives populaires visant toutes deux à supprimer la taxe poids lourds et la vignette autoroutière ont été déposées à la Chancellerie fédérale (FF, 1986, II, p. 1302 ss. et 1382 ss.). Voir infra, part. I, 6b (Generelle Verkehrspolitik).
[54] FF, 1987, I, p.544 ss. Cf. APS, 1985, p. 78.
[55] FF, 1987, I, p. 547 s. ; JdG et 24 Heures, 22.5.86 ; BaZ et NZZ, 18.12.86. Cf. BO CN, 1986, p. 668, ainsi que APS, 1985, p. 78. La Suisse était en 1984 le quatrième fournisseur des Etats-Unis en machines-outils avec une part de 5,8% du total des importations américaines dans cette branche, alors que les ventes suisses ne représentaient que le 2,8% du marché américain.
[56] Japon: FF, 1987, I, p. 552; cf. APS, 1985, p. 79. Chine: TA, 13.11.86; cf. supra (Relations bilatérales). Voir également Revue économique et sociale, 44/1986, no 1, consacré aux relations entre la Suisse et la région du Pacifique.
[57] NZZ, 4.3.86; 31.7.86; 24 Heures, 4.3.86; 4.8.86; JdG, 6.8.86.
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