Année politique Suisse 1987 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik / Droits de l'homme
La politique suisse face à l'Afrique du Sud est orientée selon trois axes. Le premier réside dans le contrôle du commerce, tant des capitaux que de l'or et d'autres marchandises, par le biais d'un groupe de travail créé par le Conseil fédéral
[29]. L'on sait que la Suisse se refuse à prendre toute sanction économique à l'encontre de cet Etat afin, d'une part, de sauvegarder le principe de neutralité et, d'autre part, de ne pas pénaliser les populations noires. Le second axe de notre politique consiste dans une aide à la formation des Noirs d'Afrique du sud, le troisième visant un encouragement du dialogue entre l'opposition (ANC) et le gouvernement
[30]. L'Union syndicale suisse, en collaboration avec l'organisme Solifonds et la participation du PSS, a organisé en février une journée sur l'Afrique du Sud consacrée notamment à l'examen de la politique helvétique en la matière. Le fait que la moitié des exportations d'or de cet Etat soit commercialisée par les trois grandes banques suisses a également été évoqué
[31].
En mars 1987, la Suisse, grâce aussi à la pression internationale, obtenait la libération du pasteur (double national) Jean-François Bill, après plus de neuf mois d'emprisonnement. Soupçonné d'entretenir des relations avec l'ANC, d'organiser des réunions clandestines ainsi que de vouloir commémorer, dans sa liturgie, le dixième anniversaire de la répression des écoliers de Soweto, il a été incarcéré sans jamais être inculpé. Dans un premier temps, l'Afrique du Sud assortit sa libération à son départ définitif du pays, proposition inaceptable pour le pasteur et refusée par la Suisse. Dans un second temps, elle fut assortie de "vacances" en Suisse
[32].
Suite à l'expulsion de l'Afrique du Sud de la 25e conférence internationale de la Croix-Rouge en 1986, de nombreux parlementaires avaient critiqué la politisation de cette institution et s'étaient interrogés sur les responsabilités de la Suisse en la matière, celle-ci ayant été chargée des travaux préliminaires. Il s'agissait des interpellations du groupe libéral, des députés de Chastonay (pdc, VS) et Mühlemann (prd, TG), liquidées par la réponse du Conseil fédéral, spécifiant que cette suspension était intervenue malgré ses efforts propres, de ceux du CICR, de la présidence de la conférence et d'autres pays européens. Mais les négociations ont permis de réduire la portée de cette exclusion à la seule durée de la conférence de Genève et de ne pas remettre en cause l'appartenance de la délégtion sud-africaine à l'organisation
[33].
[30] BaZ, 18.7.87 ; 24 Heures, 26.8.87; WoZ, 11.12.87.
[32] Presse du 11.5.87; 24 Heures, 28.3. et 10.7.87; La Suisse, 27.3.87. Cf. aussi APS, 1986, p. 53.
[33] BO CN, 1987, p. 246 ss. (groupe libéral), 247 (de Chastonay) et 246 ss. (Mühlemann).
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