Année politique Suisse 1988 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik
 
Commerce extérieur suisse
En 1988, l'évolution de l'économie suisse a été positive grâce à une forte conjoncture internationale ainsi qu'à une évolution favorable des taux de change. A la demande intérieure soutenue s'est ajouté, après une période de marasme de deux ans, un essor de la demande extérieure. Ainsi, le produit intérieur brut réel (PIB) a progressé de 2,8% (2,3% en 1987), les importations de 9,6%, se chiffrant à 82 398,7 millions de francs, et les exportations de 9,8%, s'élevant à 74 063,6 millions de francs.
Dans le commerce extérieur helvétique, les industries métallurgique et des machines ont profité de la forte croissance des investissements observée dans de nombreux pays ainsi que du fléchissement du franc suisse puisqu'elles ont enregistré une expansion de respectivement 12,5% et 8% par rapport à 1987. L'industrie horlogère a, à nouveau, atteint un record dans ses exportations puisqu'elle a connu une croissance de 16,5%. La chimie, avec 8,5%, s'est bien maintenue alors que l'industrie textile (+2,9%) ainsi que le secteur des denrées alimentaires et du tabac (+0,5%) ont stagné.
Nos ventes à destination des pays de l'OCDE ont continué de se développer d'une façon dynamique (+9,7%) et ont constitué 78,6% de la totalité des exportations. Au niveau européen, la CE est restée notre plus important client (56% des exportations, en croissance de 10,3% par rapport à 1987). Les échanges commerciaux se sont considérablement accrus avec l'Espagne (+15,8%), le Portugal (+15,7%), la Grande-Bretagne (+15,5%), la France (+12,5%), l'Italie (+10,6%), l'Allemagne fédérale (+7,7%) alors qu'ils ont stagné — au contraire de 1987 — avec la Belgique-Luxembourg (+0,6%). Les exportations vers la sphère AELE ont connu un accroissement moyen (+4,2%). Dans les pays non européens de l'OCDE, elles ont connu une forte progression à destination du Japon (+23,7%) et du Canada (+18,6%), bien que la part du marché de ces deux Etats soit restée relativement faible (respectivement 4,3 et 1,0% des exportations totales). Si le commerce extérieur suisse face aux pays en développement a enregistré une croissance de 10,1 %, il ne le doit globalement pas aux pays de l'OPEP puisque, si nos exportations se sont accrues avec le Nigéria (+61,7%), elles ont par contre diminué avec l'Arabie séoudite (-14,3%) et l'Iran (-11,3%). Nos ventes à destination des pays de l'Est ont enregistré une bonne croissance, notamment à l'égard de l'Union soviétique (+14,1%). Les importations suisses ont connu, en 1988, une progression marquée. Pour la première fois depuis deux ans, leurs prix ont augmenté. Les pays de l'OCDE sont restés nos principales sources d'approvisionnement (89,7% des importations totales, +9,4% par rapport à 1987). Si, parmi ceux-ci, nos fournisseurs les plus importants sont demeurés l'Allemagne fédérale (34%) et la France (10,6%) — la CE totalisant 71,3% de nos achats — nos importations ont enregistré une expansion notable avec le Japon (+19,4%), les Pays-Bas (+14,9%), les Etats-Unis (+14,1%) et la zone AELE dans son ensemble (+11,2%). Nos achats en Afrique du Sud ont à nouveau enregistré une forte augmentation (+137%) car la Suisse a importé, pour la première fois, une partie des diamants d'Afrique australe directement de ce pays et non plus depuis Londres [69]. Les importations en provenance des pays en développement ont enregistré une augmentation de 9% mais sont en régression dans les pays de l'OPEP (-17,1%), particulièrement avec le Nigéria (-63,8%) et l'Algérie (-40,2%); la cause de ce recul est à rechercher dans l'évolution des prix des produits pétroliers. Ce sont donc les pays en développement non producteurs de pétrole qui ont principalement bénéficié de cette croissance. Il est encore à noter que les importations suisses en provenance d'Union soviétique ont sensiblement régressé (-26,7%).
Les termes de l'échange étant pratiquement inchangés, la légère détérioration des flux commerciaux réels a alourdi le déficit de la balance commerciale. De 7,2 milliards de francs en 1987, il a passé à 8,728 milliards de francs en 1988 [70].
Les Chambres ont pris connaissance, sans opposition, du rapport sur la politique économique extérieure 1987 et ont approuvé les deux arrêtés sur des mesures économiques extérieures ainsi que sur l'accord de 1987 sur le caoutchouc naturel. Elles ont cependant formulé quelques remarques à l'égard de ce texte. Ainsi, la conseillère aux Etats Jaggi (ps, VD), notant l'amélioration de la qualité du rapport suscitée par sa publication annuelle, a cependant souhaité que les événements du dernier trimestre soient traités plus en profondeur et a suggéré de présenter ce document en même temps que le rapport de gestion du gouvernement [71]. Le Conseil national s'est, quant à lui, éloigné d'une critique formelle pour examiner l'avenir du commerce extérieur suisse. Si le groupe démocrate-chrétien a plaidé pour un renforcement des exportations helvétiques à destination de l'OCDE (notamment vers la CE et le Japon), la fraction écologiste a souligné que de nouvelles réflexions en matière de stratégie économique devenaient nécessaires [72].
Par ailleurs, le parlement s'est inquiété de la situation de l'économie suisse au niveau international. La chambre basse a transmis un postulat du groupe de l'Union démocratique du centre qui demande un compte rendu déterminant dans quelle mesure et de quelle façon la compétitivité de la Suisse s'est modifiée dans les différents domaines économiques et sociaux [73].
 
[69] A ce propos, signalons une interpellation du groupe écologiste s'interrogeant sur cette augmentation (Délib. Ass. féd., 1988, II, p. 36).
[70] FF, 1989, I, p. 305 ss.; Rapp. gest. 1988, p. 325 ss.; La Vie économique, 62/1989, no 1 (supplément), p. 30. Cf. aussi infra, part. I, 4a (Konjunkturlage) et 4b (Geld- und Währungspolitik).
[71] BO CE, 1988, p. 83 ss.
[72] BO CN, 1988, p. 292 ss.; BaZ et Bund, 16.3.88.
[73] BO CN, 1988, p. 1939.