Année politique Suisse 1988 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik / Principes directeurs
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Politique de paix et de sécurité
Suite aux postulats Muheim (pdc, UR) de 1984 et Pini (prd, TI) de 1988, le Conseil fédéral a établi un rapport sur la politique de paix et de sécurité. Issu d'une collaboration entre le DFAE et le DMF, il spécifie que la politique de paix et de sécurité comprend "tous les efforts qui contribuent à réduire les tensions et les détresses et ont pour objectif de désamorcer les conflits". C'est pourquoi les autorités doivent oeuvrer à la réduction des grands clivages (sociaux et économiques) caractérisant la société internationale. Une politique de paix et de sécurité bien pensée se caractérise donc aujourd'hùi, à côté des moyens classiques de l'armée, de la politique étrangère et des relations économiques extérieures, par des efforts en vue de l'édification d'un ordre mondial plus juste [5]. Si, dans ce rapport, le gouvernement a rejeté l'idée d'un corps mondial pour la paix, dont l'internationalisme même serait un handicap, il s'est déclaré par contre prêt à soutenir les efforts de paix [6].
Dans cet esprit, le Conseil fédéral a décidé de renforcer la participation de la Suisse aux opérations de maintien de la paix dans le cadre mais aussi hors des Nations Unies. Globalement, la Confédération va consacrer durant les quatre prochaines années une somme annuelle de 15 millions de francs à ces opérations. Elle a d'ores et déjà débloqué 10,7 millions de francs destinés à une hausse de nos contributions financières (notamment aux forces des Nations Unies à Chypre et au Liban), à des prestations de service (par exemple, prise en charge des frais de bornage de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso) et à des livraisons de matériel (appareils cryptographiques, station d'épuration). Par ailleurs, du personnel est et sera mis à disposition dans le cadre de ces interventions. Il s'agit d'observateurs militaires non armés et d'équipes logistiques [7]. Par contre, le gouvernement a renoncé pour l'instant à toute création de contingents suisses de casques bleus, s'opposant ainsi aux voeux du député Ott (ps, BL). Si ce soutien répond aux désirs exprimés tant par le secrétaire général de l'ONU Javier Perez de Cuellar lors de sa visite officielle en avril que par le programme de législature 1987—1991, il contribue aussi à améliorer l'image de la Suisse au niveau mondial, image troublée par la non-adhésion à l'ONU, le rejet des sanctions économiques à l'égard de l'Afrique du Sud et la fuite des capitaux. Le député Dietrich (pdc, BE) s'en est d'ailleurs inquiété puisqu'il a demandé, dans un postulat, une campagne d'information à long terme sur la perception de la Suisse dans la communauté internationale [8].
Par ailleurs, l'initiative suisse pour la paix, lancée en 1987 par un groupe issu du mouvement suisse pour la paix, s'est soldée par un échec puisque, au terme du délai imparti, elle n'a pu récolter le nombre de signatures nécessaires. Selon le comité d'initiative, ce revers est dû tant à son propre manque d'organisation qu'à la détente des relations Est-Ouest. Mais l'absence totale de soutien des grands partis et des Eglises pourrait ne pas être étrangère à ce relatif . insuccès (51 000 signatures récoltées), la composition même du comité d'initiative ayant suscité quelques réticences au sein des autres groupes oeuvrant pour la paix [9].
 
[5] FF, 1989, I, p. 642 ss.; Presse du 6.7.88; Délib. Ass. féd., 1984, II/III, p. 81 (Muheim); BO CN, 1988, p. 896 s. (Pini).
[6] Documenta, 1988, no 3, p. 8 s.
[7] Suisse, 19.4.88; presse du 21.6.88. La Suisse a déjà envoyé un contingent de bérets bleus en Namibie. Cf. infra, Aide humanitaire.
[8] Délib. Ass. féd., 1988, IV, p. 58 s. (Dietrich) et 86 s. (Ott).
[9] FF, 1988, III, p. 1349; JdG, 19.11.88. Cf. aussi APS 1987, p. 67.