Année politique Suisse 1988 : Sozialpolitik / Bevölkerung und Arbeit
 
Conventions collectives de travail (CCT)
Une nouvelle convention collective de travail (CCT) dans l'industrie de la métallurgie et des machines a été ratifiée, sans grand enthousiasme, par l'Association patronale suisse des constructeurs de machines et industriels en métallurgie (ASM) et par les syndicats dont faisaient partie entre autres la FTMH et la Fédération chrétienne des ouvriers sur métaux. Pour la première fois, il y a un accord unique qui s'applique aussi bien aux ouvriers qu'aux employés. La FTMH militait depuis longtemps en faveur d'une signature conjointe de la CCT, ce que les organisations d'employés avaient refusé à maintes reprises. Les syndicats se sont déclarés particulièrement satisfaits de cette extension. En raison des restructurations dans le monde du travail, le nombre de personnes occupées dans les bureaux tend à augmenter tandis que celui des personnes oeuvrant dans les ateliers tend à diminuer, contribuant ainsi à affaiblir les syndicats qui se heurtent déjà à certains problèmes de recrutement. La CCT s'applique aussi aux employés à temps partiel qui travaillent plus de douze heures par semaine et aux auxiliaires engagés pour plus de trois mois. Pour l'essentiel, la nouvelle CCT prévoit le libre passage intégral en ce qui concerne les contributions du deuxième pilier ainsi qu'une réglementation sur la flexibilité de la durée de travail. En effet, elle offre la possibilité de déroger à la durée normale de travail dans les limites de 35 à 45 heures par semaine, la durée hebdomadaire devant toutefois atteindre les 40 heures en moyenneannuelle [13].
Loin de faire l'unanimité, la nouvelle convention a été l'objet d'oppositions au sein de l'association patronale et des syndicats. Au centre des controverses, la durée des vacances. Aux syndicats qui revendiquaient une semaine de vacances supplémentaire pour tous les travailleurs, l'ASM a répliqué en insistant sur le fait qu'elle ne pouvait ou ne voulait pas supporter des charges supplémentaires. Le compromis finalement trouvé prévoit que les ouvriers auront des jours de vacances supplémentaires en 1989 et 1990 calculés selon leur âge [14].
Après plusieurs mois de négociations infructueuses, les partenaires sociaux de la branche de l'hôtellerie et de la restauration ont finalement convenu d'une nouvelle convention collective. L'Union Helvetia avait dénoncé en début d'année la CCT la liant à la Société suisse des hôteliers (SSH) et à trois autres associations patronales car elle ne souhaitait pas seulement reconduire la convention mais obtenir de meilleures conditions de travail. Comme la Société suisse des hôteliers opposa une fin de non-recevoir au premier projet de convention et comme le syndicat du personnel refusa pour sa part de céder sur la question des salaires minimums, la branche se retrouva sans contrat collectif. Le litige portait notamment sur la rémunération minimale et l'introduction du 13e mois de salaire. Finalement, un compromis entre partenaires sociaux a pu être trouvé sous la forme d'un nouveau contrat collectif prévoyant, entre autres, un salaire minimum de 1920 francs pour le personnel sans formation, contre 1800 auparavant. Ce minimum passera à 2000 francs dès 1990. Pour le personnel qualifié ayant cinq ans d'expérience, le minimum sera de 2100 francs. Autre innovation: l'introduction progressive d'un 13e salaire qui ne sera versé intégralement qu'à partir de 1991 et seulement pour les employés dans leur cinquième année de travail [15].
L'épreuve de force qui a opposé l'Association suisse des arts graphiques (ASAG) au syndicat du livre et du papier ainsi qu'à l'Union suisse des lithographes a finalement connu son épilogue après plus de sept mois de vide contractuel. Le conflit pour le renouvellement de la CCT dans les arts graphiques vécut son point culminant avec un débrayage de deux heures conçu comme l'expression d'un mécontentement face aux résultats des négociations jugés décevants par les syndicats. Si les employeurs de la branche qualifièrent cet arrêt du travail de "grève nationale illégale", les syndicats déclarèrent que ce débrayage n'avait rien à voir avec une grève mais permettait aux employés de compenser une partie de leurs heures supplémentaires. Finalement, les revendications des syndicats furent partiellement concrétisées: l'unification des dispositions régissant les relations entre l'ASAG et les trois principaux syndicats, un accord sur l'introduction progressive d'une cinquième semaine de vacances et l'alignement progressif des salaires des femmes sur ceux de leurs homologues masculins [16].
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Conflits collectifs de travail
L'Office fédéral de l'industrie, des arts et métiers et du travail (OFIAMT) a enregistré en 1988 quatre conflits collectifs du travail ayant entraîné un arrêt du travail d'une durée minimum de 24 heures. Tous ont connu leur épilogue durant l'année. Chaque cas de grève n'a touché qu'une seule entreprise. Quant au nombre des travailleurs impliqués, il s'est élevé à 131 et celui des journées de travail perdues à 870. Classés par branche économique, les quatre conflits précités ont touché l'industrie textile, celle des machines, le groupe des réparations ainsi que l'hôtellerie et la restauration. Les principaux motifs invoqués avaient trait à l'introduction de nouveaux horaires de travail par équipes, à des questions salariales, à des entorses à la loi sur le travail et à l'insécurité des salariés quant à l'avenir de leur entreprise [17].
Des différends, qui avaient pour origine la conclusion de nouvelles conventions collectives de travail, sont également survenus entre partenaires sociaux dans les arts graphiques et dans l'hôtellerie. Ces deux branches ont traversé plusieurs mois sans convention, mais sans que cela n'aboutisse à une grève de plus de 24 heures (boycott dans l'hôtellerie et débrayage durant quelques heures par les typographes) [18]. D'autres conflits, ayant eux non plus entraîné aucun débrayage, ont éclaté dans la branche des communications (revendications d'augmentation des indemnités de résidences) et dans celle des transports aériens (plaintes concernant l'insuffisance des effectifs de personnel et surcharge de travail) [19].
 
[13] La Vie économique, 61/1988, no 8, p. 3; NZZ, 26.4., 27.6. et 4.7.88; JdG, 4.7. et 12.7.88; TW, 18.7.88. Cf. aussi infra, part. IIIb (Arbeitnehmer).
[14] USS, 13.7.88; SAZ, 18.8.88.
[15] TA, 5.3., 23.4., 8.7., 13.7. et 23.8.88; NZZ, 30.6. et 22.9.88; JdG, 2.7., 7.9. et 22.9.88; presse du 5.7., 21.7., 19.8. et 7.9.88.
[16] Presse des mois de mars à octobre 1988; cf. aussi USS, 15.6. et 26.10.88.
[17] La Vie économique, 62/1989, no 4, p. 20 s.
[18] Cf. supra, Conventions collectives de travail.
[19] La Vie économique, 62/1989, no 4, p. 20 s.