Année politique Suisse 1988 : Sozialpolitik / Gesundheit, Sozialhilfe, Sport / Assistance
Si pour la majorité des gens la pauvreté reste en Suisse un phénomène marginal qui ne touche que certaines catégories bien précises de la population,
plusieurs études et colloques tendent cependant à démontrer qu'il n'est pas aussi isolé que l'on pourrait bien le croire. Comme les statistiques font cruellement défaut et qu'il est très difficile de fixer un niveau de vie de référence, l'ampleur de la pauvreté demeure bien imprécise. Selon la définition que l'on retient pour établir le seuil de pauvreté, on peut considérer qu'elle affecte entre 2,7 et 9,3% de la population. Pour ATD Quart-Monde (Aide à toute détresse) comme pour la Conférence suisse pour l'assistance publique, il s'agit d'améliorer le réseau de la sécurité sociale. Ces deux organisations se sont prononcées en faveur d'une action menée à l'échelon national. Elle doit se traduire par un soutien plus efficace de la famille, soutien qui passe par l'instauration d'un régime fédéral des allocations familiales et par l'extension des prestations complémentaires aux couches défavorisées de la population. Il est indéniable qu'en raison de l'augmentation des prix sur le marché du logement et de la spéculation qui en découle, les bas salaires sont potentiellement menacés de venir grossir les rangs des sans-abris. Ainsi, tant les chômeurs en fin de droits que les personnes seules pour élever leurs enfants et les retraités risquent de venir étoffer les rangs de la pauvreté. A Bâle-Ville, le gouvernement a proposé au Grand Conseil de voter un crédit de 100 000 francs par année pour 1989 et 1990 pour réaliser une étude qui devra déterminer s'il existe un lien entre le problème des sans-abris et la pénurie de logements
[29].
Il reste maintenant à savoir si sur le plan politique des mesures vont être prises pour lutter contre la pauvreté. Les partis politiques adoptent des points de vue divergents sur l'ampleur et les causes
de la pauvreté en Suisse. Pour la droite économique, qui d'ailleurs relativise fortement l'amplitude du phénomène, la pauvreté est avant tout le signe de l'incapacité de s'intégrer et de s'adapter tant dans le système économique que social. C'est pourquoi elle prône une stratégie de lutte conçue en fonction des causes propres à chaque groupe à risque et non sur la base d'aides financières accordées globalement comme par exemple un revenu minimum garanti. Dans les rangs de la gauche, on se prononce pour des mesures de répartition des revenus dans le cadre des efforts entrepris en vue de redéfinir et d'améliorer le système des assurances sociales
[30]. Quant au groupe socialiste aux Chambres fédérales, il a déposé un postulat priant le Conseil fédéral de présenter un rapport sur la pauvreté en Suisse
[31].
[29] Presse du 29.11.88. Sur la pauvreté: Vr, 8.2.88; Ww, 31.3.88; BaZ, 5.4.88; Bund, 11.4.88. Cf. aussi Lit. Buhmann / Leu et Buhmann.
[31] Délib. Ass. féd., 1988, III, p. 43.
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