Année politique Suisse 1989 : Bildung, Kultur und Medien / Bildung und Forschung / Ecoles obligatoires
print
Enseignants
Durant une quinzaine d'années, la Suisse a connu une situation de «trop de maîtres, pas assez d'élèves». Aujourd'hui, selon une enquête de l'Association suisse des enseignants, la tendance s'inverse. Dans les prochaines années, plusieurs cantons – dont Argovie, Lucerne, Soleure, Vaud et Zurich – connaîtront une pénurie d'enseignants primaires. Actuellement, la situation est déjà particulièrement tendue dans le canton de Zurich où, pour l'année scolaire 1989/90, cinquante postes n'étaient pas pourvus en juillet. En raison de la haute conjoncture économique, la profession d'enseignant a perdu de son attraction, notamment au niveau de sa rémunération. Pour pallier à ces déficits ou afin de les prévenir, plusieurs cantons ont pris un certain nombre de mesures, améliorant les salaires, les conditions sociales, les possibilités de formation continue et revalorisant le statut de l'enseignant. Par exemple, Zurich a développé des cours de réinsertion professionnelle, a élargi les lieux géographiques de recrutement en reconnaissant les diplômes d'enseignement d'autres cantons et pratique le dédoublement des postes. La Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) a cependant minimisé la situation en spécifiant que si l'on pouvait observer sectoriellement des carences, il existait aussi des degrés où il y a suffisamment, voire trop, de professeurs [15].
L'avant-projet vaudois de loi sur la formation des maîtres innove dans deux domaines. Tout d'abord, il crée une section secondaire à l'Ecole normale. Ensuite, il institue une politique d'éducation permanente. Un concept de formation continue est adjoint aux recyclages obligatoires. Les réactions ont été positives chez les enseignants primaires et secondaires, pour qui les possibilités d'avancement sont réelles. Par contre, elles ont été négatives chez les enseignants licenciés universitaires, auxquels la loi n'offre rien, ainsi que dans les rangs du parti libéral, lui reprochant de proposer des conceptions de formation dépassées [16].
Dans le cadre de la seconde révision partielle de la loi 'sur l'instruction publique, trois voies de formation sont envisagées dans le canton du Valais. Premièrement, l'Ecole normale prolongée: six ans afin d'obtenir une maturité de type D (langues modernes) et une année de pratique. Deuxièmement, l'Ecole normale supérieure consistant en l'obtention d'une maturité en cinq ans et deux ans de formation pédagogique et pratique. Troisièmement, une amélioration de l'Ecole normale actuelle instituant un accès facilité aux hautes écoles mais n'étant pas subordonnée à l'acquisition d'une maturité. En consultation, cette dernière solution a été soutenue par le Haut-Valais (qui l'avait d'ailleurs proposée) alors que le Valais romand s'est prononcé en faveur des deux premières, plus particulièrement en faveur de la seconde voie, dite fractionnée. Les deux positions semblant difficilement conciliables, un compromis pourrait résider dans la coexistence de deux types de formation [17].
Le peuple du canton de Bâle-Campagne a refusé, par près de 70% des voix, une initiative – lancée par un petit comité composé de politiciens de droite – visant à octroyer au souverain un droit d'intervention dans le temps horaire hebdomadaire d'enseignement des maîtres. La majorité du parlement cantonal ainsi que le gouvernement s'étaient opposés à ce texte qui, non seulement niait la confiance mise dans le corps professoral, mais était aussi contraire au principe de l'égalité de traitement [18].
Après trois ans de travaux préparatoires, la Conférence des associations suisses d'enseignants (KOSLO) et l'Association suisse des enseignants (SLV) ont fusionné sous le nom de «Schweizer Lehrerinnen und Lehrer» (LCH). Les buts de la nouvelle organisation sont multiples, tels que la revalorisation de l'image générale des enseignants, l'encouragement de l'autonomie des écoles locales, la reconnaissance inter-cantonale des diplômes d'enseignement ainsi que la réduction du temps de travail. Tant les Romands que les Tessinois sont absents de ce nouvel organisme, par crainte d'une prédominance alémanique peut-être, mais aussi en raison de la non-acceptation de membres collectifs dans la nouvelle association [19].
 
[15] Bund, 1.7.89; BZ, 3.7.89; TA, 12.7.89.
[16] 24 Heures, 30.8.89.
[17] NF et Lib., 22.9.89.
[18] NZZ, 22.2.89; BaZ, 25.2. et 6.3.89.
[19] NZZ, 11.12.89; Lib., 22.12.89.