Année politique Suisse 1990 : Allgemeine Chronik / Schweizerische Aussenpolitik
Europe
En 1990, le Conseil de l'Europe commémora, à Rome, le quarantième anniversaire de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH). Lors de la session qu'il tint à cette occasion, la Hongrie adhéra formellement à l'institution. La Pologne, la Yougoslavie, la Bulgarie, la Roumanie et la Tchécoslovaquie demandèrent également à intégrer cet organe qui semble devenir, selon les conclusions d'une rencontre quadripartite avec des représentants de la CE en octobre, la "première structure d'accueil au sein de la coopération européenne pour les pays d'Europe centrale et de l'Est"
[21]. Selon les ministres des affaires étrangères réunis au sein du Conseil de l'Europe, ce dernier doit participer à la mise en oeuvre des
objectifs humanitaires de la CSCE
[22].
Dans son
rapport annuel sur les activités de la Suisse en 1990 dans cette organisation, le Conseil fédéral mentionna la ratification, par la Suisse, du Protocole à la Convention relative à l'élaboration d'une Pharmacopée européenne, de la Convention européenne sur la reconnaissance de la personnalité juridique des organisations non gouvernementales et de celle sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives. La Confédération helvétique signa la Convention contre le dopage, celle concernant le dédommagement des victimes d'infractions violentes, celle pour la protection des animaux de compagnie ainsi que le Protocole no 9 à la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales
[23]. Par ailleurs, la Suisse participa pour près de quatre millions de francs au budget ordinaire du Conseil et versa une contribution volontaire supplémentaire
[24].
Le 20 juin ont débuté les
négociations formelles sur l'Espace économique européen (EEE), se déroulant entre la Communauté européenne (CE) et les pays membres de l'Association européenne de libre-échange (AELE)
[25]. Elles portent sur cinq domaines: la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux ainsi que sur les politiques d'accompagnement et les questions juridiques et institutionnelles
[26].
Ce processus donna lieu à plusieurs entrevues entre les représentants des pays membres de 1'AELE afin de définir et de présenter une
position commune. De nombreuses rencontres formelles et informelles (à Genève et Göteborg (S)) permirent à l'AELE, après avoir notamment examiné les résultats des discussions exploratoires menées précédemment et les indices résultant des six premiers mois de discussions formelles, d'asseoir une attitude plus ou moins commune et stable
[27]. Celle-ci tint principalement en quatre points. Premièrement, les pays membres de l'AELE réaffirmèrent leurs desiderata quant au contenu de l'EEE (exceptions pour la sauvegarde d'intérêts fondamentaux, co-décision, organe judiridique commun). Deuxièmement, ils réitérèrent leur volonté de voir aboutir les discussions sur le traité EEE au cours du printemps 1991, de manière que celui-ci entre en vigueur le ler janvier 1993. Dans ce contexte, ils stipulèrent qu'un tel aboutissement nécessitait une
percée politique dans les engagements pris par les deux entités. Troisièmement, ils indiquèrent leur désir de voir se concrétiser certains processus entamés dans le cadre du
suivi de Luxembourg
[28], notamment ceux relatifs à leur participation à ERASMUS (mobilité des étudiants), à l'Agence européenne pour l'environnement, aux programmes de recherche ainsi qu'à la reconnaissance mutuelle dans le domaine des essais et de la certification. Quatrièmement, ils insistèrent sur le lien causal entre l'étendue de la reprise de l'acquis communautaire et
l'organisation institutionnellle du futur espace.
Ces tendances correspondent à celles exprimées, en novembre, par le Conseil fédéral dans son rapport complémentaire (à celui de 1988) sur la
position de la Suisse dans le processus d'intégration européenne. Par son biais, le gouvernement réaffirma sa détermination à participer activement au développement de l'intégration européenne et évalua l'EEE comme un moyen prioritaire et efficace d'atteindre cet objectif. Cependant, cet instrument devrait, selon l'exécutif, remplir trois conditions pour être attractif pour la Confédération. D'une part, lui permettre d'atteindre un
degré élevé d'intégration au marché unique. D'autre part, la faire
participer pleinement au processus dé décision de l'EEE. Enfin, l'autoriser à maintenir l'essentiel de ses spécificités. Au cas où ces trois données ne pourraient être satisfaites, le gouvernement envisagerait alors les deux autres scénarios européens, à savoir l'adhésion ou le le retour à la voie pragmatique et ponctuelle
[29].
La
conférence commune du 19 décembre 1990, tenue entre les représentants des Etats membres de la CE et de l'AELE à Bruxelles, dressa un premier bilan des progrès réalisés après six mois de négociations. La
déclaration finale issue de cette rencontre souligne le chemin parcouru depuis le 20 juin, notamment dans l'identification de l'acquis communautaire pertinent, les mécanismes de sauvegarde, les demandes de dérogations permanentes ainsi que les questions juridiques et institutionnelles. Elle signale également les domaines où des progrès restent à accomplir, tels ceux de la libre circulation des personnes et des capitaux, des transports, de l'agriculture et de la pêche. Reconnaissant la nécessité d'une participation équilibrée dans le processus de décision relatif à l'EEE, elle mentionne la possiblité d'un mécanisme permanent d'information et de consultation au cours de la phase de formation des décisions mais ne parle pas (ou plus) de
co-décision. Pour ce faire, un
Conseil de l'EEE serait institué, composé de membres de l'AELE ainsi que du Conseil et de la Commission des CE. Il aurait pour tâche, outre l'impulsion politique générale et les modifications du traité, l'évaluation du fonctionnement de l'accord. Un
organe mixte serait, quant à lui, responsable de la mise en oeuvre du traité. Les décisions prises au niveau de l'EEE devraient l'être par consensus. Les experts des Six seraient également associés à tous les stades de l'élaboration d'une directive communautaire
(decision-shaping)
[30].
A fin 1990, quelles étaient les perspectives les plus notables dans les différents secteurs englobés dans l'accord et quelles en demeuraient les principales difficultés? Dans le domaine de la libre circulation des marchandises, deux des problèmes subsistant ont trait aux pêcheries ainsi qu'aux facilités réciproques demandées par la CE dans l'accès au marché pour les produits agricoles.
Dans le cadre de la
libre circulation des services et des capitaux, le principal avantage de l'EEE consisterait dans l'établissement du libre-échange dans le premier secteur mentionné. Les difficultés rencontrées par les pays de l'AELE sont relatives à la libéralisation complète des investissements directs et des achats de biens immobiliers. Ce dernier point est particulièrement délicat pour la Suisse et constitue l'une des deux dernières exceptions permanentes à la reprise de l'acquis communautaire qu'elle revendique (lex Friedrich). Cependant, d'autres litiges subistent tels que, par exemple, l'étendue de la libéralisation des services audio-visuels ou de télécommunication, le trafic aérien et les transports. Ce dernier point forme la seconde exception permanente que la Confédération postule encore, plus spécifiquement liée à la limite de 28 tonnes des camions empruntant le réseau routier helvétique
[31].
Dans le secteur de la
libre circulation des personnes, les règles communautaires qui seraient reprises prescrivent l'abolition de toute discrimination fondée sur la nationalité dans l'emploi et les conditions de l'exercice du travail. Dans ce contexte, la politique menée par la Suisse à l'égard des étrangers pose problème, notamment au niveau du statut des saisonniers. Cependant, en novembre, les autorités helvétiques renoncèrent à demander une dérogation permanente à la reprise de l'acquis communautaire concernant le
plafonnement de la main-d'oeuvre étrangère
[32]. Cet abandon fut néanmoins subordonné à l'instauration d'une clause de sauvegarde permettant à la Suisse de déroger aux règles de l'EEE en la matière en cas de situation exceptionnelle. Si l'USS revendique l'abolition du statut de saisonnier dans sa forme actuelle, afin de le limiter aux véritables occupations cycliques dans les régions de montagne, les organisations faîtières de l'économie (USAM, Vorort, Union centrale des associations patronales suisses) se prononcent pour son maintien intégral, avec toutefois une attribution du contingent favorable aux entreprises ayant des activités saisonnières
[33].
Dans les politiques d'accompagnement, l'une des incertitudes réside dans les mesures dites de cohésion — destinées à réduire les disparités économiques et sociales entre les différentes régions de l'EEE — qui semblent être encore à définir.
Le principal objectif des négociations menées dans le domaine des
questions juridiques et institutionnelles est de garantir que les règles de l'EEE déploieront les mêmes effets pour tous les contractants. A la fin des pourparlers exploratoires, une procédure de concertation réciproque fut définie par les experts des deux parties. Selon ses termes, les pays membres de I'AELE ne seraient pas associés à la prise de décision (co-décision) mais seraient néanmoins, préalablement à tout développement des règles de l'EEE, consultés. A ce niveau demeurent encore certaines difficultés, ainsi que dans l'établissement (ou non) d'une Cour de justice commune
[34].
En 1990, le
Vorort se prononça en faveur de la participation helvétique à l'EEE, mais sous un certain nombre de conditions parmi lesquelles figure la co-décision. En cas d'échec des négociations, il serait favorable à un mini-traité qui normaliserait un nombre limité de domaines d'intérêt commun. Dans son optique, une adhésion de la Confédération à la CE reste, pour le moment, non envisageable
[35]
. Si
l'Union suisse des arts et métiers (USAM) se déclara ouverte à I'EEE, le nombre de réserves qu'elle émit peut légitimement faire douter de ses intentions. Elles ont trait à des limitations dans les quatre libertés de circulation, par exemple le maintien du statut de saisonnier et de la politique de stabilisation des étrangers
[36]).
L'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), présidée par le démocrate du centre zurichois Christoph Blocher et comprenant également l'ancien directeur de l'USAM Otto Fischer, s'exprima très clairement contre l'EEE, qui ne ferait qu'entraîner une satellisation de la Confédération
[37]
. A l'inverse, les parlementaires formant le
"Club Suisse-EEE" soutinrent l'idée d'une adhésion à ce traité tout comme les onze députés constituant le
groupe en faveur d'une adhésion de la Suisse à la Communauté européenne
[38]
.
Le
parti radical suisse adopta, lui, des thèses suivant celles défendues par le gouvernement, à savoir l'engagement de la Suisse dans l'EEE, avec un droit de participation sur les décisions prises dans ce contexte. Si cela n'était pas possible, le PRD postule l'examen des deux scénarios alternatifs, 1"`Alleingang" et l'adhésion
[39]
. Le
parti démocrate-chrétien appuya également l'idée de l'EEE. II considère une éventuelle intégration à la CE comme une option envisageable si la Communauté évolue vers une structure plus fédérative
[40].
L'Union démocratique du centre s'avéra plutôt favorable à l'Espace économique pour autant qu'il se limite aux quatre libertés et admette des exceptions dans les secteurs du trafic de transit, de l'immigration, de l'environnement et de l'immobilier. Bien que se voulant prête à l'examen, en tout temps, de l'opportunité d'une adhésion à la CE, l'UDC refuse, pour le moment, un tel engagement
[41]. Le
comité central du parti socialiste invita le Conseil fédéral à présenter une demande d'adhésion à la CE, néanmoins assortie de conditions dans les domaines social, de l'environnement, des transports et de la politique étrangère
[42]. Si l'EEE est également soutenu par les
libéraux, il n'est, pour eux, qu'une solution transitoire devant mener à une intégration plus formelle
[43]. Les
écologistes, eux, se prononcèrent contre un rapprochement avec une Europe centralisatrice et matérialiste, par crainte notamment que la Suisse n'y perde ses normes écologiques; cette prise de position n'est cependant, selon les verts, pas définitive puisqu'ils se veulent ouverts à une Europe des régions
[44].
En 1990 a également été lancée, par les journaux "Bilan/Bilanz", "Le Matin" et "Politik und Wirtschaft", l'initiative populaire en faveur de l'adhésion de la Suisse à la Communauté européenne, dite
"Euro-Initiative"
[45]
. Elle prévoit un nouvel article constitutionnel demandant l'ouverture de négociations avec la CE dans ce dessein. C'est également pour permettre une meilleure information de la population que ce mouvement a été initié
[46]. Ce texte est d'ores et déjà soutenu par l'Alliance des indépendants, l'Union européenne de Suisse (UES), la FTMH ainsi que par des politiciens de différents partis
[47]
.
Quatre
initiatives parlementaires en la matière ont aussi été déposées. La première provient de députés formant le groupe parlementaire "Communauté européenne", dont le chef de file est le conseiller national Jaeger (adi, SG). Elle exprime une demande similaire à celle de 1"`Euro-Initiative"
[48]. Les trois autres ont un contenu identique et émanent des conseillers nationaux Caccia (pdc, TI), Petitpierre (prd, GE) et Sager (udc, BE). Par le biais d'un nouvel article constitutionnel 8bis elles demandent une
plus grande implication de la Suisse dans la construction européenne, non seulement par l'intermédiaire de la CE, mais aussi par celui de toutes les autres institutions oeuvrant en ce sens
[49]
.
Les pays de l'AELE, donnant suite à une impulsion helvétique, décidèrent, en 1990, de mettre la
Yougoslavie au bénéfice d'un
Fonds de développement similaire à celui en fonction depuis 1976 avec le Portugal. Doté de 100 millions de dollars, il concourra au développement de l'économie yougoslave dans la perspective de l'application des mécanismes de marché. Il permettra de financer des projets d'investissements d'entreprises et contribuera, par son activité, à favoriser le commerce et les relations entre les Etats versant des subsides et la Yougoslavie. La participation de la Suisse sera de 29,8 millions de dollars (soit environ 44,7 millions de francs), ainsi que le décrétèrent, lors de la session d'hiver, les Chambres fédérales
[50]
.
Lors de la réunion ministérielle de Göteborg (Suède), qui marquait le trentième anniversaire de l'AELE, trois
déclarations de coopération furent signées avec la Hongrie, la Pologne et la Tchécoslovaquie. Des pourparlers exploratoires ont été entamés avec la Turquie, dans le but de conclure, à terme, un accord de libre-échange
[51].
De mars à avril 1990 se tint, à Bonn, la
Conférence économique de la CSCE, dont l'un des buts était de rapprocher l'Est et l'Ouest de l'Europe. Plusieurs thèmes furent à l'ordre du jour, notamment l'amélioration des conditions du commerce, la coopération industrielle et la politique monétaire
[52]. Il y fut aussi question de l'institutionnalisation du processus de la CSCE ainsi que de la position des pays neutres et non-alignés (N+N) en Europe
[53].
En novembre 1990 eut lieu, à Paris, la réunion au sommet de la CSCE, rassemblant 34 chefs d'Etat et de gouvernement. A cette occasion, il fut formellement mis fin à l'affrontement Est-Ouest. Cette décision fut concrétisée par la signature de la Charte de Paris pour une nouvelle Europe politique qui, après mention des acquis, indique les orientations pour l'avenir et les structures organisationnelles en résultant.
Parmi ses objectifs figurent, par exemple, l'amélioration du respect des
minorités nationales, notamment par le biais du Conseil de l'Europe. A l'initiative de la Suisse, une conférence d'experts se tiendra, à ce sujet, en juillet 1991 à Genève. Le texte de Paris évoque également la poursuite des négociations sur les mesures de confiance et de sécurité (MDCS) ainsi que sur les forces armées conventionnelles. Il mentionne la nécessité de développer de nouvelles formes de coopération dans le
règlement pacifique des différends. A ce propos, une réunion, également suggérée par la Suisse, aura lieu en janvier/février 1991 à Malte
[54].
Afin d'atteindre ces divers buts, la Charte dote formellement la CSCE d'un
Conseil, composé des ministres des affaires étrangères des pays membres, qui examinera les questions pendantes, prendra les décisions appropriées et préparera les réunions des chefs d'Etat ou de gouvernement. De surcroît, elle lui assigne d'autres organismes dont un Comité de hauts fonctionnaires, un secrétariat (à Prague), un centre de prévention des conflits (à Vienne) et un bureau des élections libres (à Varsovie)
[55].
En novembre 1990 fut également adopté le document de Vienne sur les
mesures de confiance et de sécurité (MDCS), politiquement contraignant et incorporant de nouvelles règles à celles déjà en vigueur. Par exemple, les Etats membres devront procéder à l'échange annuel d'informations sur leurs forces et leurs budgets militaires
[56].
Dans le contexte des négociations menées dans le cadre de la CSCE sur la réduction des armements conventionnels, le Conseil national transmit, sous forme de postulat, une motion Braunschweig (ps, ZH) demandant la participation de la Suisse à ces discussions. Si cette dernière devait être différée, le texte sollicite la présentation d'un rapport sur toutes les questions relatives au
désarmement
[57]. La grande chambre fit de même avec la motion Spielmann (pdt, GE), qui souhaitait voir la Suisse participer plus activement à toutes les
mesures en faveur de la paix, notamment dans le cadre de l'ONU et, plus spécifiquement, dans les secteurs chimique, nucléaire et des moyens de destruction massive
[58]. Par ailleurs, le Conseil fédéral accueillit favorablement la réunification des deux Allemagnes, symbolisant, selon lui, la fin de la séparation européenne
[59].
En 1990, les Chambres fédérales ont octroyé à l'unanimité un
crédit de programme de 250 millions de francs
en faveur des pays d'Europe de l'Est, sollicité en 1989 par l'exécutif
[60]
. Ce montant sera réparti, sur une période minimale de trois ans, entre les secteurs de la politique et de la culture (30 millions de francs), de l'environnement (30 millions), du soutien technique alimentaire (30 millions) et de l'encouragement à l'investissement ainsi qu'à l'aide financière et commerciale (160 millions). De cette dernière somme, 150 millions de francs seront spécifiquemment alloués à la Pologne. Accordé afin d'épauler le processus de réformes entreprises dans ces Etats, il sera attribué sous forme de contributions non remboursables, de prêts ou de garanties.
Lors de son allocution devant le
Conseil des Etats, R. Felber spécifia que cette aide constituait un geste politique, à faire rapidement en raison de l'état général des nations concernées. La volonté du gouvernement n'est cependant pas de défavoriser les pays en développement des autres continents; c'est pourquoi l'aide aux pays de l'Est fait l'objet d'un engagement distinct
[61].
Si le
Conseil national adopta ce crédit-cadre dans la version proposée par l'exécutif, les différents termes de l'action à entreprendre firent néanmoins l'objet de propositions alternatives, toutes rejetées ou retirées. Le premier cas de figure fait référence à la suggestion Widmer (adi, ZH) qui souhaitait que le crédit soit augmenté de 100 millions de francs (350 millions). La seconde alternative mentionnée a trait aux propositions Scheidegger (prd, SO) et Reimann (udc, AG) qui énuméraient explicitement les pays pouvant bénéficier de l'aide (Pologne, Hongrie, Roumanie), les domaines à soutenir ainsi que certains projets spécifiques. R. Felber réfuta ces options, précisant que le gouvernement ne voulait pas avoir à choisir entre certains Etats et certains secteurs plutôt que d'autres. Tous les groupes parlementaires se prononcèrent en faveur de la version du Conseil fédéral, à l'exception de celui des indépendants, qui soutint la proposition Widmer
[62]
.
C'est en vertu de
l'incompatibilité des
besoins et des
habitudes alimentaires des populations concernées avec nos propres usages, mais aussi afin d'encourager la production locale et régionale, de ne pas créer de dépendance à long terme et de ne pas susciter des coûts de transport faramineux que le Conseil national rejeta la motion de la députée Dormann (pdc, LU). Cette dernière demandait en effet que l'on fasse don des surplus suisses de céréales panifiables aux pays d'Europe de l'Est et d'Afrique
[63].
Les deux Chambres ont, par contre, accepté l'adhésion de la Suisse à la
Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Fondée en mai 1990 à Paris, elle comprend 42 membres, dont tous les Etats industrialisés. Dotée d'un capital initial de 10 milliards d'Ecus, elle a pour but d'aider financièrement les pays d'Europe centrale et orientale qui adoptent les principes du libéralisme, de la démocratie et du pluralisme. Son appui, destiné à faciliter la transition entre économies planifiée et de marché, est prioritairement réservé au secteur privé (60%) et se concrétise par des prêts à long terme, des participations au capital ou des garanties. Le Conseil fédéral sollicitait l'ouverture d'un crédit de programme de 228 millions d'Ecus afin de couvrir la contribution de la Suisse à la BERD (2,28% du montant total, soit, aux conditions actuelles, 410 millions de francs). De cette somme, 30% seront entièrement exigibles (125 millions de francs) dans les cinq années suivant l'adhésion, le reste formant un capital de garantie. La Confédération disposera d'un représentant permanent au Conseil d'administration de l'institution
[64].
Trois
accords furent signés, en 1990, avec la Tchécoslovaquie, l'Union soviétique et la Pologne. Avec les deux premiers Etats, ils ont trait à la promotion et à la protection des investissements, avec le dernier à la consolidation de dettes
[65].
Dans le cadre des discussions parlementaires sur le supplément I au budget 1990 de la Confédération, les Chambres ont accepté le versement d'un premier crédit de 46,1 millions de francs, pris sur le montant du programme en faveur des pays de l'Est, et destiné à participer à un
fonds international de stabilisation en faveur de la Pologne. Cet instrument doit permettre de soutenir les efforts de ce pays en matière de réformes économiques et monétaires
[66].
Par ailleurs, le Conseil national transmit, sous forme de postulat, une motion de sa commission des affaires étrangères, souhaitant que les services du parlement proposent, aux Etats en voie de démocratisation, un programme de formation sur le fonctionnement du
système parlementaire
[67]..
[21] FF, 1991, I, p. 1230.
[22] NZZ, 12.5. et 21.5.90; Europa, 1990, no 7-9, p. lO s.
[23] Cf. infra, part. I, 4c (Expérimentation animale), 7b (Fürsorge, Sport). Le Protocole no 9 autorise les requérants individuels à saisir la Cour européenne des droits de l'homme.
[24] FF, 1991,1, p. 1225ss.;BOCE, 1990, p.500ss.;BO CN, 1990, p. 1009 ss. ; NZZ, 15.2.90. Cf. aussi APS 1989, p. 64. Contribution suisse s'élevant à 3,792 millions de francs. La contribution volontaire se chiffra à 350 000 francs.
[25] Presse des 16.6., 19.6. (mandat de négociation des diplomates suisses), 21.6., 25.-27.7., 20.-22.9., 18.-20.10., 30.10., 22.11., 13.12. et 14.12.90. Cf. aussi APS 1989, p. 62 ss.
[26] FF, 1991, 1, p. 297. Presse du 19.6.90, dans laquelle il est fait état du mandat de négociation donné par le gouvernement suisse à ses diplomates. Treize exceptions, le principe de la co-décision et celui de la subsidiarité en font partie.
[27] Presse des 23.2. (séance de hauts fonctionnaires), 21.3., 22.3., 29.3., 3.4., 4.4., 10.4. (négociations exploratoires), 23.10., 24.10., 8.11., 14.12. et 15.12.90; NZZ, 11.12.90. Le "plus ou moins" fait notamment référence aux demandes d'adhésion, formelle, de l'Autriche, et probable (pour 1991) de la Suède: presse du 28.1 1.90.
[28] BZ, 26.11.90; fait référence à la Déclaration de Luxembourg de 1984.
[29] Rapport d'information du Conseil fédéral sur la position de la Suisse dans le processus d'intégration européenne du 26 novembre 1990, Berne 1990; Rapp.gest. 1990, p. 342; presse du 28.11.90. Cf. aussi APS 1988, p. 75 s. Par spécificités, on entend celles liées au système politique (fédéralisme, démocratie semi-directe, etc.).
[30] FF, 1991, I, p. 293 ss.; presse des 13.11., 14.11. et 19.-21.12.90; TA, 5.12.90; WoZ, 7.12.90. Cf. APS 1989, p. 62 ss.
[31] Cf. infra, part. I, 6b (Politique des transports).
[32] Presse du 17.11.90 (sur les deux exceptions permanentes). Pour les transports, cf. infra, 6b (Politique des transports).
[33] Presse du 27.1.90. Cf. infra, 7d (Ausländerpolitik).
[34] Presse des 18.1. et 22.3.90;
L'Hebdo, 25.1.90. Ace titre, le discours de Jacques Delors devant le Parlement européen, en janvier, avait clairement indiqué la volonté de la CE de maintenir intact son pouvoir de décision.
[35] Presse des 10.2. (conférence de presse du Vorort), 18.5. et 16.8.90;
RFS, 7, 13.2., 21, 22.5. et 35, 28.8.90; SHZ, 22.1., 31.5., 7.6. et 30.8.90.
[36] Presse des 1.5. et 2.5.90;
SHZ, 17.5.90.
[37]
24 Heures, 3.3.90; presse du 14.5.90.
[38] Presse du 24.3.90; NZZ, 27.3.90. Ce dernier groupe est formé des parlementaires suivants: le conseiller aux Etats Onken (ps, TG) et les députés Biel (adi, ZH), Columberg (pdc, GR), Cotti (pdc, TI), David (pdc, SG), Salvioni (prd, TI), Segond (prd, GE), Ulrich (ps, SO), Widmer (adi, ZH) et Zbinden (ps, AG). Presse des 24.4. et 25.4.90, pour le Club Suisse-EEE où l'on trouve notamment les députés Friderici (pl, VD), Reymond (pl, VD), Feigenwinter (pdc, BL), Portmann (pdc, GR) et Reimann (udc, AG).
[39] Presse du
30.4.90; FDP-Presseinformation, 19.3., 23.4.,
10.5., 18.6.,
25.6., 12.7., 2.8., 1.10., 15.10., 25.10. et 19.11.90.
[40]
JdG et TA, 14.5.90;
CVP-Dokumentation, 14.5., 21.5. et 29.10.90;
CVP-Pressedienst, 9.5., 16.5.
et 18.7.90.
[41]
Presse du
7.9.90; SVP-Pressedienst, 16.1.
et 18.12.90.
[42] Presse des 19.11. et 23.11.90;
SP-Pressedienst, 9.1., 22.5. et 12.6.90.
[43]
Suisse, 5.7.91:
Das liberale Profil, 17.1.,
21.3., 11.4.,
22.8., 24.10.
et 29.11.90.
[44] Presse des
23.4.90 et 4.7.91;
GPS, Grüne Europa Politik, Bern 1989.
[45]
FF, 1990, III, p.
649 ss.; presse
des 4.4., 5.4., 10.4.
et 24.10.90;
SGT, 27.10.90.
[46] Presse du
4.4.90; Suisse, 5.4.90.
[47]
NZZ et
LM, 21.5.90; presse des
22.9. et 24.10.90;
WoZ, 19.10.90;
NZZ, 22.10.90;
JdG, 19.11.90 (FTMH);
Europa, 1990,
no 7-9, p. 4
s.
[48]
Délib. Ass. féd., 1990,
IV, p.
37 (initiative Jaeger
(adi, SG) au CN) et
40 (initiative
Roth (pdc, JU)
au CE); Blick, 4.10.90;
presse du
6.10.90.
[49]
Délib. Ass. féd., 1990, III, p.
35; presse
du 23.6.90.
[50]
FF, 1990, II, p. 477
ss.; BO CE, 1990, p.
883; BO CN, 1990, p.
2287 s.
[51] Un comité mixte AELE-Tchécoslovaquie a été créé en juin 1990, dans le but d'examiner les conditions d'une future zone de libre-échange (JdG et NZZ, 17.1 1.90).
[52] NZZ, 1.3. (article sur la CSCE dans son ensemble et son avenir), 20.3. et 10.-12.4.90; presse du 11.4.90; JdG, 19.6.90.
[53] Rapp.gest. 1990, p. 51 s.
[54] Rapp.gest. 1990, p. 42; BaZ, 6.6.90; NZZ et JdG, 7.6.90; presse des 30.6., 12.7., 17.11. et 19.-22.11.90.
[55] Textes relatifs à la Charte de Paris in FF, 1991, 1, p. 1003 ss.; TW, 16.1 1. et 20.1 1.90; TA, 19.11.90; Suisse, 19.-22.11.90.
[56] FF, 1991, 1, p. 1036 ss.; Rapp.gest. 1990, p. 51 s.; Europa, 1990, no 10-12, p. 8 s. Liste non exhaustive des nouvelles MDCS.
[57] BO CN, 1990, p. 680 s.
[58] BO CN, 1990, p. 579 s.
[59] Presse des 3.10. et 4.10.90.
[60] FF, 1990, 1, p. 1543; BO CE, 1990, p. 55 ss.; BO CN, 1990, p. 351 ss.; NZZ, 14.2. et 17.2.90 (commissions); presse des 7.3. (CE) et 14.3.90 (CN). Cf. aussi APS 1989, p. 67.
[61] BO CE, 1990, p. 64 ss.
[62] BO CN, 1990, p. 351 ss.
[63] BO CN, 1990, p. 1894 s.
[64] FF, 1990, III, p. 741 ss. et 1712; BO CE, 1990, p. 1032 s. et 1103; BO CN, 1990, p. 2289 s. et 2498; Suisse, 24.5.90; JdG, 25.5. et 28.5.90; NZZ, 30.5.90.
[65] FF, 1991, 1, p. 293 ss.
[66] BO CE, 1990, p. 285; BO CN, 1990, p. 960 ss.
[67] BO CN, 1990, p. 371 ss.
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