Année politique Suisse 1994 : Wirtschaft / Landwirtschaft
 
Sylviculture
L'association "Découvrir la forêt" a publié une étude faisant part d'une estimation de la valeur globale de la forêt allant au-delà de la simple exploitation économique. Au côté de cette dernière ont ainsi été pris en compte ses fonctions de protection et de délassement, son apport alimentaire et sa diversité biologique. Selon les auteurs, la valeur totale de la forêt serait de neuf milliards de francs, d'une part pour ce qu'elle rapporte directement et, d'autre part, pour ce qu'elle évite de dépenser. Par exemple, si la production de bois rapporte environ 450 millions de francs par an, la protection naturelle offerte par la forêt, en ce qu'elle empêche avalanches et inondations, permettrait d'économiser 3,5 milliards de francs [63].
S'inscrivant dans une telle réflexion, la Direction fédérale des forêts (DFF) de l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) a étudié la possibilité de taxer les activités de détente dans la forêt. En effet, ces dernières pouvaient être garanties jusque-là grâce à la mise en valeur de la forêt par son exploitation. Or, la vente du bois est devenue déficitaire et les pouvoirs publics manquent de moyens, ce qui menace à terme les services offerts par la forêt en faveur de la collectivité. La DFF a ainsi lancé le projet "Appréciation et valorisation des différentes prestations de la forêt (VAFOR)" devant mettre au point les diverses mesures destinées à procurer des recettes nouvelles aux propriétaires publics et privés de forêts [64].
Contrairement aux années précédentes, la station de recherche de Birmensdorf (ZH) n'a pas publié les résultats de l'inventaire Sanasilva 1994, préférant pour cela attendre 1995 et l'aboutissement d'autres recherches en cours. A la base de cette décision figure notamment la remise en cause de la pertinence de certains indicateurs utilisés. Cependant, des estimations ont déjà permis de constater une nouvelle aggravation de l'état de santé de la forêt suisse. La proportion d'arbres défoliés à plus de 25% atteindrait ainsi 20 à 23 % (1993: 18%), soit probablement plus que le record de 1991 (21%) [65].
Par ailleurs, le Conseil des Etats a transmis, contre l'avis du gouvernement, une motion Martin (prd, VD) demandant une modification de la loi sur la circulation routière prévoyant la possibilité de déroger à la limite de 28 tonnes pour les poids lourds transportant des bois ronds. Selon le motionnaire, cette mesure devrait tout autant favoriser l'économie forestière que contribuer à la protection de l'environnement [66].
 
[63] Presse des 15.3 et 21.3.94. Cf. aussi lit. Rauch-Schwegler.63
[64] LM, 28.5.94; NZZ, 2.6.94; SoZ, 12.6.94. Conséquence des prix trop bas régnant sur le marché, la production suisse de bois a reculé de 3,2% en 1993, entraînant également une chute de revenu (presse du 11.8.94). Par ailleurs, les projets fédéraux de réduction linéaire des subventions pour les forêts devraient conduire l'industrie sylvicole à de fortes restructurations et rationalisations afin de se rapprocher des règles du marché (BZ et SGT, 21.11.94).64
[65] Presse du 17.12.94. Pour le rapport 1993, cf. presse du 10.8.94 ainsi que APS 1993, p. 126.65
[66] BO CE, 1994, p. 1159 s. Cf. aussi lit. Zimmermann.66