Année politique Suisse 1994 : Bildung, Kultur und Medien / Bildung und Forschung / Hautes écoles
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Coordination universitaire
Souhaitant éviter se voir imposer des mesures de rationalisation par la Confédération, les autorités politiques et universitaires de Berne, Fribourg, Genève, Neuchâtel et Vaud (y compris le président de l'EPFL) ont signé en février l'acte constitutif de la Conférence universitaire de Suisse occidentale (CUSO). S'inspirant de la coordination en cours entre les universités de Berne, Neuchâtel et Fribourg (BENEFRI), ce vaste projet de "mise en réseau" progressive a pour principaux buts de mettre en commun les ressources des différentes hautes écoles de Suisse occidentale et de collaborer au niveau de l'enseignement et des formations dispensées. La CUSO - qui remplace la Conférence universitaire romande (CUR) - prévoit en effet des collaborations et des regroupements entre les différentes matières enseignées, l'achat en commun des équipements onéreux, une reconnaissance mutuelle des titres délivrés, un calendrier académique harmonisé et la réalisation de numéros communs des magazines académiques. Les professeurs pourront en outre enseigner, voire être nommés, dans plusieurs hautes écoles, tandis que les étudiants seront amenés à suivre des cours dans différentes universités. La convention met finalement en place de nouvelles structures: la CUSO est divisée en deux sous-ensembles, BENEFRI et l'Arc lémanique. Son Conseil d'administration regroupe les chefs des départements de l'instruction publique et les recteurs des quatre cantons universitaires romands et de Berne, auxquels s'ajoutent les présidents du Conseil des EPF et de l'EPFL. Y siègent également les cantons du Valais, du Jura et du Tessin. De la CUSO dépend la Commission de coordination de Suisse occidentale (CCSO) qui chapeaute des commissions de branches chargées de définir les synergies dans une même discipline [22].
A la veille de la première séance de la CUSO, l'UNES a tenu à manifester sa forte méfiance à l'égard de cette nouvelle institution. Craignant, d'une part, que la mise en réseau des hautes écoles de Suisse occidentale ne serve davantage de prétexte à la réalisation d'économies que d'instrument permettant l'amélioration de l'offre aux étudiants, l'UNES a exigé, d'autre part, une participation des étudiants dans tous les organes de la CUSO [23].
Lors de la présentation du premier bilan des activités de la Conférence universitaire de Suisse occidentale, quatre commissions de branche avaient déjà été mises sur pied dans les domaines des mathématiques, de la linguistique, de l'histoire générale et nationale et des sciences de l'Antiquité. D'autres commissions de ce type sont prévues pour les sciences économiques, les sciences politiques, la géographie, la chimie et la statistique. Durant ses premiers mois d'activité, la CUSO a également discuté des projets de loi visant à renforcer le pouvoir des rectorats (actuellement en cours d'élaboration dans toutes les universités concernées). Elle préparait, en outre, un concordat intercantonal sur le statut du corps enseignant et les titres universitaires et a publié un nouveau magazine appelé "Synergies" [24].
La coordination des études et de la recherche entre les universités de Berne, Neuchâtel et Fribourg (BENEFRI) a pris de l'ampleur par la signature de cinq nouvelles conventions de branche en chimie, langue et littérature ibériques, histoire, littérature française et droit européen. Celles-ci viennent ainsi s'ajouter aux cinq conventions déjà conclues l'an passé (géologie/minéralogie, biologie végétale, informatique, langue et littérature italiennes, linguistique du français moderne). Les trois universités réunies sous l'égide de BENEFRI ont en outre décidé de créer en commun un institut de droit européen.
En octobre, le Conseil d'Etat tessinois a soumis au Grand Conseil son projet de loi pour la constitution d'une université de la suisse italienne qui comprend la création d'une Académie d'architecture et de deux facultés, l'une en sciences économiques et l'autre en sciences de la communication. Bien que la Conférence universitaire suisse ait émis un avis négatif sur l'opportunité d'une haute école dans cette partie de la Suisse, les autorités cantonales ont décidé de poursuivre leur projet. A cet égard, elles se sont vues confirmer le soutien du maire de Lugano qui, dans un message au Conseil communal, a proposé que sa ville prenne en charge les facultés d'économie et de communication. L'enseignement de l'architecture devrait, quant à lui, se dérouler à Mendrisio. Les débats au sein du Grand Conseil sont prévus pour le début 1995 [26].
Rompues par les autorités politiques et universitaires genevoises en 1993, les négociations en vue d'une collaboration entre le Département d'architecture de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et l'Ecole d'architecture de l'Université de Genève (EAUG) ont repris pour déboucher, en février, sur la signature d'un accord de rapprochement entre les deux hautes écoles. Si l'EPFL assurera désormais seule la formation des étudiants de 1ère et 2e années (1er cycle), l'enseignement des 3e, 4e et 5e années sera toutefois dispensé par les deux établissements. L'EAUG - qui se donnera une identité différente autour de l'urbanisme, de l'aménagement du territoire et du paysage ainsi que de la sauvegarde du patrimoine bâti - continuera à délivrer un diplôme. Son statut sera en revanche transformé en simple institut universitaire. L'Ecole romande de pharmacie ("Eropharm"), issue de la signature en 1993 d'une convention visant la coordination des études dispensées dans ce domaine par les universités de Genève et Lausanne, a été officiellement inaugurée au mois de novembre, à Lausanne. La collaboration entre les deux hautes écoles concerne actuellement deux disciplines: la galénique (recherche de nouvelles formes de médicaments) et la pharmacognosie/phytochimie (étude des plantes médicales). Deux autres disciplines, la chimie thérapeutique et l'analyse pharmaceutique, devraient également être réorganisées sur le même modèle de coordination entre 1999 et 2004. Rien n'a en revanche été décidé pour ce qui est de l'enseignement de la pharmacologie. Désireuse de réduire de neuf à trois le nombre d'instituts enseignant les sciences de la terre (géologie, géophysique et minéralogie), la Conférence universitaire suisse (CUS) a mandaté trois experts avec pour tâche de déterminer les modalités de cette réduction. Cette volonté de rationalisation n'a pas manqué de provoquer l'inquiétude des milieux universitaires concernés [27].
Afin de réaliser une concentration des forces dans le domaine des EPF, l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et l'Institut Paul Scherrer (PSI) ont créé une chaire commune de physique des réacteurs. Les deux établissements ont, en outre, signé un accord de collaboration dans le domaine des recherches sur la fusion thermonucléaire. Par cet accord, le Centre de recherche en physique des plasmas de l'EPFL prend la responsabilité des deux groupes de chercheurs du PSI en technique de fusion [28].
Le Conseil national a transmis un postulat Stamm (pdc, LU) invitant le Conseil fédéral à examiner comment il pourrait promouvoir les efforts de coordination des hautes écoles suisses dans le domaine des connaissances de l'Asie ou des études pluridisciplinaires sur ce continent [29].
 
[22] NQ, 4.2.94; presse du 14.2.94. Cf. APS 1993, p. 246 s.22
[23] Presse du 19.8.94.23
[24] Presse du 26.10.94; NQ, 31.1 et 6.4.94 (projets de loi en préparation). Il est à relever que le Grand Conseil genevois a déjà accepté le projet qui lui était soumis.24
[26] Presse des 19.9, 14.10 et 15.10.94 (CUS); NQ, 15.12.94; CdT, 16.12.94. Voir également APS 1993, p. 247.26
[27] Architecture: NQ, 7.2.94; presse du 11.2.94. Pharmacie: presse du 18.11.94; NZZ, 21.11.94. Sciences de la terre: NQ, 31.10.94. Cf. aussi APS 1993, p. 246.27
[28] Rapp. gest. 1994, part. 2, p. 72; presse du 12.10.94.28
[29] BO CN, 1994, p. 2473 s.29