Année politique Suisse 1995 : Wirtschaft / Landwirtschaft / Production animale
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Viande
Les producteurs de viande porcine, soutenus par l'Union des producteurs suisses (UPS), ont bloqué en fin d'année à plusieurs reprises des centres de distribution et commerciaux Migros et Coop ainsi que des centres d'abattage travaillant pour ces deux firmes agro-alimentaires. Accusant les deux distributeurs d'être les principaux responsables - du fait de la position de force dont ils jouissent sur la marché porcin (70% de parts de marché) - de la baisse de 3,8 à 3,2 francs du prix d'achat auprès des producteurs du kilo de porc, les paysans ont voulu ainsi forcer Coop et Migros à rehausser le prix de la viande porcine (ainsi que bovine) au niveau de 1994. Les producteurs ont fait valoir que cette baisse des prix rendait leur situation intenable et qu'elle était d'autant plus inacceptable que les distributeurs ne la répercutaient pas sur les prix à la consommation - ce qui aurait permis de relancer la consommation de viande porcine en chute libre ces dernières années. Ces accusations ont notamment été relayées par le conseiller national Maurer (udc, ZH), qui a affirmé dans la presse que les deux distributeurs s'étaient mis d'accord pour imposer les prix de la viande aux paysans. Les deux géants du commerce alimentaire ont vivement réagi à ces critiques, Migros déposant même plainte pour les pertes engendrées par les blocus. Les deux distributeurs ont affirmé que c'était la production excédentaire des paysans qui était à l'origine de la baisse des prix. Après négociations avec une délégation paysanne emmenée par le conseiller national Binder (udc, ZH), Coop et Migros ont certes accepté d'acheter la viande porcine aux producteurs au prix 1994 (ainsi que de diminuer leurs importations de viande étrangère). Dans un second temps cependant, les deux distributeurs ont décidé de baisser à nouveau le prix à 3,40 francs, ce qui a provoqué de nouvelles actions de blocage de la part des paysans.
La colère des producteurs de viande a par ailleurs été exacerbée par la découverte de deux affaires importantes d'importation illégale de viande. Les producteurs ont dénoncé le manque de vigilance des douanes helvétiques, et ont exprimé la crainte que ces deux affaires ne constituent que la pointe de l'iceberg d'un plus vaste trafic qui serait à l'origine, en partie du moins, de la baisse continue des prix de la viande. Pour éviter que de telles affaires ne se reproduisent, une délégation de producteurs a soumis au Conseil fédéral une liste de mesures à même d'accroître l'efficacité des contrôles douaniers. L'UPS a quant à elle demandé la suspension de toutes les importations jusqu'à ce que les conclusions des deux enquêtes soient rendues [43].
Le Conseil national n'a pas transmis un postulat Wyss (udc, BE) demandant au gouvernement de prendre des mesures pour valoriser les sous-produits agricoles (laine, fourrures, peaux), estimant, à l'instar du gouvernement, que les producteurs étaient à même de garantir l'écoulement sur le marché de ces produits et que cela correspondait à la nouvelle politique de désengagement de l'Etat dans l'agriculture.
 
[43] Lib., 27.4.95; NQ, 23.5.95; JdG et Express, 24.5.95; Express, 3.6.95.43