Année politique Suisse 1995 : Bildung, Kultur und Medien / Bildung und Forschung / Hautes écoles
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Coordination universitaire
Les calendriers académiques des universités suisses seront en grande partie harmonisés dès le semestre d'hiver 95/96. Cette réforme va de pair avec les efforts croissants de collaboration inter-universitaire et vise à favoriser la mobilité des étudiants et des professeurs à l'intérieur de la Suisse, ainsi qu'entre la Confédération et l'Europe [23].
Le rapport que la Conférence universitaire suisse (CUS) avait commandé en 1994 auprès de trois experts étrangers sur la situation des sciences de la terre a été rendu public en début d'année. Contrairement au souhait de la CUS de concentrer, dans un souci de rationalisation, ce domaine scientifique sur trois sites (Lausanne, Berne et Zurich), les trois experts ont plaidé pour le maintien des sciences de la terre dans huit hautes écoles suisses. Tout au plus ont-ils exprimé le souhait de voir se développer ultérieurement des collaborations bilatérales entre Berne et Neuchâtel ainsi qu'entre Lausanne et Genève. Les instituts de ces deux dernières villes ont par ailleurs rapidement répondu aux propositions du rapport. Ils sont en effet tombés d'accord pour fusionner en une seule section lémanique, qui - tout en décernant un diplôme unique et tout en constituant une seule structure de décision - respectera les spécificités scientifiques des deux sites. La CUS a salué cette fusion. Au sujet des autres instituts, elle s'est résolue au statu quo, exigeant uniquement une plus grande collaboration entre les universités de Berne, Fribourg et Neuchâtel dans le cadre de BENEFRI [24].
La collaboration entre les deux universités de l'arc lémanique a connu également d'autres développements spectaculaires sous l'impulsion des chefs de l'instruction publique vaudois et genevois. C'est ainsi que ces derniers, de concert avec les chefs cantonaux de la santé, se sont mis d'accord pour fusionner leurs hôpitaux universitaires et leurs facultés de médecine. Le processus d'unification doit commencer en 1997. L'objectif de ce réseau est de créer un ensemble d'une taille suffisante pour rester à la pointe dans les domaines des soins, de l'enseignement et de la recherche. Les patients comme les étudiants devraient bénéficier de cette réorganisation puisqu'ils jouiront toujours de l'essentiel des prestations et des cours de base dans leur propre canton, tout en disposant d'un accès plus facile aux spécialités développées par le canton voisin. Au mois de septembre, un groupe de travail, présidé par l'ancien président de l'EPFL, Bernard Vittoz, a rendu un premier rapport sur la future organisation de ce qui constitue une innovation en Suisse en matière de collaboration entre cantons. Le groupe a dû plancher notamment sur l'épineux problème du contrôle politique d'un ensemble "transcantonal". La collaboration entre Genève et Vaud a également concerné les instituts de l'histoire de la médecine ainsi que les facultés des sciences. En ce qui concerne les premiers, ceux-ci ne formeront plus à l'avenir qu'une seule entité, puisqu'ils seront regroupés sous une direction unique et sous une gestion commune. Les doyens des facultés des sciences des deux universités lémaniques ont quant à eux projeté de poursuivre leurs efforts de rapprochement qui, après la mise sur pied de l'Ecole romande de pharmacie en 1993, pourraient aboutir à la création d'une seule faculté. Les différents domaines d'enseignement et de recherche seraient répartis entre les deux villes, même si les étudiants pourraient étudier dans l'université de leur choix pendant les deux premières années de leur cursus académique [25].
La solidarité fédérale a été mise à mal par une initiative parlementaire adoptée par le Grand Conseil zurichois qui, si elle est acceptée par le peuple en 1996, exigera des cantons non universitaires de payer l'ensemble des frais effectifs de leurs étudiants. Ainsi le canton de résidence d'un étudiant pourrait avoir à payer quelque 70 000 francs par an pour chaque étudiant en médecine inscrit à l'université de Zurich, ce montant s'élevant même à 130 000 pour former un vétérinaire. En moyenne, les cantons exportateurs d'étudiants devraient débourser 30 000 francs annuels par étudiant contre les 8800 francs actuels. Cette décision a suscité de vifs émois, surtout de la part des cantons de Suisse orientale et centrale, dont les étudiants sont inscrits pour la plupart à Zurich. Les directeurs de l'instruction publique de ces cantons ont relevé qu'une telle hausse était exagérée et qu'elle ne tenait pas compte des retombées économiques importantes dont Zurich bénéficie du fait de la présence d'une université sur son territoire, dans la mesure notamment où un grand nombre d'étudiants des cantons non universitaires (de 30 à 50%) adoptent les rives de la Limmat comme lieu de résidence à la fin de leurs études. Les autorités des autres universités helvétiques ont également dénoncé cette décision, estimant qu'elle pourrait impliquer un afflux important d'étudiants dans leurs propres universités. La CUS a regretté, pour sa part, que Zurich brise unilatéralement l'accord intercantonal datant de 1980 sans attendre l'aboutissement des négociations entamées en 1995 dans le but de revoir à la hausse les contributions des cantons non universitaires. Elle a estimé, de concert avec la Commission de l'Accord intercantonal sur la participation au financement des universités, que l'existence même d'un concordat universitaire entre cantons universitaires et cantons non universitaires serait remise en cause en cas d'acceptation de l'initiative [26].
Le Grand Conseil tessinois a adopté à la quasi-unanimité la loi nécessaire à la création d'une université de la Suisse italienne. Celle-ci - qui offrira dès l'automne 1996 une formation en sciences économiques, en sciences de la communication ainsi qu'en architecture - a continué à rencontrer du scepticisme, surtout de la part de la CUS et des hautes écoles. Ces dernières ont exprimé leurs doutes quant à l'utilité d'une telle université et ont fait part de leurs craintes de voir leurs subventions réduites. La cheffe du DFI a en revanche exprimé tout son intérêt aux autorités tessinoises. Elle attendra néanmoins la recommandation de la CUS et du Conseil de la science pour décider si reconnaître ou non l'université tessinoise et lui accorder en conséquence quelque trois millions de francs de subventions. 1200 étudiants sont attendus dès la première année de fonctionnement, dont la moitié devrait suivre leurs études à l'académie d'architecture de Mendrisio [27].
 
[23] 24 Heures, 14.1.95.23
[24] JdG, 30.3.95; NQ, 6.4.95; 24 Heures et NQ, 23.6.95. Voir également APS 1994, p. 251.24
[25] NQ, 13.6 et 28.9.95 (hôpitaux universitaires); JdG, 7.3.95 (instituts d'histoire de la médecine); NQ, 10.5.95 (facultés des sciences). Voir également APS 1994, p. 251.25
[26] JdG, 16.2.95; Lib., 25.8.95; NQ, 26.7.95; NZZ, 6.10 et 16.10.95.26
[27] NQ, 23.8 et 11.10.95; presse des 4.10 et 5.10.95; Ww, 23.11.95. Cf. aussi APS 1994, p. 251.27