Année politique Suisse 2002 : Infrastruktur und Lebensraum / Verkehr und Kommunikation
Trafic aérien
Le DETEC a décidé d’autoriser les avions Ecolight en Suisse. Le feu vert à l’exploitation du premier avion de ce type est prévu pour 2003, lorsque l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) aura défini les conditions générales de certification et les modalités d’utilisation
[78].
L’exploitation des Ecolight sera soumise aux mêmes règles et prescriptions que les autres aéronefs. Ainsi, ces nouveaux avions ne pourront utiliser que des aérodromes pour atterrir et décoller. Il faudra être titulaire d’une licence de pilote privé pour les piloter. Pour être considéré comme Ecolight, un appareil doit disposer d’une charge alaire minimum de 20 kg/m2. Ne faisant pas partie de la catégorie Ecolight, les avions ultra-légers (ULM) restent interdits d’utilisation. Avec les Ecolight, la Suisse dispose désormais d’une nouvelle catégorie d’avions modernes d’une capacité d’une ou deux places. De construction extra-légère, équipés de moteurs à faible consommation et produisant très peu d’émissions, le DETEC estime qu’ils offrent une solution écologique et économique pour remplacer les avions légers traditionnels. Afin d’éviter toute explosion du trafic, l’OFAC a prévu des mesures d’accompagnement
[79].
Un nouveau système de gestion des étages supérieurs des voies aériennes, baptisé RVSM (
Reduced Vertical Separation Minimum), est entré en vigueur à l’échelle européenne. RVSM est le plus important projet développé dans le cadre de l’espace aérien européen des cinquante dernières années. Au total, 41 pays d’Afrique et d’Europe, dont la Suisse, y sont associés. Dorénavant, la distance verticale de sécurité entre les niveaux de vol est de 1000 pieds (300 mètres). Cette nouvelle règle s’applique entre les niveaux de vol 290 (8850 mètres) et 410 (12 000m). Auparavant, la distance de sécurité était fixée à 2000 pieds (600m). En revanche, s’agissant des niveaux de vol inférieurs, ils étaient déjà au bénéfice d’une séparation de 1000 pieds et ne sont donc pas touchés par l’introduction du RVSM. Seuls les avions équipés et certifiés pour l’utilisation RVSM auront le droit d’évoluer dans cet espace supérieur. Concrètement, ce système permet de disposer de six niveaux de vol supplémentaires et donc d’augmenter de 20% la capacité aérienne. Skyguide a adapté tous ses systèmes et formé ses contrôleurs aériens en conséquence, conformément aux exigences de l’Organisation internationale de l’aviation civile
[80].
Sur proposition du Conseil fédéral, le Conseil national a donné par 123 voix contre 1 une base légale à la
fusion des contrôles aériens militaire et civil. La navigation aérienne intégrée sera assurée par la société Skyguide. Toutefois, en cas d’événements extraordinaires, les exigences des Forces aériennes seront pleinement respectées. La modification de la loi sur l’aviation permet avant tout de gérer les conséquences financières de cette fusion. Aucune dépense supplémentaire n’est engagé par cette décision qui se limite à créer les bases juridiques des crédits que le parlement aura à voter ultérieurement. Il s’agira notamment de doter Skyguide d’un capital suffisant pour assurer ses investissements indispensables, soit 200 à 250 millions de francs
[81].
En début d’année, les zurichois ont accepté par 55,5% une contribution cantonale de 300 millions de francs au capital de la nouvelle compagnie aérienne. Ils ont aussi approuvé par 67,6% une garantie de 100 millions pour l’aéroport de Kloten. L’aval du souverain zurichois a permis la mise en place de la variante 26/26
[82]. Argovie, Bâle-Campagne, Bâle-Ville, Glaris, Grisons, Neuchâtel, Obwald, Schwyz, St-Gall, Tessin, Valais, et Uri ont également souscrit au capital-actions de la future compagnie. Par contre, Berne, Fribourg, Jura, Lucerne, Schaffhouse, Soleure, Nidwald, Vaud, Zoug ainsi que les villes de Zurich et de Kloten ont refusé d’y participer. Les actionnaires ont prolongé jusqu’au 30 avril 2003 le délai pour le capital autorisé. Divers cantons et communes qui s’étaient déclarés prêts à participer en décembre 2001 n’ont pas encore pu y souscrire, le feu vert du peuple leur faisant notamment encore défaut
[83]. Après des mois de spéculations et l’attribution des concessions court, moyen et long-courrier par le DETEC, le nom et la raison sociale de la nouvelle compagnie aérienne ont été dévoilés officiellement en février. Les avions ont volé dès le 31 mars sous le nom de "Swiss" et déclinaient le nom du pays dans les quatre langues nationales : Schweiz, Suisse, Svizzera et Svizra. D’un point de vue légal, la nouvelle société s’appelait
Swiss Air Lines Ltd et son siège était à Bâle. Lors de leur assemblée, les actionnaires ont validé ces deux noms. S’estimant floué, SAirGroup a saisit la justice zurichoise pour interdire à Crossair d’utiliser le logo Swiss et l’appellation Swiss Air Lines Ltd. Le Tribunal de commerce de Zurich a refusé d’entrer en matière sur la plainte contre l’utilisation de la marque "Swiss". Il considérait qu’il n’y avait pas de danger de préjudice irréparable pour SAirGroup et que le danger de confusion entre Swiss et Swissair était inexistant, les marques étant nettement distinctes. SairGroup n’a pas recouru. A la fin mars, la cellule d’intervention – task force "pont aérien", créée le 5 octobre 2001 pour assurer l’exploitation du réseau Swissair durant l’horaire d’hiver et faciliter la mise sur pied de la nouvelle compagnie –, a été démantelée
[84]. Les actionnaires principaux de Swiss ont prolongé à fin août 2004 la clause de non-vente des actions souscrites à l’occasion de l’augmentation de capital. Celle-ci s’élevait à 2,561 milliards de francs. La décision a été prise par 33 actionnaires, institutionnels et privés
[85], détenant plus de 90% des titres existants
[86].
A l’entrée en vigueur de l’horaire d’été 2002, Swiss desservait 123 destinations dans 60 pays au moyen de 128 avions. En Europe, 86 destinations étaient proposées dans 34 pays et le réseau intercontinental couvrait 37 destinations dans 26 pays. Comparée au réseau d’été offert en 2001 par Swissair et Crossair, l’offre a été réduite de 30%. La compagnie employait 8900 personnes à plein temps dans 73 pays. La mauvaise conjoncture et sa surcapacité ont toutefois
obligé Swiss à régir et à tailler dans le vif pour sa survie. Sur les neufs premiers mois, la compagnie avait enregistré une perte nette de 582 millions de francs pour un chiffre d’affaires de 3,134 milliards. Des mesures ont ainsi été prises avec l’abandon de neuf destinations et le gel sur l’embauche. La compagnie a décidé d’en inscrire de supplémentaires dans un programme d’économies visant à réduire les coûts de 400 millions de francs
[87].
Alors que son but avoué était d’
entrer dans une grande alliance aérienne, Swiss a échoué dans ses négociations avec Star Alliance, Skyteam et Oneworld. Les compagnies aériennes reprochaient à leur consœur suisse une flotte de long-courriers trop importante et la similitude des réseau - source de concurrence directe. C’est pour cette raison que British Airways bloquait l’entrée de Swiss dans l’alliance Oneworld. Néanmoins, la compagnie helvétique a réussi à signer un accord bilatéral avec American Airlines, membre de Oneworld. L’accord a reçu l’aval des autorités américaines et Swiss a pu desservir elle-même le marché américain par sept aéroports nord-américains. Les deux compagnies vont coordonner leurs tarifs et leurs avions et gérer ensemble leur marketing. A la fin octobre, un nouvel accord a été signé par les autorités de l’aviation civile suisses et canadiennes offrant à Swiss un accès illimité au marché canadien. Quant au programme Qualiflyer, les compagnies aériennes partenaires ont choisi de divorcer suite à des divergences en matière d’alliances, après les disparitions de Sabena et de Swissair. Les membres Qualiflyer ont été invités à choisir jusqu’en octobre dans laquelle des cinq compagnies ils souhaitaient transférer leur "miles"
[88].
Au niveau du personnel, la direction de Swiss a réussi à s’accorder avec les cinq syndicats sur les conditions de travail du
personnel au sol. La nouvelle convention collective de travail (CCT) touchait 2300 employés ; elle est entré en vigueur à posteriori le 1er avril pour une période de trois ans
[89]. Les partenaires sociaux se sont aussi mis d’accord sur le la CCT pour le
personnel de cabine. Lors de sa mise en consultation, le personnel de cabine ne l’a pas ratifié, principalement à cause de griefs financiers. Après plusieurs mois de négociations, Swiss et le syndicat Kapers se sont entendus sur une nouvelle CCT. Celle-ci prévoyait l’introduction d’un treizième salaire, un pourcentage plus élevé sur les ventes effectuées à bord, un défraiement supplémentaire pour les vols long-courriers et une compensation pour les heures supplémentaires. Les employés de bord ont cette fois plébiscité la CCT
[90]. Les membres du personnel de cabine affiliés au syndicat Unia ont de leur côté accepté la CCT pour les
contrats à temps partiel, allant jusqu’à 50%
[91].
La question du
statut des pilotes n’a pas pu être définitivement réglée. L’année a commencé pour Swiss sous les plus mauvaises auspices, car l’Association du personnel de cockpit de Crossair (CCP) refusait de reconnaître le syndicat des pilotes de Swissair (Aeropers). Celui-ci craignait un traitement différenciés entre les pilotes de Crossair et Swissair, notamment sur le plan salarial. Menacé par une plainte d’Aeropers, il a toutefois décidé d’abandonner son droit exclusif de négociation sur la future CCT. Trois mois plus tard, CCP quittait prématurément la table de négociation suite à l’accord entre Swiss et Aeropers sur la CCT. Les doléances du personnel de cockpit de Crossair portaient sur l’organigramme, la future grille à l’ancienneté et les salaires
[92]. Le Tribunal arbitral de Bâle a jugé discriminatoire la CCT conclue entre Aeropers et Swiss. La cour a mis en évidence des inégalités en matière salariale, de vacances et de bonus en se basant sur le traitement accordé aux pilotes de l’ex-Swissair. Le syndicat des pilotes de l’ex-Crossair – rebaptisé entre-temps
Swiss Pilots –
a exigé une égalité de traitement de ses 1050 pilotes avec les 830 de l’ex-Swissair. Il a refusé les 16 millions proposés par Swiss pour réduire les inégalités dans les salaires et les vacances et ne s’est pas rendu aux négociations. Malgré l’absence de Swiss Pilots, la direction de Swiss a présenté deux scénarios pour harmoniser les conditions salariales. Swiss Pilots a refusé d’entrer en matière sur les deux scénarios proposés et mettait en avant le sien : il proposait de geler les salaires des pilotes de l’ex-Swissair sur le réseau européen aussi longtemps que nécessaire pour que les pilotes Crossair rattrapent le retard, à coups de 4% par année environ. Comme les négociations étaient à nouveau interrompues, Swiss Pilots choisissait de consulter sa base avant de retourner à la table des pourparlers. 80% des anciens pilotes confirmaient leur mandat de négociation au syndicat. Entre-temps, la direction de Swiss a adressé à Swiss Pilots un ultimatum lui donnant jusqu’au 15 septembre pour adhérer à la nouvelle CCT. En réponse, Swiss Pilots a déposé une nouvelle plainte devant le tribunal de Bâle. Celle-ci portait sur les salaires et les critères qui déterminaient quels seraient les premiers pilotes à être licenciés dans le cas d’un redimensionnement de Swiss. Les pilotes de l’ex-Crossair se sentaient désavantagés par rapport aux pilotes de l’ancienne Swissair à cause d’un principe d’ancienneté introduit dans la CCT. Contestant l’inégalité de traitement et estimant qu’offrir plus déséquilibrerait ses finances, Swiss, pour sa part, a également saisi le Tribunal arbitral de Bâle lui demandant de trancher sur la base d’une nouvelle procédure
[93].
Dans le combat juridique que poursuivait Air Lib contre SAirGroup, le Tribunal de commerce de Paris a ordonné, en janvier, le
blocage du produit de la vente de billets Crossair auprès du Business Settlement Plan (BSP)
[94]. Air Lib, né de la reprise d’AOM/Air Liberté par le consortium Holco, considérait Crossair comme étant le repreneur de Swissair et lui réclamait les 90 millions de francs suisses que lui devait SairGroup. Ceux-ci représentaient la dernière tranche du montant que la société s’était engagé à payer pour se défaire de ses 49.5% du capital d’AOM/Air Liberté
[95]. En sursis concordataire, SAirGroup avait fait défaut à cet engagement. Crossair, puis Swiss contestaient cette créance et avaient stoppé les paiements. En mai, le Tribunal de commerce de Paris a reconnu le principe de créances d’Air Lib auprès de Swiss. Les magistrats français ont également refusé de lever les saisies pratiquées à l’encontre de la société helvétique. Sur une décision de fond pour le dossier, le tribunal parisien a renvoyé sa décision à janvier 2003
[96]. Swiss a également dû faire face aux prétentions de créances d’Air Littoral pour le non-respect des engagements financiers de SAirGroup. Le Tribunal de commerce de Montpellier a condamné la compagnie helvétique à payer 15,2 millions d’euros à Air Littoral
[97].
Toutes les
sociétés de SAirGroup, à l’exception de Swisscargo – en liquidation depuis juin 2002 – et d’Avireal ont été vendues
[98].
Au début de l’année, la task force "Personnel de Swissair" et les partenaires sociaux ont conclu un
plan social destiné aux ex-employés de Swissair. L’accord prévoyait qu’une partie des recettes de Swissair dépassant le budget de 750 millions de francs prévus pour l’horaire d’hiver finance le plan social. Un plafond a été fixé à 50 millions de francs et le solde a été reporté sur le budget 2002. Les Chambres ont approuvé cet accord lors de leur délibérations sur le budget. Cette condition sine qua non réalisée, 7500 salariés licenciés par les unités de Swissair Group en sursis concordataire ont touché en septembre leurs premiers versements
[99].
Les sociétés Swissair, SAirGroup
[100], SairLines et Flightlease ont obtenu des prolongations de leur sursis concordataire. Ces sursis ont permis à l’administrateur de ces sociétés de lancer un appel aux créanciers et de faire ensuite le tri des prétentions. En septembre, 36,2 milliards de francs étaient réclamés par 9200 créanciers. Les créances privilégiées se montaient à 2,4 milliards et celles de troisième classe à 33,8 milliards. Le différentiel avec les actifs de Swissair (400 millions) atteignait 35,8 milliards. Le commissaire au sursis, Karl Wüthrich, a opté pour un
concordat par abandon d’actifs (liquidation concordataire) au détriment d’une faillite pure et simple
[101].
Contre l’avis de son Bureau, le Conseil national a accepté lors de sa session de printemps par 89 à 88 voix la proposition du PDC de créer une
Commission d’enquête parlementaire (CEP) pour faire la lumière sur la débâcle de Swissair et pour déterminer la responsabilité de la Confédération dans cette faillite. A l’occasion du vote sur le mandat de la CEP et l’acceptation d’un crédit de 2 millions pour les frais à engager, le Conseil national s’est ravisé et a rejeté son entrée en matière par 95 voix contre 82 et trois abstentions. Comme lors du premier vote, les fronts étaient marqués entre les socialistes, les radicaux et les verts qui ne voulaient pas de la CEP et les démocrates-chrétiens, les libéraux et les udc qui militaient en sa faveur. Les premiers jugeaient la CEP superflue, compte tenu du fait que la sous-commission de gestion du Conseil des Etats menait également une enquête parlementaire (voir infra). Ils trouvaient aussi qu’il était inutile de dépenser une pareille somme pour une enquête qui était avant tout du ressort des autorités judiciaires et non politiques. Les seconds insistaient sur l’importance de la CEP mise en parallèle avec l’enquête de la sous-commission des Etats et celle du commissaire au sursis dans le but de faire toute la transparence sur le désastre de Swissair. Ils voulaient également savoir si l’OFAC avait bien effectué son devoir de surveillance et les raisons pour lesquelles la débâcle n’avait été ni anticipée, ni prévue par le SECO
[102].
Après une année d’enquête, la Commission de gestion du Conseil des Etats a rendu public les conclusions de son
rapport sur le rôle du Conseil fédéral et de l’administration fédérale dans la gestion de crise Swissair. Sans mener une enquête exhaustive – d’autres instances s’en sont chargées –, elle a examiné d’éventuelles responsabilités de la Confédération dans la surveillance de l’aviation civile, sur son rôle d’actionnaire et de membre du conseil d’administration, ainsi que sur le comportement du Conseil fédéral au plus fort de la crise. Le seul service administratif qui fait l’objet d’une véritable mise en cause est l’OFAC, mais il a été mis au bénéfice de nombreuses circonstances atténuantes. Le rapport jugeait que
l’OFAC avait fait une interprétation trop restrictive de son obligation de contrôle de la capacité économique des titulaires d’une autorisation d’exploitation de lignes aériennes, la reléguant à un aspect d’importance secondaire. L’office s’est concentré uniquement sur les questions de sécurité et les problèmes opérationnels. A sa décharge, les parlementaires admettaient que les responsabilités et les moyens d’action de l’OFAC n’étaient pas clairs. Faute de critères, l’office n’a pas été en mesure de refuser le renouvellement de l’autorisation d’exploiter en décembre 2000, ni de retirer cette autorisation lorsque la situation s’est dégradée à partir du printemps 2001. En ce qui concernait le grounding de Swissair, l’enquête notait que l’autorité de surveillance ne pouvait être tenue pour responsable. Le rapport relevait en outre que l‘office n’avait manifestement eu ni les compétences ni les effectifs nécessaires pour juger la situation réelle du groupe. D’autant plus que la forme de holding de Sairgroup a rendu difficile l’évaluation de la capacité économique de Swissair. Quant au reproche d’imbrications personnelles excessives entre les directions de l’OFAC et de Swissair, la commission ne les repoussait pas totalement et reconnaissait que la politique aérienne de la Confédération avait été faite par Swissair. Pour cette raison, elle engageait le Conseil fédéral à la déterminer lui-même à l’avenir. S’agissant du rôle du Conseil fédéral, le rapport de la commission lui reprochait d’avoir sous-estimé la gravité de la situation au printemps 2001, tout en admettant que personne n’avait envisagé l’ampleur de la débâcle. La seule véritable critique de fond portait sur le
manque de préparation du Conseil fédéral, qui l’a conduit à réagir, là où il aurait pu agir s’il avait préparé à temps des scénarios catastrophes. Il avait fait trop confiance aux effets d’un crédit d’un milliard de francs octroyé par un consortium de banques en avril 2001. Pour le reste, la commission saluait les réactions du Conseil fédéral, notamment pour la gestion de la crise à partir du 3 octobre 2001 ; soit quand le Département des finances a repris les rênes suite à l’immobilisation de la flotte Swissair. Elle estimait que sans l’engagement de l’administration des finances, un second grounding aurait sans doute eu lieu. Néanmoins, sur ce point, le Conseil fédéral aurait dû préparer des "décisions sous réserves", afin d’imaginer ce que pourraient être les effets d’une faillite de Swissair. Au total, la commission proposait au parlement un bouquet de deux motions, 5 postulats et dix recommandations adressées au Conseil fédéral pour améliorer les choses. Elle encourageait l’OFAC à mieux tenir compte de la capacité économique des compagnies d’aviation lorsqu’une autorisation d’exploitation était attribuée. A ce propos, la commission poussait le Conseil fédéral à s’aligner sur le droit de l’UE en matière de contrôle économique sur les compagnies aériennes. Pour elle, le Conseil fédéral devait aussi conduire une réflexion sur les entreprises dont l’importance est déterminante pour l’économie du pays et imaginer des procédures qui lui permettent de se préparer aux mauvais coups
[103].
Le Conseil fédéral s’est défendu de ne pas avoir réagi assez vite lors de crise Swissair. Il a toutefois reconnu certains manquements dans la surveillance de la Confédération et a accepté les 17 interventions parlementaires. Comme demandé dans le rapport, il a décidé que de
renforcer les compétences de l’OFAC afin de lui permettre d’intensifier sa surveillance sur les compagnies aériennes et d’évaluer leur capacité économique. A cet effet, le personnel sera augmenté. Le DETEC contrôlera, pour sa part, plus étroitement et plus régulièrement la surveillance exercée par l’OFAC. Dans sa réponse à la commission de gestion, le Conseil fédéral a admis qu’il fallait
revoir la politique de la Confédération en matière de prises de participation, déjà en cours ou futures, dans les entreprises privées. En tant que propriétaire, la Confédération devait pouvoir en outre exercer ses droits en matière de contrôle et d’information dans ce domaine. Il s’agit aussi d’identifier à temps les risques potentiels pour éviter ou maîtriser les crises comme celles de Swissair. Les responsabilités de l’Etat et de celles des entreprises publiques resteront cependant clairement séparées. Le Conseil des Etats a transmis tacitement les treize interventions de sa commission de gestion
[104].
Les cantons de Genève et Neuchâtel ont déposé une
plainte pénale commune contre les administrateurs de SairGroup auprès du parquet zurichois. Leur premier objectif était de récupérer quelque chose des 57 millions perdus par Genève et du million de perte de valeur des actions et des emprunts obligataires souscris par Neuchâtel. Par cette action, ils souhaitaient également établir les circonstances ayant mené à la débâcle financière du groupe et établir les responsabilités. La plainte est un document de plus de 50 pages, dirigé contre tous les administrateurs. Elle fait état de gestion déloyale, faux dans les titres, manipulation de cours en Bourse et d’avantages accordés à certains créanciers. Le canton de Vaud s’est joint à la plainte collective, tandis que les cantons de Fribourg et Jura ont renoncer à le faire
[105].
La vaste consultation sur l’évolution des nuisances sonores autour de
l’aéroport de Zurich est arrivé au terme de sa première étape après cinq séances d’entretien. Les quatorze cantons, dont celui de Zurich, les trois Offices fédéraux de l’aviation, du développement et de l’environnement, les aéroports de Zurich et de Bâle, ainsi que les compagnies Swiss et Skyguide, se sont
mis d’accord sur la variante BV2 optimisée. Ce choix met un terme à la procédure de coordination lancée conformément au Plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique (PSIA
[106]). La variante retenue répartit de manière plus ou moins équitable les atterrissages et les décollages entre les quatre points cardinaux. Elle remplit les conditions de l’accord aérien avec l’Allemagne (voir infra) tel qu’il a été négocié, ne prenant en compte que 60% du contingent autorisé de 100 000 survols du sud de l’Allemagne. Seuls 30% des vols, à l’avenir, utiliseront encore ce couloir (nord) pour les phases d’atterrissage et de décollage. L’approche ouest supportera 20% des atterrissages et 10% des décollages, le sud respectivement 25% et 45% et l’ouest 25% et 15%. Cette diversification des trajectoires d’approche implique que 16 000 personnes supplémentaires se retrouveront dans la zone critique, alors que 9000 autres seront déchargés des nuisances sonores. Si un accord a pu se dessiner concernant les mouvements diurnes,
aucun consensus n’a pu être trouvé entre les parties au sujet des
mouvements d’avions durant la nuit et à l’aube. Aucun compromis n’a pu être trouvé non plus quant au nombre maximum de mouvements annuels, la fourchette s’étendant de 320 000 (Argovie, Schaffhouse et St-Gall) à 420 000 (Zurich). Des divergences subsistaient également pour les heures d’exploitation. Alors que certains souhaitaient une exploitation de 6h à 23h, d’autres exigeaient de prolonger d’une ou de deux heures la pause nocturne. Les résultats de la procédure de coordination n’ont pas le caractère d’une décision formelle et serviront de base aux autorités fédérales pour établir la fiche de coordination PSIA
[107].
Le gouvernement zurichois et l’aéroport ont présenté en novembre au DETEC leurs propositions relatives au règlement d’exploitation de l’aéroport de Zurich. Ils tablaient leurs ambitions, non plus sur 420 000 comme prévu dans le processus d’élaboration du PSIA, mais sur 350 000 mouvements d’ici à 2010
[108].
Le Conseil fédéral a approuvé le message concernant
l’accord de trafic aérien entre la Suisse et l’Allemagne et l’a transmis aux Chambres fédérales. A l’exception du Parti socialiste et des Verts, l’accord a fait l’unanimité contre lui. Le PRD, l’UDC, le PDC, le PL, Economiesuisse, Aerosuisse, Swiss et l’aéroport de Kloten se sont mobilisés afin de s’opposer à sa ratification et afin d’exiger une renégociation de ce qu’ils jugeaient comme discriminatoire et en violation avec le droit européen et les accords bilatéraux. Le Conseil d’Etat zurichois a également opéré une volte-face afin de le dénoncer. Le parlement zurichois en a fait de même. Premier à se saisir du sujet, le Bundestag allemand a ratifié l’accord. En cas de refus suisse, il a menacé la Suisse de mesures unilatérales plus strictes et de retirer la gestion de l’espace du sud de l’Allemagne à Skyguide. Lors du vote au
Conseil national, la cohorte du non a toutefois
refusé d’entrer en matière sur l’accord par 105 à 79. Les opposants invoquaient la nécessité d’appuyer Unique et Swiss, par rapport à un accord qu’ils jugeaient mal négocié. Le vote suivait les recommandations de la Commission des transports, mais se mettait en porte-à-faux avec celles de la Commission des affaires extérieures. A quelques jours d’intervalle, le Bundesrat allemand rejetait également l’accord, acceptant un recours du Land de Bade-Wurtemberg. L’accord retournait au Bundestag. Suite à ces votes, Skyguide a milité pour le traité, argumentant qu’en cas de non-ratification, il perdrait le contrôle de cette zone et des revenus
[109] qui pourraient en être tirés
[110]. Afin d’empêcher l’entrée en vigueur du deuxième volet de l’accord aérien, Swiss et Unique ont déposé une plainte auprès du tribunal administratif du Bade-Wurtemberg. La nouvelle réglementation interdisait les vol les week-ends et les jours fériés allemands de 20 heures à 9 heures. Par 29 contre 10, le Conseil des Etats a suivi la proposition de sa CTT en acceptant d’entrer en matière sur l’accord et en le lui renvoyant, afin d’examiner les possibilités de renégociation et les effets de l’acceptation ou du rejet de la ratification. En agissant de la sorte, les
Etats se sont donnés jusqu’en mars 2003 pour analyser la situation, mais ils ont surtout privilégié le débat plutôt qu’un conflit ouvert avec l’Allemagne. Le Conseil fédéral a quant à lui chargé Moritz Leuenberger de mener un entretien exploratoire avec l’Allemagne sur le contenu de l’accord. En effet, Berlin n’excluait plus une idée de renégociation sur un dossier qui n’avait pas avancé au Bundestag
[111].
[78] En 1993, Gros (pl, GE) avait déjà déposé un postulat visant à la levée de l’interdiction des avions Ecolight. Il a été classé deux ans plus tard par le CN, qui estimait que les émissions polluantes, le bruit et la consommation d’énergie n’étaient pas sensiblement inférieures à ceux des avions de l’époque. Voir
APS 1996, p. 199.
[79] Presse du 6.11.02; DETEC,
communiqué de presse, 5.11.02.
[81]
BO CN, 2002, p. 1945 ss.; DETEC,
communiqué de presse, 22.5.02;
LT, 23.5 et 13.11.02 (CTT-CN);
Exp., 5.12.02 (CN). Voir
APS 2000, p. 161.
[82] 26 court et moyen-courriers et 26 long-courriers.
[83]
Lib., 15.1 (BE et SO) et 11.7.02 (BL, BS et NE);
CdT, 16.1.02 (TI);
NF, 31.1.02 (VS);
LT, 1.2 (BE), 27.3 (SZ et OW), 12.4 (AG et GL), 2.5 (SG) et 19.7.02 (GR et UR);
TG, 14.3.02 (NW); presse 14.1 (ZH), 8.4 (ville de Zurich), 3.6 (LU et SH), 11.7 (VD), 13.7 (FR) et 5.10.02 (Kloten);
QJ, 11.5 (Assemblée) et 22.8.02 (JU);
Exp., 25.11.02 (ZG). Pour plus de détails voir
APS 2001, p. 146 ss.
[84] Presse du 1.2 (nom Swiss) et du 2.3 (plainte SAirGroup) ;
TG, 11.5.02 (approbation);
24h, 16.1 (octroi court et moyen-courriers), 6.3 (Tribunal Zurich), 30.3. (Task force) et 13.4.02 (abandon par SAirGroup);
LT, 2.3 (Tribunal Zurich) et 27.3.02; DETEC,
communiqué de presse, 1.3.02 (octroi long-courriers).
[85] La Confédération possédait 20,5% des actions, le canton de Zurich 10,2%, les autres cantons 12,1%, l’UBS 10,5%, le Credit Suisse Group 10% et le milliardaire Walter Haefner, fondateur et propriétaire de l’importateur automobile AMAG 6,8%. L’économie privée contrôlait environ deux tiers du capital-actions.
[87]
LT, 1.2.02 (descriptif);
24h, 16.10.02 (destinations supprimées); presse du 30.10 (gel de l'embauche) et 20.11.02 (mesure d'économies).
[88]
24h, 23.3 (American Airlines) et 30.10.02 (Canada);
LT, 27.3.02 (Oneworld);
TG, 7.9 (Qualiflyer) et 10.10.02 (Onewold); presse 7.9 (opposition British), 23.11 (Oneword) et 25.11.02 (autorités américaines).
[89] Presse du 19.3 (CCT personnel au sol);
LT, 3.5.02 (employés).
[90] Presse du 26.2 (CCT), 13.4 (refus) et 17.9.02 (nouvelle CCT). Kapers,
communiqué de presse, 21.10.02.
[91]
LT, 16.4.02 (CCT temps partiel).
[92] Presse 7.1 (frictions), 25.1 (droit exclusif), 14.3 et 15.3 (doléances) et 25.3.02;
LT, 12.3 (rupture des négociations) et 11.5.02 (Swiss).
[93]
TG, 18.7.02 et
LT, 19.7.02 (tribunal); presse du 30.7 (Swiss Pilots), 31.7 (2 scénarios), 3.8 (refus des 2 scénarios), 8.8 (consultation de la base), 16.8 (ultimatum), 16.9 (plainte) et 17.9.02 (CCT Crossair);
24h, 2.9 (vote de la base) et 21.10.02 (tribunal).
[94] BSP est l’organisme qui redistribue aux compagnies aériennes les recettes issues de la vente de billets par les agences de voyages.
[95] Voir
APS 2001, p. 146.
[96]
LT, 11.1 (blocage);
24h, 12.1 (blocage) et 24.7.02 (Swiss débouté); presse du 18.5 (jugement) et 5.6.02;
TG, 13.5.02;
Lib., 16. 11 (contre-attaque) et 21.11.02 (compétence du tribunal parisien).
[97] Presse 30.5.02;
Lib., 14.6.02.
[99]
BO CN, 2002, p. 632 ss.;
BO CE, 2002, p. 378 ss. et 386; presse du 17.1 (accord) et 5.9.02 (versements);
QJ, 27.3.02;
LT, 30.3.02;
24h, 13.5.02. Voir aussi
APS 2001, p. 148.
[100] La Bourse suisse a approuvé le retrait de l’action (
LT, 15.1.02).
[101]
LT, 22.1 (sursis concordataire), 21.6 (phase de collocation) et 7.9.02 (36,2 milliards);
TG, 8.6.02 et
Lib., 30.11.02 (sursis concordataire);
24h, 7.12.02 (prétentions); presse 27.6 (Wüthrich élu), 24.10 (liquidation concordataire) et 21.12.02 (renoncement et sursis concordataire).
[102]
BO CN, 2002, p. 146 ss. et p. 246 ss.
Lit. Le rôle…
[103] Presse du 21.9.02 (Présentation du rapport).
[104]
BO CE, 2002, p. 1297 ss;
24h, 1.9 et 23.11.02 (CF).
[105] Presse 27.2 (plainte), 11.7 (Vaud) et 13.7.02 (FR);
QJ, 26.8.02 (JU).
[106] La fiche de coordination PSIA définit les conditions d’exploitation de l’aéroport, le périmètre d’aérodrome, l’exposition au bruit, l’aire de limitation d’obstacles, la protection de la nature et du paysage, ainsi que l’équipement. Pour plus d’informations, voir DETEC,
communiqué de presse, 30.1.02.
[107]
LT, 7.2, 19.9 et 28.8.02; DETEC,
communiqué de presse, 11.3, 28.5 et 27.8.02. Voir
APS 2001, p. 149.
[108]
24h, 9.11 et 14.11.02; DETEC,
communiqué de presse, 8.11.02.
[109] L’entrée en vigueur du traité devait permettre à Skyguide de vendre ses prestations, qui jusqu’alors étaient gratuites.
[110]
BO CN, 2002, p. 1022 ss.;
TG, 5.3 (partis), 26.3 (autorités zurichoises) et 20.6.02 (menaces unilatérales);
LT, 9.3 (Economiesuisse), 19.4 (Unique), 26.4 (Aerosuisse), 5.6 (partis) et 19.7.02 (Skyguide);
24h, 28.6.02 (Bundesrat); presse du 27.4 (autorités zurichoises), 1.5 (CTT), 7.5 (Autorités zurichoises), 18.5 (Acceptation Bundestag) et 22.6.02 (Bundesrat). Voir aussi
APS
2001, p. 149 s.
[111]
BO CE, 2002, p. 948 ss. et 1283 ss.;
LT, 21.8 (CTT-report), 8.10 (action judiciaire), 1.11 (CTT-report), 6.11 (Bundestag) et 10.12.02 (renégociation);
QJ, 7.10.02 (action judiciaire);
24h, 15.10.02 (action judiciaire); presse du 10.9 (CTT-report), 7.12 (CTT-décision) et 13.12.02 (CE); DETEC,
communiqué de presse, 8.3 (CF- transmission), 28.10 (Volet aérien) et 9.12.02 (Leuenberger).
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