Année politique Suisse 2002 : Bildung, Kultur und Medien / Medien / Radio et Télévision
L’
entreprise nationale de radio et télévision est parvenue à limiter les pertes en 2002. Elles ont été ramenées à 4,4 millions de francs, contre 18,3 millions l’année précédente. La morosité économique, l’exonération du paiement de la redevance accordée aux bénéficiaire de prestations complémentaires AVS/AI ainsi que les fenêtres publicitaires des chaînes étrangères ont été invoquées pour expliquer le manque de recettes. La part de marché des radios de la SSR a progressé de 1,3 point pour se fixer à 64%. La part de marché de la TSR (Télévision suisse romande) a reculé de 0,8%, à 30,3%. Le recul s’est ainsi poursuivi pour la cinquième année et elle s’est rapprochée dangereusement de la barre psychologique des 30%. Bien que concurrencée par les chaînes commerciales françaises, TF1 en tête, elle est demeurée la plus appréciée par chaque tranche d’âge. La baisse a été principalement attribuée à la non retransmission de la Coupe du monde de football, qui a obligé les téléspectateurs romands à choisir les chaînes concurrentes étrangères, et aux succès rencontrés par les émissions françaises de télé réalité
[40]. La télévision suisse alémanique a enregistré son meilleur résultat depuis une dizaine d’années. C’est plus particulièrement les résultats de son deuxième canal, SF2, qui ont contribué à cette amélioration. La retransmission des événements sportifs comme les jeux olympiques et les compétitions européennes de football ont permis d’améliorer le résultat d’ensemble. Durant les heures de pointe, entre 18 et 23 heures, la part de marché a augmenté de 2,8 % pour se fixer à 44,1% (SF1 à 35,4%, SF2 à 8,4% et SF Info 0,3%). Le principal concurrent est resté le diffuseur allemand RTL à 7,9%. Les chaînes privées ont, pour leur part, progressé de 2,6% à 4,2%, malgré les disparitions de TV 3 et Tele 24
[41].
En début d’année, le rédacteur en chef de la télévision alémanique
Filippo Leutenegger a été démis de ses fonctions. Outre le différend personnel avec le directeur Peter Schellenberg, des désaccords insurmontables sur des questions stratégiques et d’organisation semblent être à l’origine de ce départ prématuré C’est finalement Ueli Haldimann qui, après une période de quatre mois à titre intérimaire, est devenu rédacteur en chef
[42].
La SSR a annoncé sa décision de
passer de la radiodiffusion analogique à la radiodiffusion numérique, afin de suivre l’évolution européenne. La diffusion hertzienne a été temporairement interrompue, les foyers non câblés et sans antenne satellite ne pouvaient dès lors plus regarder les chaînes des autres régions linguistiques. Bien que temporaire, cette situation a provoqué de nombreuses réactions. Selon l’Office fédéral de la Communication (Ofcom), le 80% des ménages étant câblés et 10% équipés d’une antenne satellite, 10 000 ménages au plus devaient être touchés. De plus, la réception étant encore possible dans les zones proches des frontières linguistiques, le nombre de personnes réellement affectées devait être faible. Différentes organisations de protection des consommateurs ont cependant interprété cet état de fait comme une violation de la concession dans la mesure où l’encouragement de la cohésion entre les régions linguistiques n’était plus assuré. Les premiers réseaux numériques d’émetteurs de télévision devraient, selon le DETEC, être mis en service en 2003 au Tessin
[43]. Les réactions négatives ont pris une telle ampleur que le Conseil fédéral est intervenu auprès de la SSR
[44]. Il n’a pas critiqué la décision sur le fond, mais il n’a pas manqué de souligner la mauvaise gestion de la communication et a imposé un calendrier accéléré d’installation du nouveau réseau d’émetteurs de télévision numérique
[45]. Sans interrompre les adaptations techniques, la SSR s’est déclarée prête à participer financièrement aux frais d’installation d’une antenne satellite, cela uniquement pour des cas de rigueur
[46].
La télévision alémanique
SF DRS a engagé en début d’année le plus grand exercice d’économies de son histoire. La direction a fixé un objectif de 30 millions de francs à atteindre pour le budget 2003. Renonçant à une stratégie de coupes linéaires, il a été décidé de supprimer des émissions, de renoncer à des rubriques et de limiter l’acquisition de séries étrangères. Menaçant quelques 45 places à plein temps, la direction a admis que les fluctuations naturelles ne permettraient pas d’éviter des licenciements pour motifs économiques. La direction, préoccupée par la baisse des recettes publicitaire et par les conséquences des exonérations de redevance accordées aux bénéficiaires de prestations complémentaires AVS/AI, n’a pas exclu d’autres économies dans le futur. Une demande dans ce sens a été adressée à chaque division quelques semaines plus tard. Elles ont été priées de déterminer des sources potentielles d’économies réalisables
[47].
Conscient des difficultés financières liées aux rentrées publicitaires et aux exonérations de redevance, le Conseil fédéral a accepté d’
augmenter la redevance de réception pour la radio et la télévision d’environ 4,2% dès début 2003. Les organisations de défense des consommateurs n’ont pas manqué de critiquer ce renchérissement. Alors que le passage à la diffusion numérique avait déjà provoqué une baisse de l’offre, il leur semblait en effet regrettable d’en augmenter le prix
[48].
Grâce au financement garanti par la SSR, le lancement par la RSR (Radio Suisse Romande) d’une chaîne d’information en continu a été confirmé. Baptisé
RSR-info, le projet devrait voir le jour à la fin de l’année 2003 ou au début de l’année 2004. L’autorisation du Conseil fédéral sera toutefois nécessaire dans la mesure où la concession subira des modifications
[49].
Opposés à la volonté de la SSR de maintenir la
couverture décentralisée des élections fédérales 2003, les partis radical, socialiste et démocrate-chrétien ont demandé un studio unique à Berne. La SSR avait évoqué des motifs de coût pour maintenir la structure de 1999
[50].
[40] Presse du 21.1 et du 26.3.03.
[41] Presse du 5.2 et du 7.2.03. Pour TV3 et Tele 24 voir
APS 2001, p. 255 s.
[42] Presse du 31.1 et du 7.6.02.
[43] Presse du 23.2.02 et
Rapport de gestion 2002 de l’OFCOM, Bienne 2002, p. 29.
[44] Diverses réactions :
BaZ, 14.2.02 (Pro Ticino Basilea);
CdT, 9.3.02 (Meinrado Robbiani, pdc,TI);
24h, 12.3.02 (associations de consommateurs);
BüZ, 12.3.02 (Pro Grigioni Italiano);
CdT, 2.5.02 (Conseil d’Etat tessinois);
NF, 18.6.02,
LT, 19.6.02 et
24h, 27.7.02 (interpellation du conseiller aux Etats Simon Epiney (pdc, VS) au nom des régions de montagne, diverses protestations de parlementaires auprès du DETEC, nombreuses réclamations individuelles).
[46]
BüZ, 14.3.02;
LT, 19.6.02.
[47] Presse du 9.2.02;
TA, 8.3.02.
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