Année politique Suisse 2003 : Grundlagen der Staatsordnung / Wahlen / Elections fédérales
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L’électorat des partis
L’institut GfS a livré une première analyse post-scrutin basée sur les sondages, effectués durant la campagne et directement après les élections, et sur les résultats officiels. Parmi les nouveaux électeurs, c’est l’UDC qui en a accueilli le plus (31%), devant le PS (26%), les Verts (13%), le PDC (11%) et enfin les radicaux (9%). Les démocrates du centre ont également attiré le plus grand nombre de votants ayant changé de camp, suivis par les socialistes et les Verts, qui ont nettement devancé les radicaux et démocrates-chrétiens. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que le PDC et le PRD ont perdu des électeurs avant tout au profit de l’UDC. Cette formation n’en a perdu que peu, en prenant même aux socialistes. Ces derniers ont cependant encore plus perdu au profit des écologistes. Les Verts ont, pour leur part, légèrement bénéficié d’apports démocrates-chrétiens. Concernant les critères ayant déterminé les choix partisans, de nombreuses différences ont été constatées. Si l’UDC a été choisie à la fois pour son programme et ses personnalités, le PS a séduit, en plus de ces deux motifs, pour la vision du monde qu’il représentait. Pour le PDC et le PRD, ce sont avant tout les personnes qui ont été décisives, les réponses aux préoccupations passant au second plan.
Concernant la composition de l’électorat, l’UDC a progressé de manière importante dans l’électorat catholique (+12 à 26%) et talonne le PDC (27%). Dans la population rurale, l’UDC a progressé de 9% pour convaincre quatre électeurs sur dix. Elle a clairement devancé le PDC, deuxième parti dans ces régions et qui a convaincu 20% de ces électeurs. La répartition entre les genres est inégale dans la mesure où 23% des femmes (+3 points), contre 32% des hommes (+7), ont été séduits par l’UDC. 43% (+23) des personnes sans formation professionnelle l’ont choisie et une part croissante de personnes à revenus bas et moyen (entre 3000 à 7000 francs) ont fait de même. Les gens qui touchaient entre 7000 et 9000 francs l’ont moins soutenue (-4 à 20%) et elle n’était plus qu’en quatrième position pour ceux gagnant plus de 9000 francs (-3 à 22%). Parmi les personnes au bénéfice d’une formation supérieure (université ou haute école spécialisée), l’UDC a également progressé de 5 points, mais ne s’est trouvée qu’en troisième position derrière le PS et le PRD. Le PS a convaincu de manière presque paritaire les femmes (24%) et les hommes (23%), ainsi qu’une grande partie des citadins (seulement 18% de la population rurale) et les sans confession (40%). Le PS est également la principale force parmi les personnes à haut niveau de revenu et de formation. Elle a ainsi progressé de 11 points (à 29%) parmi les personnes touchant plus de 9000 francs. Les personnes touchant moins de 3000 francs lui ont tourné les dos, lui préférant les trois autres partis, alors que celles dépassant ce montant (de 3000 à 5000 francs) en ont fait leur favorite. Le PRD a perdu de l’audience dans la plupart des catégories. Il s’est trouvé régulièrement en troisième position, exception fait des petites et moyennes agglomérations où il est parvenu à atteindre le niveau du PS (24%). Le PRD a perdu énormément d’électeurs gagnant entre 5000 et 7000 francs (-10 à 14%), mais est demeuré le parti préféré des cadres de l’économie privée. La classe moyenne alémanique s’est cependant distanciée de cette formation. Le PDC a également perdu des électeurs dans la plupart des catégories, sans toutefois que l’on assiste à un effondrement. Il est demeuré un parti populaire à base catholique, mais a souffert, d’une part, de la perte d’importance du clivage confessionnel et, d’autre part, de la concurrence de l’UDC sur ses terres. Dans la plupart des couches de la population, il a occupé la quatrième place parmi les partis gouvernementaux, exception faite des personnes sans formation professionnelle et celles à bas revenu, où il s’est trouvé en deuxième position derrière l’UDC. Elle est également la deuxième formation dans la population rurale [41].
 
[41] GfS Forschungsinstitut, Folgen der Polarisierung, Bern 2003; NZZ, 25.10.03. Voir aussi Lit. Selb.