Année politique Suisse 2005 : Wirtschaft / Landwirtschaft
Production animale
L’année sous revue a été marquée par une
nouvelle baisse du prix du lait, sous l’influence de la politique des bas prix pratiquée par les grands distributeurs tels que Coop ou Migros. Alors que des transformateurs du produit, comme les centrales d’achat laitières Emmi ou la Laiterie centrale argovienne (Aargauer Zentralmolkerei AZM), ont acheté le kilo de lait entre 74,45 (Emmi) et 75,5 centimes en moyenne aux producteurs durant l’année laitière 2003/2004, ces dernières ont décidé d’abaisser ces tarifs à partir du 1er mai. L’AZM a annoncé une baisse de 3,5 centimes par kilo et Emmi de 2,7 centimes. La Fédération des producteurs suisses de lait (PSL) s’est élevée contre cette diminution du prix du lait payé au producteur. L’idée d’un boycott, sous forme d’une grève de l’approvisionnement des transformateurs de lait, soutenue par certains paysans, a cependant été rejetée par la PSL, ainsi que par l’USP. Ces dernières ont affirmé que les paysans étaient pourtant prêts à accepter une diminution des tarifs, mais qui ne devait pas dépasser 1,5 centime par kilo. C’est dans ce contexte relativement tendu que 700 paysans ont manifesté devant le siège de la société Emmi à Lucerne. Ils revendiquaient que celle-ci revienne sur sa décision de baisse de prix, et ont réitéré leurs menaces de boycott
[19].
Le
commerce de contingents laitiers s’est accru durant l’année laitière 2004/2005, par rapport à l’année précédente. 6315 producteurs ont acheté quelque 163 millions de kilos de contingents et 8831 producteurs ont loué environ 146 millions de kilos. Les contingents acquis par achat ou location ont constitué 1,01 million de tonnes, soit un tiers de l’ensemble du contingent réparti, qui s’est élevé à 3,11 millions de tonnes. Durant l’année laitière 2004/2005, 31 673 producteurs ont commercialisé du lait. Leur nombre a diminué de 1399 (ou 4,2%) par rapport à l’année précédente
[20].
Le géant laitier lucernois Emmi et l’Aargauer Zentralmolkerei (AZM) ont décidé de créer une société commune, baptisée «
Molkerei Mittelland », au début du mois de juillet. Cette nouvelle société, qui deviendrait le numéro un laitier helvétique, serait détenue à 60% par Emmi et à 40% par l’AZM. Ce rapprochement des deux centrales laitières était cependant soumis à l’approbation de la Commission de la concurrence (Comco). Cette dernière, après avoir procédé à un examen préalable de la situation, a déclaré en fin d’année que le rachat de l’AZM par Emmi mènerait à la création ou au renforcement de position dominante sur le marché du lait, de la crème, du yoghourt et du beurre. La confirmation de ces soupçons devrait intervenir en 2006
[21].
En fin d’année, le DFE a fait savoir que 27 organisations avaient manifesté leur désir de sortir du contingentement laitier au 1er mai 2006. Le délai pour s’annoncer courait jusqu’au 31 octobre de l’année sous revue. Neuf demandes ont été déposées par des organisations de producteurs, réunissant quelque 17 000 producteurs avec une quantité de lait de 1,74 million de tonnes. Dix-huit demandes sont provenues d’organisations dites « producteur-utilisateur », composées d’environ 4700 producteurs avec 0,54 tonne de lait. Les interprofessions n’ont par contre déposé aucune demande. Ainsi, 22 400 des 33 750 producteurs avec 2,28 du total de 3,1 millions de tonnes bénéficieront de l’
exemption anticipée du contingentement laitier au 1er mai 2006, soit deux tiers des producteurs avec trois quarts de la quantité contingentaire totale. Pour le DFE, ce grand intérêt est le signe d’un développement dynamique de la structure organisationnelle dans l’économie laitière
[22].
Seuls trois cas d’ESB ont été diagnostiqués durant l’année sous revue, ce qui confirme le
net recul observé en 2004 (3 cas également, contre 21 en 2003). L’Office vétérinaire fédéral (OVF) s’est réjoui de cette évolution, preuve que les mesures prises pour lutter contre la vache folle ont porté leurs fruits. Les moutons et les chèvres ont fait, quant à eux, l’objet d’un programme de surveillance particulier entre 2004 et 2005. Sur 35 000 animaux testés de juillet 2004 à juin 2005, aucun cas d’ESB n’a été décelé. L’OVF en a conclu que la maladie n’était vraisemblablement pas présente dans cette population de petits ruminants
[23].
Malgré un faible risque de propagation de la grippe aviaire par les oiseaux migrateurs, plusieurs spécialistes ont recommandé aux éleveurs et aux vétérinaires la plus grande vigilance au mois d’août. À la même période, l’OVF a étendu à la Russie et au Kazakhstan l’interdiction d’importation de viande qui avait été émise une année et demie plus tôt pour cause de grippe aviaire en Asie. Une interdiction identique a été appliquée à l’encontre de la Roumanie et de la Turquie en octobre. Le Conseil fédéral a décidé, de son côté, d’allouer 4,8 millions de francs à la lutte contre la maladie menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Asie. Après l’Allemagne et l’Autriche, le gouvernement a imposé à son tour, à la fin octobre, le
confinement préventif des volailles, pour éviter les risques de transmission de la grippe aviaire par les oiseaux migrateurs. À la mi-décembre, le Conseil fédéral a levé définitivement la mesure de confinement des volailles. Il a également approuvé les propositions du DFI visant à prévenir une pandémie de grippe aviaire en Suisse, alors même qu’aucun cas humain n’y a encore été recensé et que la contamination d’homme à homme n’a toujours pas été scientifiquement prouvée. Il a ainsi donné son aval à l’achat de 100 000 doses de vaccin contre le virus H5N1 et confirmé une première décision au sujet des réserves du médicament antiviral Tamiflu. La Confédération disposera ainsi d’un stock suffisant pour traiter un quart de la population
[24].
[19] Presse des 6.4 (AZM) et 14.4.05 (Fédération des producteurs suisses de lait);
NZZ, 15.4.05;
Bund et
SGT, 16.4.05 (AZM); presse du 21.4.05 (manifestation Emmi, USP). Notons que le mouvement de baisse du prix du lait a également été suivi par la société Hochdorf Nutritec SA, qui transforme 10% du lait en Suisse. La société a décidé d’abaisser le prix du lait payé au producteur de 2,5 centimes par kilo à partir du 1er mai 2005 (
NZZ, 22.4.05). La société Cremo s’est alignée en décidant d’une baisse de 2,8 centimes (
Lib., 4.6.05).
[20]
Communiqué de presse de l’OFAG, 21.4.06.
[22]
Communiqué de presse du DFE, 6.12.05. Voir
APS 2004, p. 96.
[23]
Communiqué de presse de l’OVF, 20.12.05. Voir
APS 2004, p. 97.
[24] Presse du 10.8.05 (appel à la vigilance);
QJ, 13.8.05 (Russie et Kazakhstan);
communiqué de presse du DFE, 13.10.05 (Roumanie et Turquie);
communiqué de presse du DFI et du DFE, 30.9.05 (FAO); presse des 22.10 (confinement des volailles), 15.12 (levée du confinement) et 10.12.05 (vaccin).
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