Année politique Suisse 2013 : Bildung, Kultur und Medien / Bildung und Forschung
 
Ecoles obligatoires
Après une première tentative avortée en 2012, l’initiative contre « la sexualisation à l’école », dotée de 110'000 signatures, a enfin pu être déposée. A l’origine de cette initiative, des parents bâlois veulent interdire tout cours d’éducation sexuelle à l’école avant l’âge de neuf ans. Néanmoins, un cours obligatoire serait possible pour des enfants, s’il est dispensé dans le cadre du cours de biologie. Un tel cours serait destiné à la transmission de savoirs sur la reproduction et le développement des humains. Si un groupe de parents est à l’origine de cette initiative, plusieurs élus fédéraux tels que Freysinger (UDC, VS) ou encore Baettig (UDC, JU), ont rejoint le comité [5].
Isabelle Chassot a transmis le flambeau de la direction de la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) à Christoph Eymann (ldp, BS). Dans une Suisse, où les cantons gardent la main sur l’école obligatoire, ce poste est de la plus haute importance. Ainsi, le tout nouvellement intronisé a immédiatement déclaré que l’enseignement des langues nationales était pour lui une priorité [6].
top
 
print
Réformes scolaires
Une initiative parlementaire déposée par Hans-Jürg Fehr (ps, SH) a proposé une année préparatoire volontaire à l’enseignement de base obligatoire. Cet alinéa 2bis, ajouté à l’article 62 de la Constitution, propose une année préparatoire volontaire et gratuite à l’enseignement de base obligatoire. Il est possible de considérer que le développement de l’enfant dépend entre autres de l’interaction avec son environnement social. Dans cette optique, il est nécessaire de garantir un accès aux établissements, tels que crèches et ateliers de jeu, prévus avant l’école obligatoire. Néanmoins, de telles offres peuvent coûter très cher à des familles à bas ou moyens revenus. Fehr explique donc qu’une telle situation nuit à l’égalité des chances. Il ajoute que le fossé se creuse ainsi, dès l’enfance, entre enfants de milieux privilégiés et enfants d’autres milieux. Si la CSEC-CN a reconnu les arguments de l’initiative, une courte majorité (12 voix contre 11) a proposé de la refuser, considérant que cette question n’est pas à poser au niveau national, mais dans le cadre cantonal. Finalement, le Conseil national a décidé de ne pas donner suite à l’initiative par 115 voix contre 62. Cependant, il faut rappeler que la question de l’éducation et de l’accueil de la petite enfance a été au centre de l’actualité en 2013 avec les votations du 3 mars concernant l’article constitutionnel sur la famille. En effet, les arguments s’appuyant sur la nécessité d’un apprentissage social dans un souci d’intégration et de développement ou encore le risque d’inégalités des chances ont rythmé le débat [7].
L’application du Lehrplan 21 dans les cantons alémaniques, à partir du mois d’août 2013, a mis en évidence les disparités entre les différents cantons. S’il est possible de citer les grilles horaires comme exemple le plus criant, d’autres éléments de dissonance existent. De plus, l’application du Lehrplan 21 a fait couler énormément d’encre à partir de la rentrée scolaire 2013. L’enseignement des langues étrangères est un exemple de critiques parmi d’autres [8].
Le débat sur l’enseignement du français dans les écoles primaires alémaniques a repris de plus belle en 2013. En montrant du doigt un Lehrplan 21 trop chargé, de nombreux cantons alémaniques comme Lucerne, Nidwald ou encore Thurgovie ont lancé des initiatives pour qu’une seule langue étrangère soit enseignée dans les écoles primaires de leurs cantons. Néanmoins, il est important de spécifier que l’objectif de la conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) est d’introduire deux langues étrangères dès l’école primaire. De son côté, l’association faîtière des enseignantes et enseignants alémaniques (LCH) s’oppose aux initiatives cantonales. En effet, elle estime qu’il est préférable d’attendre les résultats obtenus sur plusieurs années avant de tirer des conclusions qui seraient forcément hâtives. Finalement, le syndicat des enseignants romands de l’école obligatoire (SER) a tiré sur la sonnette d’alarme. Pour lui, les cantons romands ne doivent pas être les seuls à supporter l’effort de la solidarité linguistique confédérale. La loi fédérale sur les langues nationales doit à tout prix être respectée selon le syndicat. Il est donc impossible, pour le SER, de sacrifier le français dans les écoles alémaniques [9].
Si les cantons romands ont intégré au plan d’étude romand (PER) des leçons qui mettent en avant, non seulement l’apprentissage des outils informatiques, mais aussi une réflexion sur l’outil internet dans sa globalité, cette question est restée plus délicate dans les cantons alémaniques. Dans le cadre de ces leçons dénommées « compétence médiatique », nous pouvons citer par exemple l’importance des contenus des documents partagés, de la sécurité, ou encore des risques que l’on peut rencontrer sur la toile. Outre-Sarine, même si l’on a décidé d’intégrer de telles leçons au Lehrplan 21, quelques voix se sont élevées pour indiquer que de tels cours se feraient au détriment de leçons de bases comme celles de lecture ou d’arithmétique. Ces réactions négatives ont donné du fil à retordre à Pro Juventute qui œuvre pour que de tels cours soient intégrés dans le Lehrplan 21 [10].
A la suite de la votation sur l’arrêté fédéral sur la politique familiale, l’UDC a confirmé son intention de s’attaquer au thème de l’éducation et de la formation. Des propositions comme le salaire des apprentis basé sur leurs notes, une concentration sur la lecture, l’écriture et les mathématiques au dépend des langues étrangères ou encore des enseignants obligés d’effectuer des stages dans les milieux professionnels, ont été avancées par Brunner (udc, SG) chef du parti [11].
 
[5] NZZ, 5.4.13; SoZ, 5.5.13; NZZ, 19.10.13; SGT, 5.11.13; NZZ, 5.12.13; Lib., LT, TG et NZZ, 18.12.13; voir APS 2012, p.333.
[6] BaZ, 29.5.13; LZ et TG, 29.10.13; AZ et BLZ, 28.11.13; NZZ, 12.12.13.
[7] In. Pa., 12.429; BO CN, 2013, p.385; TA, 11.4.12; voir APS 2006, p.230.
[8] SO, 23.6.13; AZ, BaZ et SGT, 29.6.13; LZ, 1.7.13; TG, 15.7.13; LZ et SGT, 17.7.13; TA, 30.7.13; BaZ, 3.8.13; NZZ, 13.8.13; LT, 15.8.13; NZZ, 2.9.13; BaZ, 3.10.13; SO, 20.10.13; AZ, 22.10.13; SO, 27.10.13; AZ, 29.10.13; SGT, 11.11.13; SZ, 21.11.13; NZZ, 22.11.13; BaZ, 7.12.13, 17.12.13 et 18.12.13; BlZ, 18.12.13.
[9] TG, 12.3.13; Bund, 13.4.13; SO, 5.5.13;TA, 13.5.13; AZ, 18.5.13; SoZ, 19.05.13; NZZ, 24.9.13; TG, 3.10.13; AZ, 11.10.13; TA, 22.11.13; LT, 2.12.13; Lib, 24.12.13 et 27.12.13.
[10] TG, 23.8.13.
[11] LM, 10.3.13; TG, 11.3.13; BZ et NZZ, 13.4.13; AZ, NZZ et TG, 17.6.13 ; cf. partie IIIa (SVP).