Année politique Suisse 1966 : Eléments du système politique
Elections
Rücktritt Bundesrat Chaudets auf Druck radikal-demokratischer Parlamentarier — Wahl des Tessiners Celio — Mandatsverluste der Freisinnigen im Kanton Bern — Erfolge der Linksparteien in der Waadt — Brechung der konservativen Mehrheit im Freiburger Grossen Rat — Neuer Stil bei Exekutivwahlen in den Städten Zürich und Bern.
Elections cantonales
En 1966, cinq cantons ont renouvelé leurs autorités législatives. Il y a eu des changements importants dans le canton de Vaud et dans celui de Fribourg, que nous examinons à la fin de ce chapitre. Dans les cantons de Zoug et dans le demi-canton du Nidwald, ces élections n'ont pas amené de modifications très sensibles: les radicaux ont perdu un peu de terrain au profit des conservateurs et des socialistes, mais sans bouleverser les rapports de forces
[1]. Le Grand Conseil du canton de Berne n'a pas non plus subi de grandes modifications: pourtant, là aussi, les radicaux n'ont pas retrouvé tous leurs adhérents, alors que le PAB et les groupements qui ne sont pas représentés à l'exécutif se renforçaient
[2]:
Ces élections, placées dans le Jura sous le signe de l'affrontement entre les groupes qui désirent ou non l'autonomie, ont été essentiellement marquées, dans les villes du canton, par une certaine désaffection à l'égard des formations gouvernementales traditionnelles. Les pertes, sensibles, du parti radical ont été mises en rapport avec le malaise ressenti au niveau fédéral par ce groupement politique, comme d'ailleurs celles survenues dans les autres cantons
[3].
Les élections au Conseil exécutif
bernois n'ont pas amené de surprise, du moment qu'elles étaient fermées: les neuf candidats présentés par les trois partis représentés jusqu'alors, quatre PAB, trois socialistes, deux radicaux, ont été élus. Il en a été de même dans le canton de Zoug. Des élections complémentaires ont eu lieu en Obwald, au Nidwald, à Glaris, Soleure, Bâle-Ville et dans les deux Appenzell; elles n'ont entraîné de combat que dans le canton de Glaris
[4] et à Bâle-Ville
[5].
Comme en 1965, la gauche a continué sa progression dans les cantons romands de Vaud et de Fribourg, alors que les radicaux marquaient le pas ou reculaient. Cette progression socialiste, et communiste dans le canton de Vaud, a pris le caractère d'une protestation contre la politique des partis au pouvoir, tant dans le canton que sur le plan fédéral: le mécontentement s'est exprimé de cette manière, alors qu'à Genève il avait suscité l'année précédente l'apparition d'un nouveau groupement.
Elections au Grand Conseil
vaudois, du 6 mars 1966
[6]: Les libéraux ont subi les pertes les plus sensibles, alors que le POP, seul groupe d'opposition de principe, recueillait les suffrages des mécontents. La majorité des sièges reste pourtant aux mains des partis bourgeois. Les élections au Conseil d'Etat, qui avaient lieu le même jour, sont restées sans résultat; le Parti libéral contestait la répartition des sièges et avait présenté deux candidats qui mirent les autres en ballottage. Il n'en présenta plus qu'un au second tour, tirant la leçon de son échec au Grand Conseil. Le Conseil d'Etat élu le 27 mars présente la même image que le précédent, à savoir trois radicaux, un paysan, un libéral, deux socialistes
[7].
Dans le canton de
Fribourg, la majorité absolue des conservateurs chrétiens-sociaux s'est effondrée, et l'événement a connu un grand retentissement. Prévisible à la suite des élections communales du printemps, et d'une élection complémentaire au Conseil d'Etat où l'alliance radicale et socialiste fit perdre un siège aux conservateurs
[8], le renversement fut rendu inévitable par l'éclatement du Parti conservateur et la formation d'un Parti indépendant chrétien-social.
Elections au Grand Conseil fribourgeois, du 4 décembre 1966
[9]: La reconstitution d'une majorité ne peut dorénavant avoir lieu au profit des conservateurs que grâce à l'appoint des groupes indépendant, réformé ou paysan. Les élections au Conseil d'Etat ont été très ouvertes, pas moins de quatorze candidats briguant un siège; au premier tour, le 4 décembre, seul le candidat PAB sortant fut élu grâce à l'appui conservateur. Au second tour, le 18 décembre, neuf candidats restant en lice, l'alliance radicale-socialiste ne parvint pas à entamer les positions conservatrices. Le gouvernement élu reste formé de quatre conservateurs, qui détiennent ainsi la majorité, un paysan et deux radicaux
[10]. Dans la campagne électorale, les considérations sur les structures cantonales et sur la politique du parti majoritaire ont primé.
Elections communales
Enfin, des élections municipales ont retenu l'attention. A
Zurich, où il s'est agi de donner un successeur au président Landolt, radical, une lutte très ouverte a mis aux prises quatre candidats. C'est celui de l'Alliance des indépendants, Sigmund Widmer, qui l'a emporté au second tour. La campagne s'est déroulée de façon insolite: elle a été axée sur les personnalités en présence plus que sur des partis ou des programmes. Ses résultats ont accentué encore l'importance de la « protestation » contre les partis traditionnels, marquant l'interdépendance des problèmes locaux et nationaux
[11]. A
Berne, l'élection du président de la ville, destiné à succéder au socialiste Eduard Freimüller, décédé, a mis aux prises un candidat de ce parti et un candidat radical soutenu par tous les autres groupes. Le socialiste Tschäppät a été élu de justesse, grâce au manque de cohésion de ses adversaires. Là aussi, la campagne s'est déroulée sur les personnalités des candidats, et sur la tenue de ceux-ci dans les réunions contradictoires
[12].
[1] Elections au Grand Conseil du canton de Zoug, le 27 novembre: 44 conservateurs (43 en 1962), 23 (26) radicaux, 10 (8) socialistes, 1 (1) indépendant, avec une participation de 70 %: cf. NZ, 552, 28.11.66; Bund, 464, 28.11.66, et Annuaire statistique de la Suisse, 1966, p. 540. - Elections au « Landrat » du Nidwald, en mai et juin: 36 conservateurs (36 en 1962), 20 (22) libéraux-radicaux, 1 (1) socialiste, 3 non-inscrits; cf. Vat., 136, 15.6.66, et Annuaire statistique de la Suisse, 1966, p. 540.
[2] Cf. Bund, 166, 29.4.66; NZZ, 2060, 9.5.66; Annuaire statistique de la Suisse, 1966, p. 540. Un radical dissident du Jura a été compté avec les autres.
[3] Cf. p. 17 s., 20; cf. NZZ, 2060, 9.5.66; NZ, 210, 9.5.66; NBZ, 108, 10.5.66; Bund, 180, 10.5.66; 181, 10.5.66.
[4] A Glaris, la Landsgemeinde a élu un conservateur pour succéder à un socialiste démissionnaire.
[5] A Bâle-Ville, où deux sièges, libéral et radical jusqu'alors, étaient vacants, les indépendants ont tenté sans succès de s'installer au gouvernement, après une campagne très vive. Le libéral Lukas Burckhardt et le radical A. Schneider ont été élus le 13 mars, par 17.059 et 16.449 voix, alors que l'indépendant Allgöwer obtenait 12.361 suffrages. Cf. BN, 109, 14.3.66.
[6] Cf. GdL, 55, 7.3.66; 56, 8.3.66; TdL, 67, 8.3.66; NZZ, 1006, 8.3.66; NZ, 109, 8.3.66; Annuaire statistique de la Suisse, 1966, p. 540.
[7] Pour éviter l'élection tacite, le POP et la Société d'étudiants de Belles-Lettres ont présenté trois candidats au second tour. Alors que le candidat POP recueillait 22.484 voix, les deux étudiants ont réuni 5981 et 6980 suffrages, ce qui illustre le mouvement de protestation auquel nous faisons allusion. Les sept élus ont recueilli entre 46.644 et 33.403 suffrages. Cf. GdL, 73, 28.3.66; TdL, 87, 28.3.66; NZ, 146, 29.3.66; Bund, 126, 30.3.66.
[8] Election complémentaire du 27 février (1er tour) et du 13 mars (2. tour), où le candidat radical fut élu. Cf. Lib., 48, 28.2.66; TdG, 61, 14.3.66.
[9] Cf. Lib., 284, 7.12.66; Annuaire statistique de la Suisse, 1966, p. 540.
[10] Cf. Lib., 282, 5.12.66; 293, 19.12.66. La participation a été fort élevée, 77,5 % et 77,9 %. Au premier tour, les candidats les plus faibles ont été ceux du Parti indépendant chrétien-social; au second, les quatre conservateurs ont été élus, alors que le candidat socialiste et un candidat radical sur trois étaient battus. L'alliance entre radicaux et socialistes a bien fonctionné, mais n'a pas eu raison de la cohésion retrouvée des autres groupes.
[11] Elections du 6 mars et du 24 avril. Cf. Tages Anzeiger, 7.3.66; NZZ, 1024, 9.3.66; 1809, 25.4.66. Au législatif communal, les radicaux et les socialistes ont reculé, au profit essentiellement des indépendants.
[12] Cf. Bund, 403, 17.10.66; NZZ, 4423, 17.10.66; GdL, 242, 17.10.66.
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