Année politique Suisse 1967 : Eléments du système politique / Elections / Elections cantonales
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Zurich
C'est dans le canton de Zurich que se produisirent les premiers bouleversements, le 9 avril. L'Alliance des Indépendants vit sa députation s'accroître de 72 %. Ses gains ne furent pas limités à la ville, mais s'étendirent à la plus grande partie du canton [34]. Tous les partis représentés au Conseil fédéral, avec les démocrates, en firent les frais [35]. Les perdants comme les vainqueurs attribuèrent ce résultat moins à la politique cantonale qu'à la croissance du ressentiment à l'égard de la politique fédérale [36]. Le Parti socialiste semble ne pas être parvenu à conserver son image de représentant des intérêts des petits consommateurs [37]. Il était par-dessus le marché affaibli par des dissensions internes [38]. Il échoua aussi dans sa tentative de reconquérir le second siège qu'il avait perdu peu auparavant au Conseil exécutif [39]. Les Indépendants réussirent en contrepartie à se créer une image enviable dans certains milieux: leur politique était concrète, ils étaient mobiles et tenaient compte des exigences de notre temps, écrivirent en substance les « Junge Löwen » de Winterthour [40]. On a été frappé de l'aisance avec laquelle ils étaient parvenus à gagner une élection cantonale en utilisant un registre de slogans fédéraux [41]. Il est difficile de déterminer si le choix porté sur des sujets de politique fédérale était chi à une présomption de plus grande efficacité ou à l'approche des élections fédérales; mais cela a payé. Quant à ceux qui croyaient pouvoir ramener les succès des Indépendants aux conditions politiques particulières à Zurich, ils furent d'autant plus surpris par les résultats des élections du canton de Lucerne, le 7 mai [42]. Les Indépendants eux-mêmes n'avaient pas osé espérer un tel succès. Ils avaient présenté 12 candidats qui furent tous élus, et se trouvèrent après les élections sans remplaçants à disposition. Au Conseil exécutif cependant, les rapports restèrent les mêmes [43]. Là aussi, des problèmes fédéraux avaient été mis en évidence dans la campagne électorale [44].
 
[34] 13 mandats furent acquis aux Indépendants dans 13 circonscriptions différentes.
[35] Cf. NZZ, 1530, 1531, 1539, 10.4.67; TdG, 83, 10.4.67; 84, 11.4.67. Le Vaterland avait pronostiqué peu de jours auparavant un scrutin sans surprises (76, 3.4.67).
[36] Cf. NZZ, 1531, 10.4.67; JdG, 83, 11.4.67; Tat, 84, 11.4.67. Le mécontentement fut alimenté, peu avant les élections, par les doutes émis sur la liberté des programmes de la radio et de la télévision, ainsi que par l'annonce de hausses sur les prix (lait, beurre, benzine). Voir aussi plus bas, p. 128.
[37] Cf. JdG, 85, 13.4.67.
[38] Conflit entre les « révisionnistes » appuyant U. Götsch et les « anti-révisionnistes » groupés autour de Bieber qui éclata au sujet de la liste des candidats au Conseil exécutif. Signalons en outre une division du parti à Winterthour, où une liste dissidente fut présentée avec Albert Schmocker. Cf. Tw, 6, 9.1.67; NZZ, 94, 9.1.67; 396, 30.1.67; 1360, 31.3.67; Vat., 76, 3.4.67.
[39] Le parti évangélique ne parvint pas non plus à s'assurer ce siège disputé, malgré la candidature du conseiller national Sauser. Les deux nouveaux élus furent Arthur Bachmann (soc.) et Albert Mossdorf (rad.). Cf. NZZ, 1530, 10.4.67.
[40] Lb, 85, 14.4.67.
[41] NZZ, 1553, 11.4.67; Bund, 118, 11.4.67; JdG, 83, 11.4.67.
[42] BN, 184, 3.5.67.
[43] JdG, 105, 8.5.67; Vat., 105, 8.5.67; NZZ, 2027, 9.5.67.
[44] Vat., 110, 13.5.67; Tat, 110, 11.5.67.